LE CAIRE : Les musulmans du monde entier ont célébré mardi une nouvelle fête capitale à l'ombre de la pandémie et au milieu d’inquiétudes croissantes concernant le variant Delta, hautement infectieux, du coronavirus à l’origine de la Covid-19.
Cette année, la fête de l'Aïd Al-Adha survient au moment où de nombreux pays luttent contre le variant en question, identifié pour la première fois en Inde. Un contexte qui contraint un nombre de pays à imposer de nouvelles restrictions, ou à appeler les gens à éviter de se rassembler et à respecter les protocoles de sécurité.
L'Indonésie a marqué un Aïd Al-Adha sombre au milieu d'une nouvelle vague dévastatrice de cas de Covid-19.
Le vice-président Ma'rouf Amin, qui est également un chef religieux influent, a appelé les gens à effectuer des prières de l’Aïd à la maison, avec leurs familles.
«Évitez les foules», prévient-il dans des commentaires télévisés avant le début des vacances. «Se protéger de la pandémie de la Covid-19 est obligatoire».
Le pic est a priori attribué aux déplacements relatifs au festival de l'Aïd Al-Fitr en mai, et par la propagation rapide du variant delta.
En Malaisie, les mesures ont été resserrées après une forte augmentation des infections malgré un confinement national depuis le 1er juin. Les gens sont interdits de retourner dans leur ville natale ou de voyager d’une région à une autre pour célébrer les fêtes. Même les visites à domicile et dans les cimetières sont interdits.
Les fidèles en bonne santé sont autorisés à se rassembler pour les prières dans les mosquées, avec une stricte distanciation sociale et aucun contact physique. Les sacrifices rituels d'animaux sont limités aux mosquées et autres zones approuvées.
Le directeur général de la Santé, Nour Hisham Abdellah, a exhorté les Malaisiens à ne pas «répéter le même comportement irresponsable», ajoutant que les voyages et les célébrations pendant Aïd Al-Fitr et un autre festival sur l'île de Bornéo ont conduit à de nouveaux foyers de contagion de la Covid- 19.
«Ne laissez pas l'excitation de célébrer la Fête du Sacrifice nous faire tous périr à cause de la Covid-19», dit-il dans un communiqué.
Le Premier ministre Mouhyiddin Yassin a exhorté les musulmans à rester chez eux.
«Je vous appelle tous à être patients et à respecter les règles», insiste-t-il dans un discours télévisé la veille du festival.
L'Organisation mondiale de la santé révèle qu'à l'échelle mondiale, les décès dus à la Covid-19 augmentent après une période de déclin. Le revers a été attribué aux faibles taux de vaccination, aux règles de masque et autres mesures assouplies, et au variant delta.
Les périodes de confinement ont sévèrement réduit les festivités de l'Aïd Al-Adha à Sydney et Melbourne, les deux plus grandes villes d'Australie.
Jihad Dib, un habitant de Sydney, un député de l'État de Nouvelle-Galles du Sud, a déclaré que les musulmans de la ville étaient tristes mais comprenaient pourquoi ils seraient confinés chez eux sans visites autorisés.
«Ce sera le premier Aïd de ma vie, je ne serre pas dans mes bras et je n'embrasse pas ma mère ni mon père», a déclaré Dib au diffuseur public national Australian Broadcasting Corp.
L'Iran a imposé lundi un confinement d'une semaine à la capitale, Téhéran, et à la région environnante alors que le pays est aux prises avec une nouvelle vague de la Covid-19, ont rapporté les médias officiels. Le confinement commence mardi.
Tous les pays n'imposent pas de nouvelles restrictions. Au Bangladesh, les autorités ont autorisé une pause de huit jours dans le confinement strict du pays pour les vacances. Une brèche qui, selon les experts de la santé, pourrait être dangereuse.
En Égypte, Essam Chaban s'est rendu dans la province méridionale de Sohag pour passer l'Aïd Al-Adha avec sa famille.
Il a prévu avant le début des vacances de prier dans une mosquée mardi, tout en prenant des précautions telles qu'apporter son propre tapis de prière et un masque.
«Nous voulons que cet Aïd se déroule paisiblement, sans infections», dit-il. «Nous devons suivre les instructions».
Chaban avait hâte de se joindre à ses frères pour acheter un veau pour l'abattage, faire du porte-à-porte pour donner une partie de la viande aux plus démunis, et participer au repas traditionnel plus tard dans la journée avec sa grande famille.
«C'est généralement bruyant, avec les rires et les querelles des enfants», raconte-t-il. «C’est superbe».
Mais d'autres ne pourront malheureusement pas fêter avec leurs proches.
En Inde, où l'Aïd Al-Adha débute mercredi, Tahir Qureshi allait toujours avec son père pour les prières, pour ensuite rendre visite à sa famille et à ses amis. Son père est décédé en juin après avoir contracté le virus lors d'une vague qui a dévasté le pays, et l'idée de devoir passer les vacances sans lui est déchirante.
«Ce sera difficile sans lui», se désole Tahir.
Les érudits religieux indiens ont exhorté les gens à faire preuve de retenue et à se conformer aux protocoles de santé.
Certains États ont restreint les grands rassemblements, et demandent aux gens de passer les vacances à la maison.
Pendant ce temps-là, les répercussions économiques de la pandémie, qui ont plongé des millions d'Indiens dans des difficultés financières, font dire à beaucoup qu'ils ne peuvent pas se permettre d'acheter du bétail pour le sacrifice de l'Aïd Al-Adha.
Au Cachemire contesté, l’homme d'affaires Ghulam Hassan Wani, fait partie de ceux qui réduisent leurs dépenses.
«J'avais l'habitude de sacrifier trois ou quatre moutons. Cette année, nous pouvons à peine nous en permettre un», a dévoilé Wani.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com