BAGDAD: L'Irak va fournir un million de tonnes de fioul pour faire fonctionner les centrales électriques au Liban en échange de la fourniture de "biens et services" médicaux, selon un accord signé samedi à Bagdad entre ministres des deux pays.
Les deux pays sont pourtant tous deux plongés dans une crise énergétique gravissime, et les pénuries d'électricité entravent le fonctionnement de leurs services hospitaliers.
L'accord a été signé par le ministre irakien des Finances, Ali Allawi, et le ministre libanais de l'Energie, Raymond Ghajar.
Il s'agit d'"un mécanisme un peu compliqué", a expliqué M. Ghajar lors d’une conférence de presse organisée à son retour samedi à l’aéroport de Beyrouth. L'accord s’étalera sur un an et doit permettre "l’achat d’un million de tonnes de fioul de l’Etat irakien pour le compte de l’Electricité du Liban" (EDL).
Le fioul irakien n’est pas directement utilisable dans les centrales électriques libanaises. Beyrouth continuera donc d’acheter auprès d’autres fournisseurs un autre type de carburant compatible, qui obtiendront en échange le fioul irakien, a expliqué le ministre.
L’accord passé avec l’Irak permettra de couvrir un tiers des besoins en carburant d'EDL, a assuré le ministre, espérant que la compagnie pourra fournir en période estivale "neuf ou dix heures d’électricité maximum (quotidiennes), sur quatre mois".
En échange, le Liban fournira "services et assistance à l'Irak dans le domaine hospitalier", a-t-il précisé.
Les livraisons de carburant sont cruciales pour le Liban, où les centrales électriques sont quasi à l’arrêt et où les délestages quotidiens atteignent 22 heures par jour.
Le petit pays, en plein effondrement, connaît la pire crise de son histoire, marquée par une flambée vertigineuse des prix, une dégringolade historique de la monnaie nationale, une paupérisation inédite de la population et de graves pénuries.
De son côté, l'Irak, deuxième pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), est également confronté à une crise énergétique aigüe, et connaît des coupures d'électricité incessantes.
Son système de santé, particulièrement les hôpitaux, est en pleine déliquescence, rongé par des décennies de conflits, de corruption et de négligences.
Pour sa part, le Liban a longtemps été considéré comme "l'hôpital du monde arabe", pour ses services hospitaliers de pointe dans le privé et ses médecins formés en Europe ou aux Etats-Unis. Mais avec la profonde crise que traverse le pays, le secteur de la santé s'est dégradé et des centaines de médecins ont quitté le pays.