En relançant ses réformes, Macron se projette vers 2022

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Publié le Mercredi 14 juillet 2021

En relançant ses réformes, Macron se projette vers 2022

  • À l'extrême droite, le chef d'État est accusé d'avoir érigé «la brutalité» en «mode de gouvernement»
  • De son côté, Jean-Luc Mélenchon a de nouveau dénoncé la «monarchie présidentielle» d'Emmanuel Macron qui a décidé «tout seul le pass sanitaire obligatoire»

PARIS: Toujours Président, et de plus en plus candidat: sur les réformes, dont celle des retraites, Emmanuel Macron s'est projeté bien au-delà de la crise de la Covid en dessinant lundi soir le cap d'un éventuel second mandat.

Actualité oblige, les annonces sur la crise sanitaire ont bien évidemment marqué les esprits et dominent dans les commentaires au lendemain de l'allocution télévisée suivie par 22,4 millions de téléspectateurs, un chiffre très élevé.

Mais, sur les 30 minutes, le chef de l'État en a consacré autant à parler du sanitaire que de la relance et des réformes qu'il prévoit de mener. Soit "un discours de temps court et de temps long", selon son entourage.

Pour Frédéric Dabi, directeur général de l'Ifop, "on l'attendait sur le sanitaire et la relance, mais on a vu un président candidat qui, dans la deuxième partie de son discours, fait abstraction de la Covid pour se projeter vers un second mandat quand il évoque la France de 2030".

"Il rallume le moteur macroniste, celui de la transformation qui était en panne depuis 2020" et le début de la crise sanitaire, selon l'expert.

M. Macron a, en effet, annoncé une série de réformes dont le sort était incertain, au premier rang desquelles celle très controversée des retraites. Il a cependant laissé planer le doute sur son lancement avant la présidentielle en indiquant qu'elle serait "engagée dès que les conditions sanitaires seront réunies" et en demandant au gouvernement de "travailler avec les partenaires sociaux sur ce sujet à la rentrée".

Il a clairement annoncé son intention de relever l'âge du départ à la retraite, une "ligne rouge" pour les syndicats, mais aussi de porter à 1 000 euros son niveau minimum "pour une carrière complète" et de supprimer les régimes spéciaux.

Sujet explosif, cette réforme avait été suspendue en mars 2020 à cause de la crise sanitaire. 

«Brutalité»

Pour son entourage, M. Macron est "revenu aux fondamentaux" de sa politique définie avant l'élection de 2017 en insistant sur "les valeurs de travail et de mérite". Il a ainsi annoncé l'entrée en vigueur dès le 1er octobre de la réforme de l'assurance chômage qui durcit l'accès aux allocations, dont la mise en œuvre est repoussée depuis un an. Ainsi que la création d'un revenu d'engagement" pour les jeunes sans emploi ni formation qui "sera fondé sur une logique de devoirs et de droits".

"Tout en gardant son ADN initial, il a adapté le Macron de 2017 à la situation de crise de 2021", souligne le député LREM Roland Lescure, en précisant que l'allocution avait été longuement applaudie par les parlementaires de la majorité invités à l'Élysée lundi soir.

Dans un "court discours mobilisateur", M. Macron a ensuite invité ces derniers à "défendre le bilan" du quinquennat en "allant sur le terrain, faire du porte à porte", selon des députés.

"Il sait que pour 2022, les Français ne voudront pas seulement un bilan. En annonçant la suppression des régimes spéciaux, la nécessité de travailler plus longtemps, il adresse un message à l'électorat de droite qui peut être tenté de le quitter pour Xavier Bertrand", commente M. Dabi.

Mais pour le chef de file des députés LR Damien Abad, le "en même temps" macroniste "est l’autre nom de l'immobilisme" car la réforme des retraites "ne sera jamais appliquée" avant la présidentielle.

De son côté, Jean-Luc Mélenchon a de nouveau dénoncé la "monarchie présidentielle" d'Emmanuel Macron qui a décidé "tout seul le pass sanitaire obligatoire et la destruction des retraites", a twitté le chef des Insoumis.

À l'extrême droite, le chef d'État est accusé d'avoir érigé "la brutalité" en "mode de gouvernement", tandis que certains responsables du RN relayaient les accusations de "dictature", très en vogue dans la sphère complotiste.

Selon un premier sondage, réalisé par Elabe, une majorité des Français approuvent les mesures contre la Covid mais seuls 36% se déclarent favorables à la réforme des retraites.

"En liant la reprise des réformes au sanitaire, Emmanuel Macron peut donner le sentiment que 'c'est vite ma dose pour vite mes réformes'. Ceux qui l'apprécient estimeront qu'il tient le cap. Mais, vis-à-vis de ceux qui ne l'aiment pas, il prend le risque de renforcer la polarité extrême sur son image, d'apparaître comme quelqu'un d'encore plus hermétique et sourd", avertit le politologue Bruno Cautrès, du Cevipof.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.