WASHINGTON: Le Sénat américain a approuvé à l'unanimité mercredi soir un texte de loi interdisant les importations de produits fabriqués au Xinjiang pour condamner le "travail forcé" de la minorité musulmane ouïghoure dans cette région du nord-ouest de la Chine.
"Le message adressé à Pékin et à toute société internationale qui profite du travail forcé au Xinjiang est clair: c'est fini", a réagi le sénateur républicain Marco Rubio, co-auteur du texte avec le démocrate Jeff Merkley.
Il a dénoncé les "crimes contre l'humanité" commis selon lui par le Parti communiste chinois qui, selon des recherches américaines, a arbitrairement interné plus d'un million de Ouïghours dans des "camps" du Xinjiang.
"Les Ouïghours et d'autres minorités musulmanes au Xinjiang sont victimes de travail forcé, torturés, emprisonnés, stérilisés de force et forcés d'abandonner leurs pratiques religieuses et culturelles par le gouvernement chinois", a affirmé Jeff Merkley.
Le texte demande notamment un guide sur "le traçage de la chaîne d’approvisionnement" pour les importateurs et que les douanes américaines proposent un plan pour empêcher les importations et identifier usines, entreprises et individus impliqués dans le travail forcé.
Le texte doit être approuvé par la Chambre des représentants, puis ratifié par le président Joe Biden pour entrer en vigueur.
Le ministère chinois du Commerce a dénoncé mercredi l'action du Sénat, estimant que "les soi-disant questions sur les droits humains et le travail forcé sont contradictoires avec les faits".
"Les agissements des Etats-Unis nuisent gravement à l'industrie et à la chaîne d'approvisionnement mondiale" ainsi qu'à la Chine, aux Etats-Unis et la reprise économique mondiale, a ajouté le ministère.
Les Etats-Unis ont renforcé ces derniers mois leurs sanctions contre les entreprises chinoises pour des "violations" supposées des droits humains au Xinjiang.
Washington accuse Pékin d'y "mener une campagne de répression" contre "les Ouïghours, les Kazakhs et les membres d'autres groupes minoritaires musulmans".
L'administration Biden a placé plus d'une dizaine de sociétés chinoises sur sa liste noire sur le commerce, interdit l'importation de matériaux pour panneaux solaires fabriqués par une société chinoise, l'importation de produits capillaires, de coton, de pièces informatiques ou de textile fabriqués par des entreprises du Xinjiang.
Cette région chinoise a longtemps été frappée par des attentats sanglants visant des civils, attribués à des séparatistes ou à des islamistes de l'ethnie musulmane ouïghoure. En réaction, les autorités ont imposé une surveillance policière draconienne.
Pékin dément l'existence de "camps" et affirme qu'il s'agit de "centres de formation professionnelle" destinés à aider la population à trouver un emploi afin de l'éloigner de l'extrémisme islamiste.