Afghanistan: les autorités décrètent un couvre-feu sur l'essentiel du territoire 

Ci-dessus, un combattant de la milice afghane surveille de nuit un avant-poste contre les insurgés talibans dans le district de Charkint, dans la province de Balkh. (AFP)
Ci-dessus, un combattant de la milice afghane surveille de nuit un avant-poste contre les insurgés talibans dans le district de Charkint, dans la province de Balkh. (AFP)
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Publié le Samedi 24 juillet 2021

Afghanistan: les autorités décrètent un couvre-feu sur l'essentiel du territoire 

  • «Afin d'endiguer la violence et de limiter les mouvements des talibans, un couvre-feu est décrété dans 31 provinces du pays» qui en compte 34
  • Le porte-parole adjoint du ministère, Ahmad Zia Zia, a précisé dans un message aux journalistes que le couvre-feu serait en vigueur de 22H00 à 04H00

KABOUL: Les autorités afghanes, confrontées depuis deux mois à une vaste offensive des talibans qu'elles peinent à enrayer, ont décrété samedi un couvre-feu nocturne sur l'ensemble du territoire à l'exception de trois provinces, dont celle de Kaboul.


"Afin d'endiguer la violence et de limiter les mouvements des talibans, un couvre-feu est décrété dans 31 provinces du pays" qui en compte 34, indique le ministère afghan de l'Intérieur dans un communiqué, précisant que seules les provinces de Kaboul, du Panchir (nord-est) et de Nangarhar (est) ne sont pas concernées.


Le porte-parole adjoint du ministère, Ahmad Zia Zia, a précisé dans un message aux journalistes que le couvre-feu serait en vigueur de 22H00 à 04H00. Il n'a pas indiqué durant combien de temps la mesure serait appliquée.


Les insurgés ont déclenché début mai une offensive tous azimuts contre les forces afghanes, à la faveur du lancement du retrait définitif des forces internationales d'Afghanistan, désormais pratiquement terminé, l'essentiel des 9.500 soldats étrangers ayant quitté le pays ces deux derniers mois.


Les talibans se sont emparés de vastes portions rurales du pays et de plusieurs postes-frontières importants avec l'Iran, le Turkménistan, le Tadjikistan et le Pakistan.


Les forces afghanes n'ont offert jusqu'ici qu'une faible résistance et ne contrôlent essentiellement plus que les principaux grands axes et les capitales provinciales.

Multiples opérations militaires 
Après trois jours de relative accalmie sur le terrain, à l'occasion de l'Aïd el Adha, la fête musulmane du Sacrifice, les autorités afghanes ont cependant annoncé le lancement de multiples opérations militaires depuis vendredi, dans une quinzaine de provinces, pour tenter de reprendre du terrain aux talibans.


Un correspondant de l'AFP a signalé samedi que des opérations de l'armée étaient en cours dans la province septentrionale de Kunduz pour tenter de reprendre des zones tombées aux mains des insurgés.


Le ministère de la Défense a notamment annoncé vendredi que l'armée avait repris un important district de la province occidentale d'Hérat, frontalière de l'Iran.


Les Etats-Unis, dont le retrait des troupes est désormais achevé à 95%, selon le chef d'état-major de l'armée américaine, ont confirmé de leur côté avoir fourni un soutien aérien à l'armée afghane, qui en a cruellement manqué récemment.


"Nous continuons à mener des frappes pour soutenir les forces afghanes", a ajouté le porte-parole du ministère américain de la Défense, John Kirby, refusant de préciser où et quand ces frappes avaient été menées.


Les talibans ont de leur côté qualifié d'"attaques barbares" ces frappes américaines et dénoncé le ton martial du président Ashraf Ghani annonçant d'importantes opérations des forces spéciales afghanes ces six prochains mois.


"Au cours de cette période de six mois, la responsabilité de toute évolution militaire incombera aux dirigeants du gouvernement de Kaboul. Les combattants (talibans) défendront âprement leurs territoires et ne resteront pas en posture défensive si l'ennemi insiste pour faire la guerre", a averti Zabihullah Mujahid, un porte-parole des talibans.


Ce porte-parole a fermement nié les accusations du gouvernement qui a ces derniers jours fait état d'atrocités commises contre les civils par les talibans dans le district de Spin Boldak, frontalier du Pakistan, dont il se sont emparés le 14 juillet.


"Nous démentons fermement une telle propagande. Après la prise du district de Spin Boldak par les combattants (talibans), il n'a été fait de mal à personne, personne n'a été maltraité", a-t-il affirmé.


Depuis que Washington a annoncé en 2020 le futur départ définitif des troupes étrangères d'Afghanistan, les talibans tentent d'afficher une image plus moderne et modérée, notamment vis-à-vis de l'étranger, et assurent être partisans d'un "accord politique" pour mettre fin au conflit.


Lancés en septembre à Doha, les pourparlers interafghans sont cependant au point mort depuis. Un cycle de discussions, à nouveau stérile, s'est achevé le 18 juillet.


Le gouvernement afghan et les talibans s'accusent mutuellement d'être responsables de l'échec des négociations et de ne pas vouloir la paix.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.