LOS ANGELES : La saison des incendies promet d'être longue et éprouvante. Alimentés par une sécheresse alarmante, les feux ravageaient déjà jeudi des centaines de milliers d'hectares dans l'Ouest des États-Unis et du Canada.
"On est arrivés à un stade où on se demande ce qui peut bien encore brûler", confie à l'AFP David Little, un résident de Californie, lassé par un terrible sentiment de déjà-vu.
A quelques kilomètres de chez lui, les pompiers combattent l'avancée du Dixie Fire, tout près de là où le Camp Fire avait quasiment rayé la ville de Paradise de la carte, en 2018. 86 personnes étaient mortes -- vraisemblablement l'incendie le plus meurtrier aux Etats-Unis depuis un siècle.
Les autorités ont invité les résidents de plusieurs localités voisines à évacuer la zone.
Nuit et jour
Si 2020 a été la pire année de l'histoire moderne de la Californie en matière d'incendies, il est probable que 2021 batte ce record: les feux ont dès à présent consumé deux fois plus de végétation que l'an dernier à la même époque, selon les responsables de la gestion des incendies.
Mais c'est dans l'Etat voisin de l'Oregon - où se situe la ville de Portland - que les feux font en ce moment le plus de dégâts: nuit et jour, des pompiers tentent d'éteindre les flammes du Bootleg Fire, qui a déjà dévoré l'équivalent de près de 130.000 terrains de football.
"Ce feu va continuer à se renforcer: la végétation extrêmement sèche et la météo ne jouent pas en notre faveur", a déploré Joe Hessel, à la tête de l'équipe en charge de le combattre.
Des pompiers de San Francisco ont été dépêchés pour prêter main-forte.
Le Bootleg Fire a déjà détruit 21 habitations et en menace des milliers d'autres.
L'agence américaine de gestion des feux a fait savoir qu'elle avait déjà activé son niveau d'alerte le plus élevé dans le pays, "en raison de la forte activité des incendies aux États-Unis et des ressources affectées à ces brasiers".
C'est la première fois en 10 ans que cet échelon est atteint si tôt, la saison des feux s'étendant traditionnellement jusqu'en novembre.
Montana, Arizona, Idaho, Utah, Nouveau-Mexique... Aucun des ces États n'est épargné par ces épisodes, tristement redondants.
85% de sécheresse "extrême"
Les feux font bien partie du cycle naturel des forêts de l'Ouest américain, mais la saison des incendies commence chaque année plus tôt et s'achève un peu plus tard. Les scientifiques attribuent ce phénomène au changement climatique.
Rationnement de l'eau, ratissage des forêts... Des mesures sont en cours pour éviter que la situation ne vire à la catastrophe absolue. Mais seront-elles suffisantes?
Difficile à dire, tant la zone est happée par un cercle vicieux dévastateur: les sols arides et la végétation desséchée créent à leur tour les conditions propices pour une augmentation des températures.
C'est le cas de la Californie, où 85% de l'État est actuellement en état de "sécheresse extrême", selon un observatoire gouvernemental.
Un mercure plus élevé, des canicules à répétition et la baisse des précipitations par endroit transforment aussi la zone en poudrière.
Fumée dangereuse au Canada
De l'autre côté de la frontière, au Canada, des alertes sur la qualité de l'air ont été lancées en raison de la fumée provenant de ces feux de forêt. Notamment en Colombie-Britannique, cette province qui avait déjà souffert il y a trois semaines de records de chaleurs irréels -- 49,6°C près de Vancouver.
Jeudi après-midi, elle recensait 306 incendies, dont 26 ont débuté au cours des deux derniers jours. L'un des principaux foyers de la province s'étendait sur plus de 40.000 hectares.
Les forces armées canadiennes participent aux évacuations de résidents de la région, a indiqué une source militaire.