RABAT: Un Marocain détenu pendant dix-neuf ans au centre de détention de Guantanamo sans qu’aucune charge n’ait été retenue contre lui a pu rejoindre sa famille après avoir été interrogé par la police de son pays, a déclaré mardi dernier son avocat.
Abdellatif Nasser, aujourd’hui âgé de 56 ans, est le premier détenu transféré vers son pays d’origine depuis l’arrivée au pouvoir de Joe Biden. L’ancien prisonnier a été interrogé lundi à Casablanca par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) pour «son implication présumée dans la perpétration d’actes terroristes» avant d’être remis en liberté.
«Il se trouve actuellement auprès de sa famille, qu’il n’a pas vue depuis près de deux décennies», indique Khalil Idrissi, l’avocat marocain de Nasser, qui ajoute que son client ne songe qu’à rattraper le temps perdu et à retrouver sa vie passée.
L’avocat précise qu’aucune mesure supplémentaire ne devrait être prise contre son client. Selon le Pentagone, Nasser appartenait dans les années 1980 à un groupe marocain non violent mais illégal.
À l’époque, il est recruté pour combattre en Tchétchénie, mais il se retrouve en Afghanistan. Là, il est formé dans un camp d’Al-Qaïda. Il est ensuite capturé après avoir combattu l’armée américaine en Afghanistan puis envoyé à Guantanamo au mois de mai 2002.
Un comité d’évaluation autorise son rapatriement en juillet 2016. Pourtant, il reste à Guantanamo pendant l’intégralité du mandat de Donald Trump, qui était opposé à la fermeture du centre de détention.
En annonçant sa remise en liberté, le Pentagone affirme que Nasser n’est plus considéré comme une menace à la sécurité nationale des États-Unis.
Environ huit cents personnes ont été détenues au centre de Guantanamo. Parmi les trente-neuf qui restent, dix sont susceptibles d’être remis en liberté; ils viennent du Yémen, du Pakistan, de Tunisie et d’Algérie.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com