Cadic: «La Vision 2030 offre l'occasion à la France d’élargir sa coopération avec l’Arabie saoudite»

Le sénateur Olivier Cadic préside le groupe d’amitié interparlementaire France-Golfe.
Le sénateur Olivier Cadic préside le groupe d’amitié interparlementaire France-Golfe.
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Publié le Mercredi 14 juillet 2021

Cadic: «La Vision 2030 offre l'occasion à la France d’élargir sa coopération avec l’Arabie saoudite»

  • ​​​​​​​«Le processus de modernisation entamé par l’Arabie saoudite lui permet de prendre un nouvel élan, ce qui nous nous rapproche encore plus»
  • «Nous partageons avec l’Arabie saoudite la même perception de la politique extérieure et des enjeux régionaux»

PARIS : Arab News en français s’est entretenu avec le sénateur Olivier Cadic, qui préside le groupe d’amitié interparlementaire France-Golfe.

Comment décrire les relations actuelles entre la France et l'Arabie saoudite?

Ce sont des relations basées sur des intérêts stratégiques convergents pour préserver la sécurité dans la région et mener un combat commun contre le terrorisme. Je suis allé deux fois en Arabie saoudite, dans le cadre de mon mandat: la première fois, je me suis rendu à Djeddah en 2015, puis y suis retourné en avril 2019, cette fois à Riyad. Ces deux visites m’ont permis de  constater le degré d’amitié et de coopération qui lie nos deux pays.

Les contacts et les échanges que j’ai eu au cours de ces visites, notamment avec le prince Khaled al-Saoud, président du groupe d’amitié au Majlis al-Choura, ont permis d’aborder des questions géopolitiques. Nous partageons la même perception de la politique extérieure et des enjeux régionaux.

Les deux pays se dirigent-ils vers renforcement des relations?

Je crois que la période est favorable, oui. J’ai noté, et je l’ai dit au nouvel ambassadeur d’Arabie, que nous avons reçu au Sénat récemment, l’envie de réfléchir encore davantage ensemble à la façon de mieux coopérer. Par ailleurs, la «Vision 2030» mise en place par l’Arabie saoudite, nous offre de nombreuses occasions d’élargir nos domaines de coopération.

Il y a cette envie d’avancer, qui est forte, et d’ailleurs j’ai pu observer une vraie différence entre mes deux visites sur place en 2015 et 2019. En l’espace de quatre ans, j’ai pu constater un profond changement, une modernisation qui est le résultat de la détermination du prince héritier Mohamad Ben Salmane à sortir du «tout pétrole», et qui est en train de transformer le pays.

C’est un processus très intéressant qui permet d’ouvrir davantage le pays au tourisme religieux, aux loisirs, qui lui permet de se moderniser et de prendre un nouvel élan, ce qui nous nous rapproche encore plus. Pour vous donner un exemple, j’ai visité la fondation Misk, dont l’objectif est de sensibiliser les jeunes Saoudiens aux activités d’entreprenariat, et la féminisation en cours m’a particulièrement marqué. J’ai été vraiment frappé par cette évolution et par mes rencontres dans le cadre de la fondation avec des jeunes Saoudiennes brillantes.

Avec des relations culturelles qui semblent être au beau fixe, notamment avec le rôle joué par  la France dans le développement du site archéologique d’AlUla, quelle impulsion peut être donnée aux relations commerciales bilatérales?

Je dirais que la consolidation de ces relations est nécessaire. Durant ma visite à Riyad, j’avais demandé à visiter le chantier du métro de la ville qui est considéré comme le plus grand chantier mondial en matière de transports publics. Au cours de cette visite, je me suis rendu compte de l’importance donnée à la France, avec l’attribution de la construction des premières lignes de métro à la RATP. J’attends de pouvoir me rendre à l’inauguration de ce projet impressionnant, mais aussi symbolique.

L’Arabie développe en ce moment une stratégie de transports en commun modernes, ce qui montre bien qu’elle se projette dans un monde qui ne dépend pas exclusivement du pétrole, et dans lequel la France peut jouer un rôle important. La «Vision 2030» permet d’offrir de vastes champs de coopération, dans de nombreux secteurs: l’eau, l’environnement et les villes connectées, sans oublier l’énergie, la santé et l’agriculture. Dans tous ces secteurs stratégiques, la France possède un savoir-faire reconnu. Il faut aussi bien sûr que la France se réveille économiquement, parce qu’elle a toujours vécu avec un marché intérieur qui était suffisant pour ses entreprises.

Nous étions peu portés vers l’international, mais nous sommes conscients que c’est très important pour notre économie et de gros efforts sont faits pour développer l’internationalisation. Je pense donc qu’aujourd’hui nous avons de belles perspectives devant nous.

Qu’en est-il du volet politique? Pensez-vous que sous Joe Biden, les États- Unis favorisent le renforcement de la concertation politique entre la France et l’Arabie saoudite?

La vision de l'ancien président américain sortant Donald Trump était assez facile à comprendre. C’était une vision d’assez court terme pour essayer d’obtenir en permanence des résultats immédiats. Il entraînait ses partenaires principaux dans des décisions qui n’étaient pas nécessairement dans le «timing» des pays du Moyen-Orient, qui savent donner du temps au temps, pour faire émerger des décisions. Je pense donc que le changement qui a eu lieu aux États- Unis rend les choses plus faciles pour ces pays, surtout que de meilleures relations sont des relations gagnant-gagnant. Je crois que ces pays seront dorénavant mieux écoutés. En tout cas, il s’agit de ma perception personnelle. Je suppose que certains pays, dont l’Arabie saoudite, se sentent moins sous pression, ce qui facilite également leur communication sur le plan international.


Dans Gaza affamée, des Palestiniens se rabattent sur la viande de tortue

(Photo AFP)
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  • Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
  • « La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

KHAN YOUNES, TERROIRES PALESTINIENS : Dans une bande de Gaza où les protéines sont rares, certains se résignent à manger des tortues marines.

« Les enfants étaient réticents, on leur a dit que c'était aussi délicieux que du veau », explique Majida Qanan, qui surveille les morceaux de viande rouge mijotant sur un feu de bois.

« Certains en ont mangé, d'autres pas. »

Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Depuis 18 mois de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, le territoire et ses 2,4 millions d'habitants se trouvent dans une situation humanitaire critique.

« La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

Depuis le 2 mars, Israël bloque toute livraison humanitaire, accusant le Hamas de détourner l'aide. Le mouvement palestinien dément ces accusations et accuse en retour Israël d'utiliser « la famine comme arme de guerre ».

Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), la bande de Gaza est aujourd'hui probablement plongée dans « la pire » situation humanitaire depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

En juin dernier, les acteurs du secteur humanitaire avaient évoqué des Palestiniens si démunis qu'ils en étaient parfois réduits à se nourrir d'aliments pour animaux ou d'herbe, et à boire l'eau des égouts.

Entretemps, une trêve, entrée en vigueur le 19 janvier, a permis d'augmenter les livraisons humanitaires, jusqu'au nouveau blocage israélien du 18 mars, suivi de la reprise de ses opérations militaires.

Les tortues, elles, sont tuées selon les rites halal, c'est-à-dire conformément aux préceptes de la religion musulmane, affirme Abdul Halim Qanan.

« S'il n'y avait pas de famine, on n'en mangerait pas, mais il faut bien compenser le manque de protéines avec quelque chose ».


Le président syrien reçoit un membre républicain du Congrès américain

Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
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  • En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions
  • C'est la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

DAMAS : Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Peu après l'arrivée d'Ahmed Chareh, Washington avait annoncé ne plus proposer de récompense pour son arrestation, après avoir reçu des « messages positifs » lors de la première visite officielle de diplomates américains à Damas après l'éviction de M. Assad.

Le nouveau gouvernement syrien cherche à obtenir une levée des sanctions internationales imposées à l'époque de Bachar al-Assad afin de relancer l'économie du pays, exsangue après 14 années de guerre civile.

Toutefois, certains pays souhaitent attendre de voir si les nouvelles autorités vont respecter les droits humains. 

En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions tant que des progrès sur des priorités telles que la lutte contre le « terrorisme » n'auront pas été constatés.

Les sanctions économiques ont un impact lourd sur le pays, où 90 % des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.

Une délégation ministérielle syrienne et le gouverneur de la Banque centrale doivent participer à des réunions avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale à Washington la semaine prochaine, ont récemment indiqué deux sources proches des participants.

La visite des deux élus américains intervient alors que les États-Unis ont annoncé le retrait prochain d'environ un millier de soldats américains déployés en Syrie pour lutter contre les jihadistes.

Washington a également mis en garde le même jour contre le risque d'attaques « imminentes » en Syrie, selon un message diffusé sur le site de l'ambassade américaine, fermée depuis 2012.


Les États-Unis annoncent réduire de moitié leurs effectifs militaires en Syrie

Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
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  • Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.
  • La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

WASHINGTON : Les États-Unis ont annoncé vendredi qu'ils allaient réduire de moitié leur présence militaire en Syrie, estimant avoir lutté avec « succès » contre le groupe État islamique (EI), même si des groupes djihadistes demeurent actifs dans un pays encore fragile.

Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.

Les États-Unis sont présents sur le sol syrien depuis des années, notamment dans le cadre de la coalition internationale contre l'EI.

La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

« Cette consolidation démontre les progrès considérables réalisés pour réduire l'attrait et les capacités opérationnelles du groupe Etat islamique, tant dans la région que dans le monde », a-t-il dit, évoquant plus globalement « le succès des États-Unis contre l'EI ».

Arrivé au pouvoir à Washington le 20 janvier, Donald Trump est depuis longtemps sceptique sur la présence militaire en Syrie. Et la chute fin décembre de Bachar al-Assad, remplacé à la tête du pays par une coalition menée par des islamistes, n'a pas changé la donne.

La prise de contrôle de pans entiers de la Syrie et de l'Irak par l'EI à partir de 2014 a déclenché l'intervention d'une coalition internationale menée par les États-Unis, dont l'objectif principal était de soutenir les unités de l'armée irakienne et les Kurdes qui combattaient l'EI au sol par les airs.

Mais Washington a alors aussi déployé des milliers de ses soldats pour soutenir ces troupes locales et mener ses propres opérations militaires.
« L'armée américaine va rester prête à mener des frappes contre ce qu'il reste de l'EI en Syrie », a déclaré vendredi le porte-parole du Pentagone, qui dit maintenir « des capacités importantes dans la région ».

Les États-Unis disposent actuellement d'environ 2 500 soldats en Irak, un chiffre appelé à diminuer.

La sécurité en Syrie reste précaire depuis la chute de Bachar al-Assad, après près de 14 ans d'une guerre déclenchée par la répression violente de manifestations antigouvernementales en 2011.

À la tête de forces de sécurité dominées par d'anciens rebelles islamistes, les autorités syriennes de transition ont la lourde tâche de maintenir la sécurité dans un pays multiethnique et multiconfessionnel où de nombreux groupes armés, parmi lesquels des djihadistes, sont encore présents.