Ethiopie: le Premier ministre salue des élections «historiques» après sa victoire

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Publié le Dimanche 11 juillet 2021

Ethiopie: le Premier ministre salue des élections «historiques» après sa victoire

  • Selon des résultats annoncés samedi soir par la commission électorale au terme de plus de cinq heures de cérémonie officielle devant un parterre d'invités, le PP a obtenu plus de 400 des 436 sièges pour lesquels le vote a eu lieu
  • Aucune date n'a été fixée pour le Tigré, où l'opération de «maintien de l'ordre» lancée par M. Abiy en novembre pour destituer les autorités régionales dissidentes a dégénéré en un conflit dévastateur

ADDIS ABEBA : Le parti au pouvoir en Ethiopie a remporté une majorité écrasante lors des récentes et cruciales élections parlementaires, selon les résultats annoncés samedi, ouvrant la voie à un nouveau mandat pour le Premier ministre Abiy Ahmed, qui s'est félicité d'un scrutin "historique".

Le 21 juin, M. Abiy s'est présenté pour la première fois devant les électeurs depuis sa nomination en 2018, à la suite d'une vague de manifestations antigouvernementales qui avait secoué le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique.

"Ces élections seront considérées comme historiques", a déclaré samedi soir M. Abiy dans un communiqué publié sur Twitter. Le Premier ministre, 44 ans, a ajouté que son Parti de la prospérité (PP) était "heureux d'avoir été choisi par la volonté du peuple pour administrer le pays".

Lauréat du prix Nobel de la paix en 2019, il souhaitait obtenir l'onction populaire qui lui faisait défaut pour mener les réformes politiques et économiques en cours, mais aussi les opérations militaires comme celle qui dure depuis huit mois au Tigré (Nord), où les massacres et le spectre grandissant de la famine ont terni son image réformatrice.

Selon des résultats annoncés samedi soir par la commission électorale au terme de plus de cinq heures de cérémonie officielle devant un parterre d'invités, le PP a obtenu plus de 400 des 436 sièges pour lesquels le vote a eu lieu.

Cependant, des documents transmis par la commission, et qui prêtaient à confusion, ont ensuite précisé qu'il faudra procéder à un nouveau vote pour 10 circonscriptions et à un recomptage pour 3 d'entre elles.

Avec ces élections, M. Abiy entendait trancher avec les précédents scrutins, marqués par la répression et par des scores soviétiques.

En 2010 et 2015, la coalition alors au pouvoir et ses alliés avaient ainsi raflé tous les sièges. En 2005, un scrutin plus ouvert avait permis à l'opposition de progresser mais la contestation des résultats avait conduit à une sanglante répression contre les manifestants.

Arrestations et intimidations

Cette fois, le vote a été reporté deux fois - en raison de la pandémie de coronavirus, puis pour accorder plus de temps à la commission électorale, confrontée à des défis logistiques.

Malgré ce délai, le vote n'a pas eu lieu dans environ un cinquième des 547 circonscriptions du pays, en raison de ces problèmes logistiques ou des violences à caractère ethniques, qui se sont aggravées sous M. Abiy.

La majorité des circonscriptions manquantes doivent voter le 6 septembre.

Mais aucune date n'a été fixée pour le Tigré, où l'opération de "maintien de l'ordre" lancée par M. Abiy en novembre pour destituer les autorités régionales dissidentes a dégénéré en un conflit dévastateur. Face à une contre-offensive des rebelles, le gouvernement y a cependant déclaré un cessez-le-feu fin juin.

Dans certaines régions, qui pourtant votaient, la campagne électorale a été presque invisible, étouffée par un environnement hostile.

En région Oromia, la plus peuplée du pays et où M. Abiy est né, d'importants partis d'opposition comme le Congrès fédéraliste oromo (OFC) et le Front de libération oromo (OLF) ont boycotté le scrutin, dénonçant l'arrestation de certains de leurs candidats ou la mise à sac de leurs bureaux.

La Commission éthiopienne des droits humains (EHRC), un organisme indépendant mais rattaché au gouvernement, a estimé dans un rapport préliminaire qu'il n'y avait pas eu de "violations massives, généralisées et systématiques" des droits lors des élections. 

Mais elle a relevé dans certaines circonscriptions des "arrestations inappropriées", des intimidations et des "harcèlements" d'observateurs et de journalistes, avant et après le vote.

En région Oromia, l'EHRC a également constaté "plusieurs meurtres" dans "les jours précédant le vote". 

Le Mouvement national pour l'Amhara, un parti d'opposition, a déposé plusieurs plaintes auprès de la commission électorale.

"Beaucoup de nos observateurs ont été frappés et chassés par des milices du parti au pouvoir", a déclaré Dessalegn Chanie, un membre du parti.

Pour Addisu Lashitew, analyste à la Brookings Institution à Washington, une représentation même faible de l'opposition au Parlement constituerait un progrès, qui pourrait diminuer les risques d'instabilité. 

"Les gens, notamment la jeunesse, ont besoin d'être entendus donc ils devraient avoir voix au chapitre dans le processus politique", même si leur influence effective reste faible, dit-il.

Des opposants impliqués dans le jeu politique sont moins susceptibles de se "radicaliser" ou d'encourager un mouvement de manifestations de grande ampleur, a souligné cet expert.


L'Otan en plein doute sur son avenir face à la tempête Trump

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
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  • Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer.
  • les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

BRUXELLES : Les tirs de barrage américains contre les pays européens de l'Otan ébranlent jusqu'aux fondements de l'Alliance atlantique, qui a cependant toutes les peines du monde à imaginer un avenir sans les États-Unis.

Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer. Un diplomate interrogé sous couvert d'anonymat décrit l'agressivité de la nouvelle administration américaine comme un « traumatisme ».

Ce changement se fera-t-il avec ou sans les États-Unis ? La question agite les couloirs du siège de l'Alliance à Bruxelles.

« On connaît la direction : moins d'États-Unis et plus d'Europe », résume un diplomate sous couvert d'anonymat. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens.

En deux mois, Donald Trump s'en est pris au Canada qu'il entend voir devenir le 51ᵉ État américain, et au Danemark, dont il revendique l'un des territoires, le Groenland. 

Plusieurs responsables américains, dont le vice-président J. D. Vance, n'ont pas caché leur mépris à l'égard des Européens, considérés comme des « profiteurs » et des passagers clandestins d'une alliance où, dénoncent-ils, ils ne paient pas leur dû.

Depuis le 20 janvier, date du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, « l'optimisme est de moins en moins de mise », confie un diplomate. « Les États-Unis n'ont pas encore pris de décisions concrètes, mais on dirait que chaque jour est porteur d'un nouveau coup contre les fondations de l'Alliance. »

- Transition « désordonnée » -

Pour Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan et chercheur auprès de l'ECFR, trois scénarios sont possibles.

Celui de la transition ordonnée : les Américains se désengagent, mais en bon ordre, à la suite d'une négociation qui donne aux Européens le temps de se préparer. « Cela permet d'éviter les incertitudes », assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Celui de la transition « désordonnée » : les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

Le retrait se fait « en mode crise », avec des « menaces et des annonces désordonnées ». C'est « le scénario dominant » aujourd'hui, estime l'analyste.

Il y a aussi le scénario cauchemar pour nombre d'Alliés : le retrait « de facto ou de jure ». Les États-Unis se désintéresseront de la défense du continent européen.

Donald Trump exige que les Européens et les Canadiens consacrent au moins 5 % de leur PIB à cette défense, alors qu'ils sont à moins de 2 % pour l'Italie ou l'Espagne. La marche est très haute. Mais tous savent qu'il faudra « annoncer » quelque chose au sommet de l'OTAN en juin, selon un diplomate.

Le Secrétaire général de l'Alliance Mark Rutte a évoqué un chiffre entre 3,5 et 3,7 %. Ce sera difficile, mais c'est une question de priorités dans les dépenses nationales, ajoute-t-il. 

Personne ne sait si ce chiffre sera suffisant pour Donald Trump.

- "Cinq ans" -

En attendant, beaucoup à Bruxelles et dans les autres capitales européennes s'interrogent sur un "après" Etats-Unis.

"Nous avons toujours su que le moment viendrait où l'Amérique se retirerait en quelque sorte et où l'Europe devrait faire davantage", rappelle ainsi Jamie Shea, ancien porte-parole de l'Otan et expert auprès du think tank londonien Chatam House.

Et le calendrier est très serré. Les Européens ont "cinq ans" pour recréer une dissuasion face à la menace russe, juge ainsi Camille Grand. Un calcul basé sur le temps jugé nécessaire, selon plusieurs services de renseignement, pour que la Russie reconstitue son armée et soit en mesure de menacer un pays de l'Otan, explique-t-il. 

Selon cet expert français, les Européens en sont capables, même si un investissement substantiel sera nécessaire pour combler l'apport américain en termes de renseignement, de satellites ou de logistique. « Il n'y a pas de raison que 500 millions d'Européens ne puissent pas dissuader 140 millions de Russes », assure-t-il.

Plusieurs pays en doutent. « Les États-Unis restent indispensables pour une dissuasion crédible », estime ainsi un diplomate européen auprès de l'Otan.


Le Wisconsin, théâtre d'une première défaite électorale pour Trump et Musk

 Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin,
  • En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d'ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d'Elon Musk.

Selon les projections de plusieurs médias américains, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté un siège pour dix ans à la Cour suprême de cet État de la région des Grands Lacs.

Elle faisait face à Brad Schimel, soutenu par Donald Trump et par le multimilliardaire Elon Musk, et dont la victoire aurait fait basculer la haute instance du Wisconsin du côté conservateur.

En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias.

Mardi soir, le président a mis à profit sa plateforme Truth Social pour se féliciter des deux « larges » victoires de son camp en Floride, mettant en avant son « soutien » aux candidats.

Il n'a en revanche pas commenté le résultat pour la Cour suprême du Wisconsin, préférant y retenir l'adoption, par un référendum organisé le même jour, d'une mesure obligeant les électeurs à présenter une pièce d'identité avec photo afin de pouvoir voter.

« C'est une grande victoire pour les républicains, peut-être la plus grande de la soirée », a-t-il écrit.

« Le plus important » 

Elon Musk n'a pas non plus réagi à la défaite de Brad Schimel, et a plutôt salué l'issue du référendum local. « C'était le plus important », a-t-il affirmé sur son réseau social X.

Le patron de Tesla et Space X s'inquiétait d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. État pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« C'est l'une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale », avait lancé Elon Musk mardi.

Le président républicain avait, lui, publié lundi sur Truth Social un message de soutien à Brad Schimel. Il s'en était surtout pris à Susan Crawford, qui serait, selon lui, « un désastre pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique ».

Un peu plus de deux mois après le début de son mandat, les enquêtes d'opinion indiquent une baisse relative de la popularité de Donald Trump. Ces élections dans le Wisconsin et en Floride étaient les premières véritables épreuves auxquelles il faisait face dans les urnes depuis novembre.

Campagne onéreuse 

Mardi, le trumpiste Randy Fine a bien remporté le siège en jeu à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus mince qu'il y a quelques mois.

Ces résultats ont « de quoi donner des sueurs froides à mes collègues républicains », a déclaré sur la chaîne MSNBC Hakeem Jeffries, responsable de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela fait écho à la difficulté de l'opposition à se faire entendre depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans le Wisconsin, les deux camps avaient sorti l'artillerie lourde pour une élection qui, d'ordinaire, passe inaperçue dans le reste du pays.

Selon le Centre Brennan de l'université de New York, c'est « le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine », avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.

Elon Musk n'est pas étranger à cela.

« Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m'empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin », a lancé dimanche Susan Crawford lors d'un rassemblement.

Son équipe de campagne avait récemment accusé Elon Musk de vouloir « acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable » dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.