PARIS : De nombreux visiteurs français et étrangers l'attendaient depuis près de neuf mois, sa plus longue fermeture après-guerre: La Tour Eiffel rouvre ses portes vendredi au public, après un mois de "check up" complet et avec "l'inévitable" pass sanitaire.
A 12H45, la structure en fer puddlé accueillera ses premiers touristes. Avec une capacité d'accueil réduite à 50%, soit 13.000 visiteurs maximum par jour, en raison notamment de la jauge sanitaire imposée dans les ascenseurs face à l'épidémie de Covid-19.
Après 260 jours sans visiteur et un recours massif au chômage partiel pour les 350 employés, "il y a une vraie attente des personnels" qui en terminent avec "presque un mois de check up complet", explique le patron de la Tour Eiffel. Ascenseurs, guichets, gestes barrière, "c'est un peu comme au démarrage d'un avion...", explique à l'AFP le président de la société d'exploitation (Sete) Jean-François Martins.
Et dès mercredi, conformément à ce qu'a annoncé le président Emmanuel Macron pour les lieux de loisirs et de culture rassemblant plus de 50 personnes, le pass sanitaire sera obligatoire pour accéder au monument.
Selon M. Martins, c'est "inévitable". "Évidemment, c'est une petite complexité opérationnelle supplémentaire à mettre en oeuvre en quelques jours, mais ce n'est pas insurmontable", relativise-t-il.
Mais "la Dame est prête. Elle a donné un grand spectacle (mercredi) soir pour se préparer", résume M. Martins, après le feu d'artifice du 14 juillet.
D'où viendront les visiteurs? Ouverte depuis le 1er juin avec 70.000 billets vendus jusqu'à fin août, mais en majorité pour la deuxième quinzaine de juillet, la billetterie en ligne permet d'esquisser les premières tendances: une moitié de Français, une moitié d'étrangers avec "une belle proportion d'Américains" (15%) et un tiers d'Européens.
Chez ces derniers, Brexit et variant Delta obligent, "l'absence totale des Britanniques est très marquante, alors qu'ils sont traditionnellement la clientèle la plus présente", souligne le président de la Sete qui observe en revanche une "poussée de la sphère méditerranéenne", Espagne et Italie en tête.
Dans les réservations, très peu de voyageurs longue distance comme les Asiatiques, qui passent beaucoup par les agences de voyage. Mais entre incertitudes sanitaires et météorologiques, "on va avoir beaucoup de billets vendus le jour même", prédit M. Martins qui mise sur "une bonne moitié" de tickets écoulés in situ.
En ce mois de juillet, le célèbre monument, propriété de la Ville de Paris, déjà fermé entre mars et juin 2020 lors de la première vague, est à la croisée des chemins. La fin de sa plus longue période de fermeture coïncide avec sa recapitalisation de 60 millions d'euros validée lundi par son conseil d'administration.
Cette augmentation de capital doit permettre à la Sete de surmonter la perte d'environ 70 millions d'euros projetée pour 2021, après un déficit de 52 millions en 2020, quand son chiffre d'affaires est passé de 99 à 25 millions d'euros.
Cette année, après six mois de fermeture et un second semestre planifié en demi-jauge, "nous ne pourrions faire que 25% de notre revenu normal, dans un modèle absolu", souligne M. Martins.
"La vérité, c'est qu'on fera moins parce que dedans il y a aussi des mauvaises périodes" à l'automne, anticipe le dirigeant, en discussions avec l'Etat "pour qu'il nous aide à passer la période".
Dans cette période difficile, le chef d'oeuvre de Gustave Eiffel, qui a accueilli jusqu'à 7 millions de visiteurs en 2014 et encore 6,2 millions en 2019, doit aussi faire face au défi logistique du chantier de peinture que lui imposent ses 132 printemps.
Suspendue depuis début février en raison de traces de plomb supérieures au seuil réglementaire, la 20e campagne de peinture est toujours en phase de test et ne reprendra pas avant l'automne, ce qui explique le maintien d'un grand filet suspendu côté Champ-de-Mars.