NEW YORK: L'émissaire par intérim de l'ONU en Libye, Stephanie Williams, a déploré mercredi devant le Conseil de sécurité la poursuite de violations de l'embargo sur les armes imposé en 2011 à ce pays.
Depuis le dernier rapport le 8 juillet, "environ 70 avions ont atterri dans les aéroports de l'est en soutien" de l'armée du maréchal Khalifa Haftar "pendant qu'une trentaine d'appareils ont été envoyés dans des aéroports de l'ouest de la Libye" en appui au gouvernement d'union GNA, a-t-elle dit.
"Neuf cargos se sont amarrés dans des ports de l'ouest en soutien du GNA pendant que trois navires sont venus bénéficier" aux forces pro-Haftar, a ajouté la responsable, sans donner d'indications sur le contenu des cargaisons.
"Les soutiens étrangers renforcent leurs capacités dans les principales bases aériennes libyennes à l'est et à l'ouest", a résumé Stephanie Williams, en dénonçant une atteinte à la souveraineté de la Libye et "une violation flagrante" de l'embargo de l'ONU sur les armes.
La mission de l'ONU en Libye, dont le mandat doit être renouvelé à la mi-septembre, "continue de recevoir des informations sur une présence à grande échelle de mercenaires et d'agents étrangers, ce qui complique (...) les chances d'un règlement futur" du conflit, a-t-elle précisé.
L'ambassadeur russe à l'ONU, Vassily Nebenzia, a rejeté les accusations récurrentes d'interférences russes. "Il n'y a pas un seul Russe en uniforme en Libye", a-t-il assuré, alors que son homologue américaine, Kelly Craft, critiquait la présence de mercenaires russes liés au gouvernement russe. "Il n'y pas lieu d'avoir des mercenaires étrangers en Libye, dont le groupe Wagner affilié au ministère russe de la Défense qui combat au côté des forces pro-Haftar", a-t-elle dit.
L'ambassadeur français, Nicolas de Rivière, a appelé à un renforcement de la mission de l'ONU afin qu'elle puisse accompagner un possible cessez-le-feu et faire mieux respecter l'embargo sur les armes.
Plusieurs membres du Conseil ont réclamé la nomination au plus vite d'un émissaire de l'ONU. En raison de divergences entre les Etats-Unis et ses partenaires sur la définition du poste, aucun successeur n'a encore été nommé à Ghassan Salamé, démissionnaire en mars pour raisons de santé.
La Libye est en proie au chaos depuis la chute de Mouammar Khadafi en 2011, déchirée entre les deux camps rivaux du GNA à l'ouest, reconnu par l'ONU, et le pouvoir à l'est incarné par le maréchal Haftar.