Liban/virus: les hôpitaux démunis en cas de nouvelle vague, avertit un médecin

Un médecin aide un patient pendant que d'autres attendent dans un couloir de l'hôpital universitaire Rafic Hariri (RHUH) à Beyrouth, la capitale du Liban, le 23 juillet 2021. (File/AFP)
Un médecin aide un patient pendant que d'autres attendent dans un couloir de l'hôpital universitaire Rafic Hariri (RHUH) à Beyrouth, la capitale du Liban, le 23 juillet 2021. (File/AFP)
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Publié le Samedi 24 juillet 2021

Liban/virus: les hôpitaux démunis en cas de nouvelle vague, avertit un médecin

  • L'effondrement économique et les pénuries d'électricité au Liban rendent les hôpitaux très vulnérables et moins équipés pour faire face à une éventuelle nouvelle vague de l'épidémie de Covid-19, avertit le directeur du plus grand hôpital public du pays
  • Outre l'émigration de membres du personnel soignant et les pénuries de médicaments, les hôpitaux font face à des coupures de courant frôlant parfois les 22 heures par jour ainsi qu'à une raréfaction du mazout

BEYROUTH : L'effondrement économique et les pénuries d'électricité au Liban rendent les hôpitaux très vulnérables et moins équipés pour faire face à une éventuelle nouvelle vague de l'épidémie de Covid-19, avertit le directeur du plus grand hôpital public du pays.

Outre l'émigration de membres du personnel soignant et les pénuries de médicaments, les hôpitaux font face à des coupures de courant frôlant parfois les 22 heures par jour ainsi qu'à une raréfaction du mazout, indispensable au fonctionnement des générateurs privés d'électricité qui prennent le relais quand la compagnie nationale déleste.

"Tous les hôpitaux (...) sont désormais moins préparés qu'ils ne l'étaient au moment de la vague survenue au début de l'année", déplore auprès de l'AFP Firass Abiad, directeur de l'hôpital universitaire Rafic Hariri, en première ligne de la lutte contre le Covid-19. 

"Des membres du personnel médical et infirmier sont partis, des médicaments qui étaient autrefois disponibles sont épuisés" et l'absence de courant met en péril le fonctionnement des hôpitaux et la vie des patients, poursuit le médecin, devenu une référence pour le grand public au Liban grâce à sa gestion de la crise au sein de son établissement et aux conseils qu'il prodigue sur les réseaux sociaux.

"Nous n'avons que deux à trois heures d'électricité (par jour), le reste du temps, c'est aux générateurs" d'alimenter l'établissement et "nous portons l'énorme fardeau de devoir constamment chercher du mazout" pour les alimenter, explique-t-il.

Le pays fait face à des pénuries de mazout et les prix ont quasiment doublé en un peu plus d'un mois tandis que la livre libanaise poursuite sa dégringolade. A l'hôpital Rafic Hariri, il n'est pas rare que certains médicaments viennent à manquer dans les stocks. "Certains jours, nous sommes obligés de demander aux proches des patients d'aller chercher un médicament dans un autre hôpital ou dans une pharmacie", raconte Firass Abiad. 

Alors que la situation des hôpitaux ne cesse de se dégrader, les cas de coronavirus grimpent de nouveau, sur fond d'un relâchement général et d'un afflux de Libanais de la diaspora. Jeudi, 98 personnes ont été testées positives après avoir atterri à l'aéroport de Beyrouth, soit près de 20% des cas officiellement recensés dans la journée.

"Si cette augmentation (...) conduit à un pic comme celui que nous avons vu en début d'année, ce serait catastrophique", met en garde Firass Abiad. Le pays de plus de six millions d'habitants a enregistré plus de 550.000 cas, dont 7.890 décès.   


Au Liban, des habitants découvrent les dégâts d'une frappe israélienne sur leur village

De la fumée s'échappe des bombardements militaires israéliens qui ont balayé les champs près du village de Shebaa, près de la frontière sud du Liban avec Israël, le 14 juin 2024, au milieu d'affrontements transfrontaliers en cours entre les troupes israéliennes et les combattants du Hezbollah. (Photo de RABIH DAHER / AFP)
De la fumée s'échappe des bombardements militaires israéliens qui ont balayé les champs près du village de Shebaa, près de la frontière sud du Liban avec Israël, le 14 juin 2024, au milieu d'affrontements transfrontaliers en cours entre les troupes israéliennes et les combattants du Hezbollah. (Photo de RABIH DAHER / AFP)
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  • Un bâtiment de trois étages tout proche, visé dans la nuit de jeudi à vendredi par une frappe attribuée à Israël, a été entièrement détruit
  • Le vice-président de la municipalité du village, Hassan Chour, affirme à l'AFP que la frappe a provoqué la mort de deux femmes et des dégâts dans un immeuble voisin

JENNATA: A Jennata, un village du sud du Liban jusque-là épargné par les affrontements transfrontaliers quotidiens entre Israël et le Hezbollah, les habitants découvrent vendredi les dégâts causés par une frappe nocturne israélienne qui a fait deux morts et plusieurs blessés civils.

Khadija Husseini a trouvé la devanture de sa boutique pulvérisée. "Il y a des éclats de verre partout", dit-elle en retirant les débris des robes sur les mannequins.

Un bâtiment de trois étages tout proche, visé dans la nuit de jeudi à vendredi par une frappe attribuée à Israël, a été entièrement détruit, a constaté un correspondant de l'AFP.

"On était assis jeudi soir sur le balcon, quand un obus est passé au-dessus de nos têtes (...) tout a tremblé autour de nous", raconte Mme Husseini.

De la fumée s'élevait toujours vendredi matin du bâtiment, qui était inhabité et dans lequel se trouvait un entrepôt de bois selon des habitants.

A 200 mètres à la ronde, des appartements dans un immeuble résidentiel voisin, des boutiques et des voitures ont été endommagés.

Le vice-président de la municipalité du village, Hassan Chour, affirme à l'AFP que la frappe a provoqué la mort de deux femmes et des dégâts dans un immeuble voisin.

Selon des secouristes locaux, neuf civils, dont trois enfants au moins, ont été blessés.

Israël mène régulièrement des frappes ciblées contre des responsables du Hezbollah pro-iranien, mais il n'a pas été possible de savoir si l'un d'eux était visé par ce raid.

Mardi soir, un haut responsable militaire de la formation libanaise, Taleb Sami Abdallah, a été tué avec trois autres combattants du Hezbollah dans une frappe sur une maison dans le village tout proche de Jouaiyya.

«Nous resterons»

La puissante formation islamiste a répliqué à cette frappe en lançant les plus importantes attaques simultanées contre des positions militaires israéliennes de l'autre côté de la frontière en huit mois.

Mercredi, le chef du comité exécutif du Hezbollah, Hachem Safieddine, a prévenu que son mouvement allait "intensifier (ses) opérations" à la suite de cette frappe ciblée.

Le Hezbollah affirme que ses attaques contre Israël sont lancées en soutien au Hamas palestinien en guerre contre l'armée israélienne dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre.

Plus de huit mois de violences transfrontalières ont fait au moins 470 morts au Liban, dont environ 91 civils et plus de 307 combattants du Hezbollah, selon un décompte de l'AFP basé sur les données du mouvement et des sources officielles libanaises.

Côté israélien, au moins 15 soldats et 11 civils ont été tués, selon les autorités.

Jannata est située à 21 km à vol d'oiseau de la frontière, et les bombardements ne l'avaient pas encore rattrapé.

"Les dégâts matériels ne nous importent pas (...) et les raids contre les civils ne nous font pas peur", dit Houda Chour, qui retire les débris de verre des vêtements d'enfants dans son magasin.

"Nous n'avons pas l'intention de partir, nous resterons sur notre terre", assure-t-elle avec détermination.


L'ouverture de la route de Taïz par les Houthis suscite l’espoir de la fin des blocages

La circulation est ralentie sur une route de montagne reliant Taïz au port d'Aden, en 2022. (AFP)
La circulation est ralentie sur une route de montagne reliant Taïz au port d'Aden, en 2022. (AFP)
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  • Un chauffeur de bus compare l'ouverture de la route Al-Houban à la chute du mur de Berlin
  • Les responsables militaires du gouvernement yéménite ont exhorté les Houthis à déverrouiller les sept entrées de la ville qui restent fermées

AL-MUKALLA: La ville de Taïz, assiégée au Yémen, a été envahie par la foule jeudi lorsque des habitants sont entrés dans la ville depuis les zones contrôlées par les Houthis, pour la première fois depuis des années.

À la surprise générale, les Houthis ont ouvert une route importante, suscitant l’espoir de mettre fin au blocus de la principale ville du Yémen par la milice après presque une décennie.

Des centaines de Yéménites ont célébré l'arrivée de la première voiture en provenance d'Al-Houban à Taïz, et se sont massés du côté gouvernemental de la ville, brandissant le drapeau national et entonnant des chants patriotiques.

Abdel Karim Chaiban, chef de la délégation gouvernementale aux pourparlers avec les Houthis, a déclaré à Arab News que l'ouverture de la route urbaine Al-Houban-Taïz soulagerait plus de neuf ans de souffrance pour les habitants. Cette initiative permettrait de relier la ville à Taïz, Ibb, Sanaa et à d'autres centres yéménites, facilitant ainsi le transport de la nourriture et des fournitures tout en réduisant les frais de déplacement.

«Aujourd'hui, nous sommes soulagés de voir que nos familles, nos mères, nos sœurs et nos frères ont pu arriver à Taïz et en repartir après l'ouverture de cette route, permettant enfin aux familles de se réunir après des années de séparation», déclare M. Chaiban. Il exhorte également les Houthis à ne pas harceler les personnes traversant leur zone, à ouvrir les sorties restantes de la ville et à lever complètement leur siège.

La milice des Houthis a assiégé la ville de Taïz au début de l’année 2015 après que leurs forces ont échoué à en prendre le contrôle en raison de la forte opposition des troupes gouvernementales yéménites et des combattants de la résistance alliée.

Le groupe a barricadé les principales sorties de la ville, déployé des tireurs embusqués et posé des mines terrestres pour empêcher les civils de quitter ou d'entrer dans la ville. Ce blocus a contraint plus de deux millions de civils à emprunter des pistes en terre dangereuses pour quitter Taïz ou y entrer.

Les organisations locales et internationales de secours ainsi que les défenseurs des droits critiquent depuis longtemps les Houthis pour avoir bloqué l'acheminement de fournitures humanitaires essentielles vers la ville assiégée, aggravant ainsi la famine parmi les habitants.

En plus de la route Al-Houban, les Houthis ont rouvert une autre voie reliant Marib à Sanaa via Al-Bayda et ils se sont engagés à envisager la levée des barrages sur d'autres routes à accès limité. En réponse à cette proposition, le gouvernement yéménite de Taïz a envoyé des bulldozers pour dégager les arbres, les dunes et les barrières, tandis que des démineurs ont désamorcé les mines terrestres.

Abou Mohammed, un chauffeur de bus de Taïz, compare l'ouverture de la route à la chute du mur de Berlin. Il ajoute qu'il peut désormais rendre visite à sa mère et à d'autres membres de sa famille à la campagne en une heure seulement, contre sept auparavant lorsque la route était fermée.

«C'est un événement très important. Cette année, l'Aïd (Al-Adha) sera très joyeuse, car j'emmène ma famille qui est en ville voir ma mère à la campagne», précise-t-il avec joie à Arab News.

Des Yéménites de Taïz vivant à l'étranger, dont des politiciens, des journalistes, des hommes d'affaires et des activistes, ont exprimé la même joie.

«Grâce aux efforts acharnés et au sérieux de toutes les parties prenantes, le sourire est revenu aujourd'hui pour illuminer les visages des habitants de Taïz, avec la réouverture de la principale artère», écrit Chawki Ahmed Hayel Saïd, un éminent homme d'affaires de Taïz, sur X.

Parallèlement, les responsables militaires du gouvernement yéménite ont exhorté les Houthis à déverrouiller les sept entrées de la ville qui restent fermées et à permettre aux gros véhicules transportant de la nourriture et d'autres fournitures d’accéder à la ville par l'itinéraire nouvellement ouvert.

«Il s'agit d'une levée partielle du siège de Taïz, car la milice n'autorise que les voitures légères et les piétons à entrer ou à sortir de Taïz par cette route, et elle n'a pas encore permis aux camions ou aux cargaisons alimentaires d'entrer dans la ville», explique Abdel Basit al-Baher, un responsable militaire yéménite à Taïz, à Arab News.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Un marin blessé dans une attaque houthie contre un navire marchand

Depuis novembre, les Houthis prennent pour cibles des vaisseaux dans le golfe d'Aden et en mer Rouge en signe de solidarité, disent-ils, avec les Palestiniens à Gaza. Ces attaques perturbent fortement le commerce maritime mais les victimes sont rares. (AFP).
Depuis novembre, les Houthis prennent pour cibles des vaisseaux dans le golfe d'Aden et en mer Rouge en signe de solidarité, disent-ils, avec les Palestiniens à Gaza. Ces attaques perturbent fortement le commerce maritime mais les victimes sont rares. (AFP).
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  • Depuis novembre, les Houthis prennent pour cibles des vaisseaux dans le golfe d'Aden et en mer Rouge en signe de solidarité, disent-ils, avec les Palestiniens à Gaza
  • A la suite des tirs de missiles, le navire marchand Verbena battant pavillon des Palaos a signalé "des dégâts et des incendies à bord" et "un marin a été grièvement blessé"

DUBAI: Un marin a été grièvement blessé jeudi dans deux tirs de missiles menés par les rebelles yéménites houthis soutenus par l'Iran dans le golfe d'Aden, a annoncé l'armée américaine.

Depuis novembre, les Houthis prennent pour cibles des vaisseaux dans le golfe d'Aden et en mer Rouge en signe de solidarité, disent-ils, avec les Palestiniens à Gaza. Ces attaques perturbent fortement le commerce maritime mais les victimes sont rares.

A la suite des tirs de missiles, le navire marchand Verbena battant pavillon des Palaos a signalé "des dégâts et des incendies à bord" et "un marin a été grièvement blessé", selon un communiqué du Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom).

Le blessé a été évacué par les forces américaines sur un autre bateau pour y recevoir des soins, a ajouté le Centcom. "Ce comportement irréfléchi des Houthis, soutenus par l'Iran, menace la stabilité régionale et met en danger la vie des marins de la mer Rouge et du golfe d'Aden", ajoute le texte.

Les Houthis ont affirmé jeudi avoir attaqué trois navires au cours des dernières 24 heures, y compris le Verbena, "en représailles contre les crimes commis contre notre peuple dans la bande de Gaza et en riposte à l'agression américano-britannique contre notre pays".

L'agence de sécurité maritime britannique UKMTO a également signalé une explosion n'ayant fait ni victimes ni dégâts, à proximité d'un autre navire marchand en mer Rouge, à environ 80 milles nautiques (148 kilomètres) au nord-ouest de Hodeida, ville yéménite tenue par les rebelles houthis, qui contrôlent une bonne partie du Yémen.

Le Verbena, de "propriété ukrainienne et exploité par la Pologne", a été pris pour cible pour la "deuxième fois en 24 heures par un missile balistique anti-navire lancé depuis la zone contrôlée par les Houthis du Yémen dans le golfe d'Aden", a relevé le Centcom.

Dans une mise à jour, l'armée américaine a confirmé avoir détruit au cours des 24 dernières heures un radar dans les territoires sous contrôle des Houthis et un drone lancé par les rebelles yéménites

Depuis novembre, ces rebelles ont effectué plusieurs dizaines de frappes de drones et de missiles contre des navires en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, perturbant le commerce maritime mondial dans cette zone stratégique.

En réaction aux attaques des Houthis, les Etats-Unis ont mis en place en décembre une force multinationale pour protéger la navigation en mer Rouge et procèdent, avec l'aide du Royaume-Uni, à des frappes au Yémen contre les rebelles.