MOSCOU: Le groupe "Komanda 29", une équipe d'avocats qui avait récemment défendu les organisations de l'opposant emprisonné Alexeï Navalny, a annoncé dimanche son auto-dissolution par crainte de poursuites judiciaires.
"Nos avocats et juristes continueront à travailler sur les affaires de leurs clients de manière uniquement indépendante", a indiqué cette structure dans un communiqué publié sur la messagerie Telegram.
"Komanda 29" a affirmé que son site internet avait été bloqué vendredi par le gendarme russe des télécoms, après une demande en ce sens du Parquet général.
Selon le groupe, ce dernier l'accuse d'être associé à une organisation tchèque classée début juillet "indésirable" en Russie : Společnost Svobody Informace.
Promulguée en 2015, la loi sur les "organisations indésirables" autorise les autorités à interdire le travail des groupes déclarés comme tels, tandis que leurs membres risquent jusqu'à six ans de prison.
L'équipe "Komanda 29" a rejeté dimanche tout lien avec cette organisation tchèque, dénonçant des accusations "imaginaires" et contraires au droit.
"Mais nous ne pouvons pas ignorer la position des forces de sécurité", a-t-elle poursuivi, craignant que "la prochaine étape de l'attaque" soit des poursuites pénales contre ses membres et soutiens.
Par conséquent, le groupe a précisé avoir supprimé toutes ses archives et publications en ligne, pour éviter tout risque.
Son désormais ex-directeur, Ivan Pavlov, est poursuivi depuis avril pour "divulgation d'informations" sur une enquête liée à l'un de ses clients, un journaliste accusé d'avoir transmis des documents confidentiels à la République tchèque.
Depuis 2015, "Komanda 29" réunissait des avocats ayant comme spécialité de défendre les Russes soupçonnés de trahison ou d'espionnage.
Plus récemment, le groupe avait défendu les principales organisations de l'opposant emprisonné Alexeï Navalny, accusées d'être "extrémistes".
En juin, ces structures ont bel et bien été désignées "extrémistes" par la justice, ouvrant la voie à une répression accrue des partisans de M. Navalny.
Depuis l'arrestation et l'emprisonnement de l'opposant en janvier dernier, les autorités russes ont accentué leurs pressions sur les voix critiques, notamment les médias indépendants.