WASHINGTON: La ville américaine de Charlottesville a déboulonné samedi les statues de deux généraux confédérés, symboles honnis du sud esclavagiste des Etats-Unis, qui avaient été à l'origine d'affrontements meurtriers entre militants d'extrême droite et manifestants antiracistes en 2017.
Ces statues, du général Robert Lee, chef de l'armée sudiste pro-esclavage pendant la guerre de Sécession, et du général Thomas « Stonewall » Jackson, tous deux en uniforme et à cheval, se trouvaient dans deux petits parcs près du centre historique de cette ville de l'Etat de Virginie.
Des ouvriers de la municipalité ont démonté les deux statues à l'aide d'une grue, devant quelques personnes et sous des hourras et applaudissements, ne laissant que leurs piédestaux qui seront déplacés ultérieurement.
« Retirer cette statue représente un petit pas vers l'objectif d'aider Charlottesville, la Virginie et l'Amérique à se confronter au péché que représente le fait d'avoir été jusqu'à détruire des personnes noires pour des profits », a affirmé la maire de la ville, Nikuyah Walker, avant le début des opérations.
En février 2017, la municipalité avait déjà autorisé l'enlèvement de ces statues, vues comme des symboles du passé raciste et esclavagiste de l'Amérique.
Mais en août de la même année, des centaines de membres de l'ultra-droite avaient manifesté sous la bannière du mouvement « Unite the right », pour protester contre ce projet.
Au terme de ce rassemblement, des heurts avaient éclaté entre suprémacistes blancs et contre-manifestants.
Ces derniers avaient été pris pour cible par un sympathisant néo-nazi, qui leur avait foncé dessus en voiture, tuant une femme de 32 ans, Heather Heyer, et blessant des dizaines de personnes.
Le président Donald Trump s'était contenté de dénoncer des violences « des deux côtés », s'attirant une avalanche de critiques.
La municipalité avait alors recouvert les deux statues d'un plastique noir en hommage aux victimes des violences.
Les statues vont être conservées en attendant que le conseil municipal ne décide de leur sort, a annoncé la ville, qui a reçu dix propositions d'organisations publiques ou privées souhaitant les récupérer, dont quatre originaires de l'Etat de Virginie.
Depuis le meurtre de l'Afro-Américain George Floyd par un policier blanc en mai 2020, de nombreux monuments à la gloire de l'armée confédérée ont été retirés, soit par les autorités, soit par des manifestants protestant contre le racisme aux Etats-Unis.
Pendant la guerre de Sécession (1861-1865), le Sud avait pris son indépendance des Etats-Unis et se battait pour maintenir la pratique de l'esclavage, aboli dans le reste du pays. La Virginie, où se sont installés les premiers colons anglais, était alors le coeur de l'Amérique esclavagiste.
Les drapeaux et monuments confédérés sont maintenant souvent considérés comme des symboles racistes, même si leurs partisans expliquent y voir un simple héritage de l'histoire du pays.
Charlottesville avait déjà enlevé en septembre 2020 la statue d'un soldat confédéré tenant un fusil, érigée en 1909.