Borrell de retour à Beyrouth pour un deuxième round de négociations

Le haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, Josep Borrell, s'adresse aux journalistes, au siège de l'UE à Bruxelles, le 12 juillet 2021. (Photo, AFP)
Le haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, Josep Borrell, s'adresse aux journalistes, au siège de l'UE à Bruxelles, le 12 juillet 2021. (Photo, AFP)
Les trois ambassadeurs lors de leur rencontre à Beyrouth ce lundi. (Photo fournie)
Les trois ambassadeurs lors de leur rencontre à Beyrouth ce lundi. (Photo fournie)
Des manifestants à Anout, dans le sud, réclament une salle de soins intensifs dédiée aux jeunes patients de la région. (Photo fournie)
Des manifestants à Anout, dans le sud, réclament une salle de soins intensifs dédiée aux jeunes patients de la région. (Photo fournie)
Des chauffeurs de camions à Saïda bloquent la circulation au pont Awali, seul point d’accès vers le sud du Liban. (Photo fournie)
Des chauffeurs de camions à Saïda bloquent la circulation au pont Awali, seul point d’accès vers le sud du Liban. (Photo fournie)
Short Url
Publié le Mardi 13 juillet 2021

Borrell de retour à Beyrouth pour un deuxième round de négociations

  • La diplomatie saoudienne, française et américaine au chevet du Liban
  • La Banque du Liban dément les rumeurs de vente de réserves en or

BEYROUTH : Le représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère, Josep Borrell, doit se rendre au Liban mardi afin de s’entretenir avec les responsables libanais.

Selon Borrell, «la situation au Liban ne s'est pas améliorée» depuis sa dernière visite trois semaines auparavant.

Lundi, la crise libanaise était à l’ordre du jour lors d’une réunion du Conseil des Affaires étrangères de l'UE.

L'agence de presse allemande DPA affirme que le Conseil envisage d’approuver officiellement des sanctions à l’encontre les responsables libanais qui nuisent à la démocratie dans leur pays. Les diplomates de l'UE seraient toutefois «divisés» à ce sujet en raison de «nombreux points techniques et judiciaires qui demeurent en suspens».

Entre-temps, une réunion diplomatique a rassemblé l'ambassadeur saoudien Walid Abdallah Al-Boukhari, l'ambassadrice américaine Dorothy Shea et l'ambassadrice française Anne Grillo à Beyrouth.

La réunion à l'ambassade saoudienne survient quelques jours après une série de rencontres entre les ambassadrices américaine et française à Riyad pour élaborer un plan d'action conjoint consacré à l'aide humanitaire et alimentaire au Liban.

Les États-Unis et la France se chargent de mobiliser l’aide afin de protéger la stabilité du pays et soutenir l'armée libanaise, d’après deux déclarations distinctes publiées la semaine dernière par leurs ambassades.

Le ballet diplomatique s’intensifie dans un contexte d’accélération de l'effondrement économique, et au milieu de craintes que la situation ne sombre dans le chaos.

Le secrétaire d'État américain Anthony Blinken, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et le ministre saoudien des Affaires étrangères Faysal ben Farhane ont discuté de la crise le mois dernier, en marge du sommet du G20 à Matera, en Italie.

Sur Twitter, Blinken avait alors évoqué une «discussion importante avec mes homologues saoudiens et français, @FaysalbinFarhane et @JY_LeDrian, au sujet des dirigeants politiques libanais qui doivent faire preuve de véritable leadership et mettre en œuvre des réformes cruellement requises afin de stabiliser l'économie et apporter au peuple libanais le secours dont il a tant besoin».

La réunion Al-Boukhari-Shea-Grillo

Dans un communiqué publié à l'issue de la réunion tripartite, l'ambassade saoudienne a déclaré que les discussions «se sont penchées sur les développements politiques les plus importants dans les arènes libanaise et régionale, en plus des dossiers d'intérêt commun».

L'ambassade des États-Unis a tweeté pour sa part que les consultations diplomatiques se sont concentrées sur «la situation économique désastreuse au Liban et sur les moyens de soutenir le plus efficacement le peuple libanais».

Parallèlement aux pourparlers, la Banque du Liban (BdL) a démenti des rumeurs selon lesquelles le gouverneur de la banque centrale, Riad Salamé, aurait vendu des réserves en or de la banque centrale.

La BdL a rassuré que «l'or du Liban est intact, il est inviolé et inviolable».

La Banque a déclaré que les réserves en or «ne sont pas hypothéquées ou bloquées pour garantie», même si certains en rêvent, selon l’institution financière, afin de poursuivre l’effondrement du Liban et d’exploiter les dernières ressources du pays «à des fins néfastes et contraires à ses intérêts».

La BdL rappelle qu'elle «compte maintenir les réserves obligatoires».

«La solution pour relancer l'économie libanaise est entre les mains des politiciens qui doivent assumer leurs responsabilités et former un nouveau gouvernement qui puisse mettre en œuvre les réformes requises et rétablir la confiance interne et externe».

Le Liban connaît la pire crise économique de son histoire moderne.

La monnaie nationale a perdu plus de 95% de sa valeur par rapport au dollar qui s'échange aujourd’hui contre 20 000 LL.

Ceci a entraîné une perte de pouvoir d'achat et des difficultés telles que les coupures d'électricité et les pénuries de médicaments, de carburant et de denrées alimentaires, et dont les subventions sont supprimées en raison de la rareté des devises étrangères.

Lundi, le ministère de la Santé a annoncé l’ouverture d’une enquête sur la mort d'une petite fille. La famille de l’enfant explique qu'elle n'a pas pu obtenir des soins adéquats en raison des pénuries qui frappent de plein fouet le secteur médical.

Âgée de neuf mois, Jouri Al-Sayed est décédée dimanche dans la ville d'Anout, au sud du Liban, des séquelles d'une pneumonie. Selon les parents, l'hôpital ne semblait pas disposer des médicaments nécessaires pour traiter l'infection.

En raison de sa température très élevée, Jouri est transférée dans un autre hôpital où elle perd la vie.

Le drame a ajouté à la colère des Libanais.

Dimanche et lundi, de nombreux militants, dont des médecins, ont annoncé sur les réseaux sociaux leur intention d'émigrer, en raison d’un «État qui tue son propre peuple».

Hamad Hassan, ministre de la Santé du gouvernement intérimaire, a rencontré une délégation du Syndicat des importateurs de médicaments et de propriétaires de pharmacies.

Un membre du conseil d'administration du syndicat, Marwan Hakim, explique que les «importateurs sont aux prises avec des problèmes techniques financiers liés aux transferts que la BdL doit effectuer aux entreprises à l'étranger. Les virements ont cessé depuis le 7 mai».

 «Si ces problèmes ne sont pas résolus, il n'y aura plus de médicaments au Liban», martèle-t-il.

Les pharmacies ont repris le travail lundi, après une grève de plusieurs jours, bien qu'elles n'aient pas atteint leur objectif d'un meilleur approvisionnement.

Un communiqué de l’Ordre des pharmaciens menace d’une nouvelle grève si le ministre de la Santé ne respecte pas son engagement «de publier des réglementations détaillées qui balisent l’usage médicaments sur la base de l'accord entre le ministère et la BdL».

L’entente permettrait aux importateurs de libérer et de distribuer des médicaments aux pharmacies, en particulier les traitements des maladies chroniques, les anti-inflammatoires et les analgésiques.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

Short Url
  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Short Url
  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

Short Url
  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".