KABOUL: L'Afghanistan a appelé les pays européens à cesser durant les trois prochains mois d'expulser des migrants afghans, en raison de l'intensification des combats dans le pays, sur fond d'offensive tous azimuts des insurgés talibans.
L'ONU a également souligné dimanche que cette augmentation des violences générait « davantage de souffrance » et de besoin d'aide humanitaire, dans un pays déjà sévèrement touché par la sécheresse et la pandémie de Covid-19.
« L'escalade de la violence de la part du groupe terroriste taliban dans le pays et la propagation de la troisième vague de coronavirus ont créé un important désordre économique et social, suscitant inquiétudes et défis pour le peuple » afghan, estimait samedi le ministère afghan des Réfugiés et du Rapatriement dans un communiqué.
« Les pays hôtes doivent s'abstenir d'expulser de force les réfugiés afghans à compter du 9 juillet pour les trois prochains mois », selon la même source, qui n'a pas fourni de chiffres sur le nombre d'Afghans récemment rentrés d'Europe.
Le ministère annonce également que le gouvernement afghan n'acceptera plus les « retours forcés » de migrants de pays de l'Union européenne ou de pays européens hors UE avec lesquels Kaboul a conclu des accords de coopération en matière de migration.
Les Afghans constituaient en 2020 10,6% des demandeurs d'asile dans l'UE (un peu plus de 44 000 sur quelque 416 600 demandes), le deuxième contingent derrière les Syriens (15,2%), selon l'agence statistique de l'UE Eurostat.
L'ONU a enregistré près de 2,5 millions de réfugiés afghans dans le monde en 2018, la plupart installés au Pakistan, la deuxième plus importante population réfugiée du monde.
En juin, le Premier ministre italien Mario Draghi avait dit craindre un afflux de migrants afghans après le retrait définitif des forces étrangères d'Afghanistan, censé être terminé d'ici le 31 août, et avait appelé l'UE « à contenir les flux d'immigration illégale ».
« Plus de souffrances »
Au moins la moitié des quelque 39 millions d'Afghans ont actuellement besoin d'assistance, a estimé dimanche le représentant spécial adjoint des Nations unies en Afghanistan, Ramiz Alakbarov, lors d'une conférence de presse.
« Les besoins humanitaires préexistants sont exacerbés » par la situation sécuritaire qui ne cesse d'empirer, a-t-il expliqué. « L'escalade des activités militaires, du conflit et de la guerre cause encore plus de souffrances ».
A la faveur du début du retrait des forces étrangères d'Afghanistan, censé s'achever fin août, les talibans ont lancé début mai une offensive tous azimuts contre les forces afghanes qui n'ont offert jusqu'ici qu'une faible résistance, permettant aux insurgés de s'emparer de larges portions de territoire afghan.
Les forces afghanes, privées du crucial soutien aérien américain, ne contrôlent désormais plus, pour l'essentiel, que les grands axes et les capitales provinciales, dont certaines sont encerclées, et la récente mobilisation de milices laisse craindre que le pays sombre dans une nouvelle guerre civile.
Selon Alakbarov, 25 travailleurs humanitaires ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions et 63 blessés depuis le début de l'année.
Il a appelé la communauté internationale à maintenir son soutien financier à l'aide humanitaire en Afghanistan. Pour 2021, 450 millions de dollars d'aide ont été reçus, sur les 1,3 milliards demandés.
« Les besoins sont encore bien plus importants et une assistance continue est nécessaire », a déploré Alakbarov.