Liban: Washington ne s’oppose pas à l’initiative française mais ne l’adoptera pas

Macron a considéré le projet comme une feuille de route pour le prochain conseil des ministres (Photo, AP)
Macron a considéré le projet comme une feuille de route pour le prochain conseil des ministres (Photo, AP)
Short Url
Publié le Vendredi 04 septembre 2020

Liban: Washington ne s’oppose pas à l’initiative française mais ne l’adoptera pas

  • «L'initiative française échouera probablement si la France continue de parier sur le Hezbollah en couvrant ses armes », selon le secrétaire adjoint américain aux affaires du Proche-Orient David Schenker
  • La décision de Macron pourrait échouer s'il continue de parier sur le Hezbollah et de couvrir ses armes, a déclaré Schenker

BEYROUTH: Lors du deuxième jour de sa visite au Liban; dernière étape de sa tournée au Moyen-Orient, Le secrétaire adjoint américain aux affaires du Proche-Orient, David Schenker, a rencontré des activistes de la société civile.

Un activiste qui était présent à un déjeuner organisé dans l'une des maisons des militants en présence de Schenker a rapporté à Arab News des propos tenus par le responsable américain qui a déclaré que «les États-Unis ne s'opposeront pas à l'initiative française, qui échouera probablement si la France continue de parier sur le Hezbollah en couvrant ses armes ».

Selon le militant, Schenker a également affirmé que « les choses ne fonctionnent pas de cette façon », et que Washington « ne voit pas le Hezbollah comme une organisation politique légitime, mais comme une organisation terroriste », car selon lui « une organisation politique n'a certainement pas de milice ».

« Les Français mènent une initiative sans prendre en compte la perspective américaine, alors laissez-les essayer. Ils ont deux mois avant les résultats qui définiront la vision américaine. Cela va énormément dépendre élections américaines prochaines», a insisté Schenker selon l’activiste qui a confirmé, sous couvert de l’anonymat, que Schenker a écouté les opinions des militants concernant l’initiative française, et concernant leur demande de tenir des élections législatives anticipées ou de s’en tenir à la date prédéfinie sans causer de retard.

Selon lui, Schenker, qui « raisonne dans une perspective d’élections présidentielles américaines », a déclaré que « les sanctions envisagées par le côté américain contre les alliés du Hezbollah n’ont pas encore atteint un stade avancé».

Universitaires et économistes

Selon des sources d'Arab News, Schenker a également rencontré des universitaires, des économistes, des banquiers, des représentants de la Banque mondiale au Liban et des députés démissionnaires. Il a également rencontré le commandant en chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun, des responsables de la FINUL et le coordonnateur spécial des Nations Unies pour le Liban, Jan Kubis. Il a visité les centres de l'USAID qui fournissent actuellement des aides aux personnes touchées par l'explosion de Beyrouth.

La directrice pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord de l'Institut de gouvernance des ressources naturelles (NRGI) Laury Haytayan, qui a pris part à la réunion entre Schenker et des représentants de la société civile, a déclaré que la réunion visait à « apprendre à se connaître et partager nos points de vue sur ce qui va se passer ainsi que sur les efforts des groupes issus du soulèvement libanais qui a eu lieu depuis octobre 2019. »

S'adressant au quotidien Annahar, Schenker avait affirmé que « le Hezbollah ne s'intéresse pas aux réformes, mais a profité de la corruption. » Il a déclaré que ses rencontres avec des militants de la société civile cherchaient à vérifier « leur vision des réformes et à amener le gouvernement à s'engager en faveur des réformes, de la transparence et de la lutte contre la corruption ».

« Les États-Unis restent le principal donateur du Liban et nous travaillons actuellement sur un vaste programme d’assistance pour aider les Libanais à travers les ONG et le Programme alimentaire    mondial », a-t-il ajouté.

Éviter les responsables politiques

Lors de sa visite au Liban, Schenker a évité de rencontrer des responsables libanais, car il considérait    qu’« un gouvernement est en train de se former au Liban, et que ceci est une affaire interne ». Cependant, il a estimé que « le prochain gouvernement ne devrait pas être comme les deux gouvernements précédents et devrait plutôt se concentrer sur la mise en œuvre de réformes, la lutte contre la corruption et l'engagement envers la responsabilité et l'impartialité. »

Mustapha Adib, le nouveau Premier ministre libanais, a informé le président libanais Michel Aoun des résultats des consultations parlementaires qu’il a menées mercredi. Après la réunion, Adib a déclaré qu'il cherchait à « former une équipe d'action cohérente et un gouvernement de technocrates pour commencer immédiatement à mettre en œuvre les réformes ».

Adib a révélé qu'il préfère former un gouvernement de 14 ministres, tandis qu'Aoun fait pression pour un gouvernement de 24 ministres.

Feuille de route de l’ambassade de France

L'ambassade de France a élaboré un projet de programme pour le prochain gouvernement que le président Macron a remis aux représentants des partis libanais qu'il avait rencontrés mardi à la résidence des Pins. Macron a considéré le projet comme une feuille de route pour le conseil des ministres.

Ce programme « donne la priorité à la lutte contre la pandémie de coronavirus et à la situation humanitaire, ainsi que de s’occuper des répercussions de l'explosion de Beyrouth, de sa reconstruction et de faciliter l'accès aux aides fournies par la communauté internationale d’une manière rapide, transparente et efficace. »

Concernant les réformes, le programme exige « la reprise rapide des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) et l'approbation rapide de mesures préventives requises par le FMI, y compris la législation relative au contrôle des capitaux et l’audit de la Banque du Liban (BDL) »

Le projet français table également sur la mise en œuvre de réformes urgentes dans le secteur de l'électricité dans un délai d'un mois, sur la nomination de fonctionnaires du secteur, le lancement d'appels d'offres liés aux centrales à gaz et l'abandon du projet Selaata tel qu'il est actuellement présenté (auquel le Mouvement patriotique libre tient toujours).

Le projet couvre également « les nominations dans le domaine financier, judiciaire et sectoriel, conformément à des normes transparentes fondées sur l’efficacité, ainsi que la proposition au Parlement d’une loi relative à l’indépendance du pouvoir judiciaire ». Il comprend également « la nomination des membres de la commission nationale de lutte contre la corruption, son soutien dans l'accomplissement de ses tâches, la mise en œuvre des réformes douanières urgentes et l'élaboration et l'adoption d'un budget homogène pour 2021 avant la fin de 2020, en plus de la tenue de nouvelles élections dans un délai maximum d’un an. »


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

Short Url
  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Short Url
  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

Short Url
  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".