PARIS : L'ancien patron de Renault Carlos Ghosn a rejeté toute responsabilité dans le scandale du « Dieselgate » lorsqu'il a été entendu fin mai au Liban par des juges d'instruction français, selon l'audition consultée lundi par l'AFP.
Dans ce scandale, révélé en 2015, Renault, Volkswagen, Peugeot et Citroën ont été mis en examen en mai et juin par des juges du pôle santé publique du tribunal de Paris. Fiat Chrysler est aussi menacé d'éventuelles poursuites judiciaires. Les constructeurs sont accusés d'avoir trompé les tests antipollution de véhicules diesel.
Carlos Ghosn, mis en cause par les enquêteurs au début des investigations, a été interrogé le 26 mai sous le statut de témoin par trois juges parisiens venus l'entendre à Beyrouth, où il vit depuis sa fuite du Japon fin 2019.
Pendant plus de six heures, il s'est principalement défaussé sur ses collaborateurs, assurant avoir délégué la gestion des problèmes moteurs en raison de son incompétence en la matière et de ses autres responsabilités.
« En aucun cas nous n'avons lésiné sur le respect des normes », a affirmé M. Ghosn, défendant la réputation de l'entreprise sous sa direction (2005-2019), lors de son audition dévoilée début juillet par Le Monde.
« Il y avait parfois des problèmes dus à des manques de compétences ou de performances, mais rien qui pourrait se rapprocher de ce qui est reproché à d'autres constructeurs, de la volonté de cacher sciemment des résultats », a affirmé l'homme d'affaires franco-libano-brésilien.
Sur les choix techniques, M. Ghosn a renvoyé les magistrats vers ses « directeurs des opérations ».
Les constructeurs sont accusés d'avoir trompé les contrôles antipollution en recourant à des systèmes électroniques rendant le fonctionnement du moteur moins polluant en phase de test qu'en conditions réelles de circulation.
La responsabilité de M. Ghosn avait été pointée dès novembre 2016, dans le rapport initial de la Répression des Fraudes (DGCCRF).
La DGCCRF estimait que « l'ensemble de la chaîne de direction » du groupe, jusqu'à son PDG de l'époque, était impliquée, puisque, aux yeux du gendarme de Bercy, « aucune délégation de pouvoir n'[avait] été établie par M. Ghosn », ce qui emportait sa propre responsabilité.