BERLIN: Le journaliste turc d'opposition Can Dündar, qui vit en exil à Berlin, a demandé mercredi au gouvernement allemand d'agir pour retrouver les commanditaires d'une agression commise contre un confrère également réfugié en Allemagne, accusant Ankara d'en être à l'origine.
« Nous demandons au gouvernement allemand de faire tout ce qui est nécessaire (...) pour retrouver non seulement les assaillants mais aussi les instigateurs », a assuré ce journaliste de renom réfugié en Allemagne depuis 2016, lors d'une conférence de presse à Berlin organisée par Reporters sans frontières (RSF).
« Nous savons tous que cet initiateur se trouve à Ankara et fait tout ce qu'il peut pour faire taire les voix des opposants vivant en Allemagne », a-t-il ajouté.
Le journaliste et opposant déclaré au président Recep Tayyip Erdogan, Erk Acarer, a été agressé dans la cour de son immeuble berlinois mercredi dernier.
Blessé à la tête, cet exilé de 48 ans a imputé cette attaque à des affidés du parti du chef de l'Etat turc, l'AKP, et assuré que l'un des trois assaillants avait crié en turc : « tu n'écriras pas ».
Il a répété ses accusations mercredi, affirmant que l'agression avait été commanditée par Ankara.
« Les trois agresseurs parlaient turc (...) Ce n'est pas difficile à deviner » d'où vient l'ordre, « de tout en haut » à Ankara, a-t-il dit.
Dündar, qui fait l'objet d'une lourde condamnation dans son pays, a également averti que si « Berlin ignore l'origine de cette agression (...) je pense que d'autres suivront ».
Ankara « a essayé de nous empêcher d'écrire et de parler de toutes les manières mais ce qui est nouveau, c'est que le gouvernement d'Erdogan essaie d'étendre ses attaques à l'Allemagne », a-t-il ajouté.
‘Le message porté par Erdogan est : « je peux attaquer des opposants même sur votre sol. Vous ne pouvez pas empêcher ça car vous êtes liés à moi’ », a-t-il insisté, citant notamment le pacte qui lie l'Union européenne et la Turquie sur l'accueil des réfugiés syriens.
En décembre dernier, un tribunal turc a condamné par contumace Can Dündar, ancien rédacteur en chef de Cumhuriyet, à 27 ans de prison pour avoir publié un article faisant état d'une livraison d'armes par les services secrets turcs à des groupes islamistes en Syrie.
La Turquie occupe la 153e place sur 180 au classement 2021 de RSF.