Comment la saoudisation contribue à l’expansion du secteur privé

Le nombre de nouveaux employés saoudiens ayant rejoint le secteur privé s’élève à 121 000 au premier trimestre de 2021, selon un rapport publié par le Fonds de développement des ressources humaines. (Photo, AFP)
Le nombre de nouveaux employés saoudiens ayant rejoint le secteur privé s’élève à 121 000 au premier trimestre de 2021, selon un rapport publié par le Fonds de développement des ressources humaines. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 09 juillet 2021

Comment la saoudisation contribue à l’expansion du secteur privé

  • Le secteur financier et des assurances connaissent une forte croissance en termes de recrutement local
  • Le ministre saoudien des Ressources humaines et du Développement social, Ahmed al-Rajhi, a fait part de son intention de créer 40 000 nouveaux emplois

DUBAÏ: Pour mener à bien ses objectifs du projet Vision 2030, l’Arabie saoudite encourage non seulement le recrutement de Saoudiens à des postes de direction dans le secteur privé, mais tente également d’investir dans leur avenir afin de les pousser à rester et promouvoir ainsi une économie dynamique et diversifiée. 

Le Royaume est sur la bonne voie, compte tenu des indicateurs de performance. Le nombre de nouveaux employés saoudiens ayant rejoint le secteur privé s’élève à 121 000 au premier trimestre de 2021, selon un rapport publié par le Fonds de développement des ressources humaines.

En avril dernier, un autre rapport publié par l’Observatoire national du travail montre que la saoudisation du secteur privé est passée à un taux de 22,75 % au premier semestre contre 20,37 % au cours de la même période l’année dernière.

Sept grands groupes du secteur privé ont atteint un taux de saoudisation de 50 %. Alors que le taux est proche de 25 % dans l’ensemble du secteur privé, le quotidien Al-Eqtisadiah rapporte que le secteur financier et celui des assurances ont atteint un taux de 83,6 %.

Ces secteurs sont suivis par ceux de l’administration publique, la défense et l’assurance sociale obligatoire à 71,9 %, les mines et les carrières à 63,2 %, l’éducation à 52,9 %, ainsi que l’information et les communications à 50,7 %.

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Parmi les pays du Conseil de coopération du Golfe, c'est l'Arabie saoudite qui dépend le moins de la main-d'œuvre étrangère, avec un taux de près de 77 %, tandis que le Qatar est le pays qui dépend le plus de la main-d'œuvre étrangère, avec un taux de quelque 94 %. (Photo, réseaux sociaux)

Selon les données de S&P Ratings, l’Arabie saoudite enregistre le taux de dépendance le plus faible vis-à-vis de la main-d’œuvre étrangère (77 %), et le Qatar le plus haut (près de 94 %), parmi les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Le ministre saoudien des Ressources humaines et du Développement social, Ahmed al-Rajhi, a fait part de son intention de créer 40 000 nouveaux emplois dans les domaines du droit, des douanes, de l’immobilier, du cinéma, des auto-écoles, des métiers techniques et de l’ingénierie avec un objectif global de 203 000 emplois pour cette seule année.

Bien que le processus de saoudisation soit en cours depuis 1985, d’importantes réformes économiques et réglementaires ont été validées au cours de ces dernières années, dans le contexte du projet Vision 2030. Elles visent à accroître la participation des jeunes Saoudiens à l’économie, à promouvoir les secteurs non pétroliers et à améliorer la qualité de vie dans son ensemble.

«Dans le cadre des différents programmes et réformes du projet Vision 2030, l’essor de la saoudisation a contribué à dynamiser différents aspects de l’économie, notamment le tourisme, les infrastructures et l’éducation», déclare Mona Althagafi, directrice nationale pour l’Arabie saoudite auprès de la société britannique de services internationaux Serco, dans un entretien à Arab News.

«L’autre indicateur de l’augmentation de la saoudisation est le fait que le gouvernement ait consacré 177 postes exclusivement à des Saoudiens. Bien qu’ils aient été lancés en majorité sur des postes moins qualifiés, ils devraient évoluer vers des postes à responsabilité.»

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La saoudisation, officiellement connue sous le nom de schéma de nationalisation saoudienne, ou Nitaqat, est considérée comme une étape indispensable à la prospérité économique. (Photo, AFP)

La saoudisation, officiellement connue sous le nom de schéma de nationalisation saoudienne, ou Nitaqat, est considérée comme une étape indispensable à la prospérité économique. Le secteur privé a, lui aussi, tout à y gagner.

«Grâce aux réformes mises en place au sein du Royaume, les entreprises attireront les jeunes générations saoudiennes», explique Mona Althagafi.

En embauchant des employés plus jeunes ou des personnes récemment diplômées, les entreprises internationales se rendent attrayantes sur de marché de l’emploi des jeunes, tandis que les nouvelles recrues saoudiennes peuvent acquérir une expérience internationale, ce qui profite à l'économie locale.

«Embaucher des employés qui ont moins d’expérience permet en outre aux entreprises de les former aux normes et aux méthodes qu’elles privilégient tout en donnant aux Saoudiens la possibilité d’explorer de nouveaux environnements qui les aident à renforcer leurs compétences et, par la suite, à développer l’économie saoudienne.»

En sa qualité de fervent partisan de la saoudisation, Serco déclare avoir identifié plusieurs moyens de s'assurer que le Royaume adopte la bonne approche. L'une d'entre elles est la formation, qui est trop souvent négligée.

«Faire fi de la formation et du développement, c’est passer complètement à côté de l’essentiel et nuisible pour le pays dans lequel vous exercez vos activités avec succès et de manière rentable», écrit Hana Abu Kharmeh, directrice régionale des ressources humaines de Serco dans une tribune publiée par le HR Observer.

«En prenant le temps de trouver le bon candidat pour un poste tout en faisant les investissements nécessaires afin de développer ses compétences et le former, vous renforcerez non seulement son aptitude à favoriser l’essor de vos activités, mais également son engagement envers votre entreprise et sa vision.»

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En sa qualité de fervent partisan de la saoudisation, Serco déclare avoir identifié plusieurs moyens de s'assurer que le Royaume adopte la bonne approche. (Photo fournie/Serco)

Conformément aux objectifs du projet Vision 2030 du Royaume, Serco a pour objectif de renforcer les talents locaux afin de leur permettre de devenir les leaders de demain. Serco propose une série de programmes de développement destinés aux Saoudiens à tous les niveaux de l’entreprise.

«Nous proposons, au nom des gouvernements locaux et centraux, une gamme complète de programmes de développement des compétences, de la formation et des talents, notamment la formation et l’évolution professionnelle, le développement du leadership, ainsi que des programmes qui répondent aux attentes spécifiques des communautés. Ces programmes ciblent également les besoins des entreprises locales en matière de croissance, en soutien aux objectifs de nationalisation du gouvernement», ajoute Mme Althagafi. 

Serco a récemment initié le programme baptisé «Fursati» qui s’adresse aux étudiants saoudiens. Ce dernier propose aux étudiants des universités locales un stage de huit semaines au sein de Serco pour les pousser à se familiariser avec les conditions de travail dans un environnement concurrentiel international.

«Les étudiants pourront bénéficier d’un apprentissage théorique et pratique dans les domaines qu’ils ont choisis pour leurs stages et en apprendront davantage sur les parcours professionnels qui s’offrent à eux chez Serco», poursuit Mona Althagafi.

Bien que les emplois au sein du secteur public soient considérés comme plus sûrs et prestigieux, les nouvelles collaborations entre les entreprises du secteur privé, les établissements d’enseignement et les décideurs pourraient changer la donne.

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Mona Althagafi, directrice nationale pour l’Arabie saoudite auprès de la société britannique de services internationaux Serco. (Photo fournie/Serco)

«Les entreprises privées sont en concurrence avec les entités publiques concernant le recrutement de talents locaux. Pour accroître la saoudisation, c’est dans le secteur privé qu’il faut favoriser la création d’emplois», indique Mme Althagafi.

«Ces dernières années, le gouvernement saoudien a réussi à réduire le nombre d’employés étrangers. Il continuera de prôner la saoudisation afin de remplacer les travailleurs étrangers par des employés saoudiens.»

«Les Saoudiens ont toutefois tendance à ne pas accepter d’occuper certains postes. Par conséquent, la saoudisation se fera lentement car il existera une dépendance vis-à-vis des travailleurs étrangers pour ces postes.»

Serco n’est pas la seule entreprise étrangère à encourager la saoudisation. Le géant aéronautique américain Boeing soutient activement l’industrie saoudienne et le recrutement local.

L’entreprise a signé un contrat avec Saudia Aerospace Engineering Industries et Alsalam Aerospace Industries en 2015 afin de créer la Saudi Rotorcraft Support Company dans laquelle les équipes de maintenance et les pilotes saoudiens suivent des formations.

Boeing a également initié le KSA College Graduate Program afin de créer des opportunités d’emploi pour les jeunes ingénieurs saoudiens diplômés d’écoles américaines, leur permettant d’acquérir une expérience professionnelle avant de revenir au Royaume. 

L’année dernière, le géant suédois des télécommunications, Ericsson, a reçu le prix Rawafed de la saoudisation pour ses efforts d’identification et de fidélisation des meilleurs talents locaux.

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L’un des moyens d’aborder la nationalisation est de former les jeunes aux possibilités qui les attendent, en éliminant les craintes de travailler en dehors du secteur public. (Photo fournie)

Ericsson élargit son vivier de talents dans le Royaume depuis 2017. L’entreprise souhaite attribuer plus de postes de direction à des Saoudiens. Le groupe a également élaboré un programme d’études supérieures en partenariat avec des universités afin d’attirer les meilleurs talents en ingénierie et leur garantir une carrière des plus valorisantes. En 2020, Ericsson a également reçu le titre d’«Employeur de choix pour les jeunes saoudiens».

Bien qu’il soit encore trop tôt pour que la stratégie du gouvernement saoudien réduise la dépendance du secteur privé à l’égard des travailleurs expatriés, Mme Althagafi estime que les jeunes saoudiens commencent à en reconnaître les avantages, grâce aux investissements de l’État dans l’éducation.

Selon Mona Althagafi, l’éducation constitue un véritable défi et doit faire l’objet d’une attention particulière. Le gouvernement saoudien a donc décidé d’augmenter les dépenses en matière d’enseignement pour perfectionner les talents locaux.

Trouver le bon candidat pour un poste donné est la clé du succès des entreprises privées. Le défi est de pouvoir renforcer les compétences des Saoudiens durant l’exercice de leur mission.

«De trop nombreuses entreprises considèrent encore la nationalisation comme un exercice de plus, alors qu'en réalité, cette dernière est non seulement bénéfique pour les employés mais aussi pour les employeurs et, en fin de compte, pour le Royaume.»

«La saoudisation ne peut réussir que si les secteurs privé et public travaillent ensemble. Il est extrêmement important que les deux ne soient pas en concurrence», confie Mona Althagafi.

«Grâce à la saoudisation, le secteur privé peut offrir aux jeunes saoudiens de meilleures opportunités, plus attrayantes, bénéfiques, financièrement viables et permettant un niveau de vie auquel les Saoudiens aspirent.»

 

Twitter: @CalineMalek

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite progresse dans l'indice mondial 2025 de la propriété intellectuelle

Ces progrès sont le résultat d'une transformation complète de l'écosystème national de la propriété intellectuelle, avec notamment le renforcement des cadres juridiques et des mécanismes d'application. (Photo Fournie)
Ces progrès sont le résultat d'une transformation complète de l'écosystème national de la propriété intellectuelle, avec notamment le renforcement des cadres juridiques et des mécanismes d'application. (Photo Fournie)
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  • L'Arabie saoudite a réalisé des progrès notables dans l'indice mondial de la propriété intellectuelle 2025, avec un score en hausse de 17,5 %.
  • Ce qui la positionne parmi les économies qui progressent le plus rapidement parmi les 55 pays évalués.

RIYAD : L'Arabie saoudite a réalisé des progrès notables dans l'indice mondial de la propriété intellectuelle 2025, avec un score en hausse de 17,5 %, ce qui la positionne parmi les économies qui progressent le plus rapidement parmi les 55 pays évalués.

Selon la 13 e édition de l'indice, publiée par la Chambre de commerce des États-Unis, le Royaume se classe désormais au 40^e rang mondial, reflétant les réformes importantes menées dans le cadre de sa stratégie Vision 2030. Ces réformes visent à renforcer la protection de la propriété intellectuelle, à encourager l'innovation et à soutenir la croissance d'une économie basée sur la connaissance.

Depuis 2019, le score global de l'Arabie saoudite est passé de 36,6 % à 53,7 %, marquant une amélioration cumulée de plus de 40 % en seulement six ans.

Ces progrès découlent d'une transformation complète de l'écosystème de la propriété intellectuelle du pays, avec notamment le renforcement des cadres juridiques et des mécanismes d'application. 

Parmi les principales étapes notées dans le rapport, figurent l'extension de la protection des dessins et modèles de 10 à 15 ans, la création d'un bureau des poursuites spécialisé dans les affaires de propriété intellectuelle, ainsi que le lancement d'outils avancés d'application en ligne pour les droits d'auteur et les marques.

Ces développements soulignent la capacité institutionnelle croissante de l'Arabie saoudite et la modernisation réglementaire en cours, sous l'égide de l'Autorité saoudienne pour la propriété intellectuelle.

Le rapport a également mis en évidence des avancées significatives dans les initiatives de sensibilisation du public, la collaboration entre les agences et l'adhésion de l'Arabie saoudite à des traités internationaux clés en matière de propriété intellectuelle. Ces avancées ont permis d'aligner le cadre de la propriété intellectuelle du Royaume sur les normes mondiales. 

L'Arabie saoudite a notamment obtenu de meilleurs résultats en ce qui concerne l'application des droits, la participation aux traités internationaux et l'efficacité de son système d'application des droits d'auteur. Ces avancées renforcent l'ambition du royaume de devenir un centre régional et mondial d'innovation et de créativité.

En favorisant un environnement plus transparent et fiable en matière de propriété intellectuelle, l'Arabie saoudite attire davantage d'investissements étrangers tout en permettant aux entrepreneurs locaux de développer des idées, des produits et des technologies innovants. 

La Chambre de commerce des États-Unis a salué les efforts institutionnalisant les droits de propriété intellectuelle déployés par le Royaume, faisant de l'Arabie saoudite un modèle pour les marchés émergents.

Dans le même temps, les Émirats arabes unis ont également obtenu d'excellents résultats dans l'indice 2025, se classant au 26^e rang mondial avec un score global de 60,66 %. Les Émirats arabes unis ont été félicités pour la solidité de leurs protections en matière de brevets et de marques, pour l'application cohérente de la législation et pour leur engagement résolu en faveur de la transformation numérique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Algérie, Arabie saoudite : une dynamique de coopération globale en plein essor

Forum d'affaires algéro-saoudien. Alger (Photo Fournie)
Forum d'affaires algéro-saoudien. Alger (Photo Fournie)
Forum d'affaires algéro-saoudien. Alger (Photo Fournie)
Forum d'affaires algéro-saoudien. Alger (Photo Fournie)
Forum d'affaires algéro-saoudien. Alger (Photo Fournie)
Forum d'affaires algéro-saoudien. Alger (Photo Fournie)
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  • La relation entre l’Algérie et l’Arabie saoudite connaît une avancée remarquable, portée par une vision commune en matière de développement, d’intégration régionale et de stabilité.
  • Ces dernières années, Alger et Riyad ont multiplié les cadres de dialogue économique, sécuritaire et diplomatique, explorant de nouveaux leviers de coopération.

RIYAD : Une délégation d’hommes d’affaires saoudiens a rencontré dimanche ses homologues algériens en vue de promouvoir et de dynamiser les relations économiques entre deux pays influents sur la scène régionale arabe, africaine et internationale à l’hôtel Sheraton dans la capitale algérienne.

Organisé par la Chambre algérienne de commerce et d’industrie (CACI), cet événement cherche à explorer les opportunités de partenariat et d’investissement, notamment dans les secteurs de l’agroalimentaire, de l’agriculture, du tourisme et du bâtiment. 

Abdullah Bin Nasser Al Bussairy, l’ambassadeur du Royaume d’Arabie saoudite en Algérie, a évoqué les relations économiques bilatérales « profondes et enracinées » entre les deux pays. Il a également invité les hommes d’affaires saoudiens à profiter des opportunités d’investissement qu’offre l’Algérie, notamment grâce aux nouvelles mesures favorisant l'investissement. 

Selon le diplomate saoudien, la valeur des échanges commerciaux entre les deux pays, qui s'élève à environ un milliard de dollars, « ne reflète pas le niveau des relations bilatérales solides ». 

Relations bilatérales

La relation entre l’Algérie et l’Arabie saoudite connaît une avancée remarquable, portée par une vision commune en matière de développement, d’intégration régionale et de stabilité. Des échanges réguliers, des projets concrets et une volonté politique affirmée contribuent à faire de ce partenariat l’un des plus solides et prometteurs de la région arabe et africaine.

Ces dernières années, Alger et Riyad ont multiplié les cadres de dialogue économique, sécuritaire et diplomatique, explorant de nouveaux leviers de coopération dans les domaines de l’énergie, de l’agro-industrie, de la finance, des infrastructures et de la logistique, mais aussi, de manière croissante, dans les technologies de pointe.

Une montée en puissance de la coopération technologique et entrepreneuriale

L’Algérie marque désormais une présence affirmée dans les grands rendez-vous économiques régionaux, témoignant ainsi d'une montée en puissance de sa coopération technologique et entrepreneuriale. En mars dernier, le pavillon national algérien lors du salon LEAP 2025 à Riyad, l’un des plus grands salons mondiaux consacrés à la technologie et à l’innovation, témoigne de cette ambition partagée.

Des startups, des incubateurs, des agences publiques et des entreprises technologiques algériennes y ont présenté des solutions concrètes dans les domaines de l’intelligence artificielle, de la cybersécurité, de la santé numérique, des GreenTech et des plateformes de services intelligents. Cette participation, saluée par les milieux d’affaires régionaux, a confirmé le potentiel de créations de synergies bilatérales dans l’écosystème numérique.

L’Algérie et l’Arabie saoudite affichent une volonté claire de renforcer leurs échanges dans les domaines de la technologie, des industries créatives et de l’innovation entrepreneuriale, en favorisant les liens directs entre jeunes entreprises, institutions d’appui et fonds d’investissement.

Un carrefour stratégique entre l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique

La coopération économique entre l’Algérie et l’Arabie saoudite s’inscrit dans une vision géo-économique partagée, fondée sur la complémentarité et l'accès aux marchés régionaux. Grâce à sa position centrale sur la Méditerranée, à son ouverture naturelle vers le Sahel et l’Afrique subsaharienne, ainsi qu'à ses infrastructures logistiques en pleine modernisation, l’Algérie se positionne comme un carrefour régional incontournable, au carrefour des flux commerciaux entre l’Europe, le monde arabe et le continent africain.

Les investissements saoudiens, déjà présents dans des secteurs comme l’agriculture, l’énergie et la finance islamique, bénéficient désormais d’un environnement propice à l’élargissement de leur portée. Les zones industrielles intégrées, comme celle de Tamanrasset, conçues pour jouer un rôle de plateforme vers le Niger, le Mali ou encore le Nigeria, offrent de nouvelles perspectives d’implantation pour les chaînes de valeur saoudiennes.

Les pôles logistiques du Sud, notamment ceux d’Adrar et d’In Guezzam, s’insèrent dans un vaste projet de corridors transsahariens favorisant l’exportation depuis l’Algérie vers l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest.

Ce potentiel est renforcé par l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), à laquelle l’Algérie a pleinement adhéré. Dans ce cadre, les produits saoudiens fabriqués ou assemblés en Algérie peuvent accéder à plus de quarante marchés africains sans droits de douane, représentant un bassin de consommation de plus de 1,4 milliard d’habitants.

Ce statut d’accès préférentiel place l’Algérie en position de levier stratégique pour les entreprises saoudiennes désireuses d’investir sur le long terme sur le continent africain, tout en sécurisant leur chaîne logistique à proximité du Golfe et de l’Europe.

Selon les dernières estimations de la Banque mondiale, l’économie africaine dans son ensemble devrait enregistrer une croissance moyenne de 3,8 % en 2025, portée par la demande énergétique, les transitions numériques et l’urbanisation rapide.

L’Algérie, de son côté, pourrait atteindre une croissance du PIB non pétrolier de 4 à 5 % par an d’ici 2027, en accélérant sa diversification économique et ses réformes structurelles. Dans cette dynamique, la coopération algéro-saoudienne constitue une opportunité concrète d’industrialisation partagée, de montée en gamme technologique et d’intégration régionale durable.

Ainsi, en unissant leurs forces autour de projets structurants, l’Algérie et l’Arabie saoudite créent les conditions d’un partenariat Sud-Sud solide, fondé sur la transformation locale, l’exportation continentale et la souveraineté économique.

Convergence diplomatique et coopération sécuritaire

La relation algéro-saoudienne repose également sur une solide convergence diplomatique et une vision sécuritaire commune, fondée sur le respect mutuel, la non-ingérence et la promotion de la stabilité régionale.

Les nombreuses consultations de haut niveau entre ministères des Affaires étrangères et de la Défense, ainsi que les gestes politiques forts, en sont la preuve. Le chef d’état-major saoudien a ainsi pris part à la célébration du 1^(er) novembre 2024 à Alger, témoignant de la reconnaissance de l’histoire de l’Algérie et marquant un geste fort de fraternité militaire entre les deux pays.

Sur les questions régionales, Alger et Riyad partagent une vision stratégique similaire des enjeux de sécurité en Afrique du Nord, au Sahel, en Libye et au Soudan. Ils soutiennent des solutions fondées sur les processus politiques, la souveraineté des États et la coopération régionale inclusive, et s'opposent aux logiques de confrontation ou d'hégémonie.

Vers un partenariat global et structurant

La dynamique algéro-saoudienne s’inscrit désormais dans une perspective à long terme, où l’économie, la sécurité et la diplomatie s’articulent autour d’un objectif commun : favoriser un développement durable, souverain et pacifique dans un environnement régional en pleine mutation.

L’Algérie, acteur stabilisateur reconnu, et l’Arabie saoudite, puissance de transformation au sein du monde arabe et musulman, œuvrent de concert pour établir un partenariat équilibré, fondé sur la complémentarité, l’innovation et la confiance mutuelle.

L’Algérie et l’Arabie saoudite avancent aujourd’hui avec détermination sur une trajectoire commune, fondée sur la confiance, la complémentarité et la vision.

Depuis Alger jusqu'à Riyad, c'est une même ambition qui se dessine, celle de bâtir un avenir plus prospère, plus sûr et plus solidaire, au service de leurs peuples et de la stabilité régionale.


La télémédecine propulsée par l'IA réinvente le paysage sanitaire saoudien

Légende: La stratégie de santé numérique saoudienne poursuit son évolution, avec des développements futurs qui devraient inclure une utilisation accrue des objets connectés, de la modélisation prédictive et du diagnostic assisté par intelligence artificielle. (SPA)
Légende: La stratégie de santé numérique saoudienne poursuit son évolution, avec des développements futurs qui devraient inclure une utilisation accrue des objets connectés, de la modélisation prédictive et du diagnostic assisté par intelligence artificielle. (SPA)
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  • Le Royaume accélère le déploiement des technologies d'intelligence artificielle, transformant radicalement la prestation des soins de santé.
  • En Arabie saoudite, cependant, les plateformes basées sur l'IA contribuent à combler ces lacunes en facilitant les consultations à distance, en optimisant les processus cliniques et en favorisant la détection précoce des maladies.

RIYAD: L'Arabie saoudite s'impose rapidement comme un pionnier régional dans le domaine des soins de santé pilotés par l'intelligence artificielle. Le pays exploite la télémédecine et les innovations numériques pour moderniser son infrastructure médicale et élargir l'accès aux soins, notamment dans les régions isolées et mal desservies.

Guidé par son ambitieux programme Vision 2030 et porté par des investissements croissants dans la santé numérique, le Royaume accélère le déploiement des technologies d'IA, transformant profondément la façon dont les soins sont dispensés, gérés et vécus par les patients.

Vikas Kharbanda, associé et responsable du secteur de la santé chez Arthur D. Little Moyen-Orient, a confié à Arab News que la télémédecine alimentée par l'IA permet aux prestataires de passer d'une approche réactive à une gestion proactive de la santé, "particulièrement cruciale dans les zones reculées où l'infrastructure physique est difficile et coûteuse à développer et à exploiter."

Historiquement, l'accès aux soins de santé dans le monde arabe a été inégal, les populations rurales étant souvent privées de services spécialisés. En Arabie saoudite, cependant, les plateformes basées sur l'IA contribuent à combler ces lacunes en facilitant les consultations à distance, en optimisant les processus cliniques et en favorisant la détection précoce des maladies.

L'une des initiatives phares du Royaume est l'Hôpital Virtuel Seha, un établissement entièrement numérique qui exploite l'IA pour les diagnostics et met en réseau des spécialistes médicaux situés dans différents endroits pour des consultations en temps réel. Kharbanda décrit l'Hôpital Virtuel Seha comme "un premier pas pour démontrer tout l'éventail des possibilités offertes par la convergence des capacités numériques dans l'environnement des soins de santé."
"Avec le développement rapide des consultations virtuelles, des soins intensifs numériques, des prescriptions électroniques, des processus de distribution et du diagnostic assisté par IA, le programme commence à révéler le potentiel d'un modèle de prestation de soins virtuel et la valeur qu'il peut créer pour un système de santé," a-t-il souligné.

Kharbanda a ajouté que l'hôpital "a créé une plateforme à partir de laquelle des fonctionnalités spécifiques peuvent être sélectionnées et diffusées dans l'ensemble du système de santé. La commercialisation des infrastructures du secteur public vers le secteur privé pourrait accélérer considérablement la diffusion de ces capacités dans tout le réseau."

Une autre innovation notable est Nala, une plateforme numérique qui utilise l'IA depuis 2022 pour offrir des recommandations de soins personnalisées basées sur les données individuelles. Nala s'intègre aux objets connectés pour surveiller les signes vitaux et signaler les risques potentiels. En 2023, la plateforme a été acquise par Integrative Health, un réseau de centres de soins d'urgence pilotés par l'IA dans le Royaume.

L'innovation technologique au service des patients

La télémédecine demeure une pierre angulaire de la stratégie de santé numérique saoudienne. Les consultations virtuelles contribuent à désengorger les hôpitaux et les cliniques en permettant aux patients de consulter des professionnels de santé à distance, éliminant ainsi les déplacements et simplifiant l'accès aux soins spécialisés.

"La télémédecine pourrait être un formidable catalyseur pour l'accès aux soins et aux capacités d'IA, particulièrement en ce qui concerne l'évaluation des risques sanitaires, le diagnostic à distance et le triage. En réunissant potentiellement les modèles de financement et de prestation de soins de manière plus systématique, elle pourrait fondamentalement transformer la gestion actuelle de la santé sur le marché," a précisé Kharbanda. 

Vikas Kharbanda, associé et responsable du secteur de la santé chez Arthur D. Little Moyen-Orient
Vikas Kharbanda, associé et responsable du secteur de la santé chez Arthur D. Little Moyen-Orient

"La télémédecine pourrait être un formidable catalyseur pour l'accès aux soins et aux capacités d'IA, particulièrement en ce qui concerne l'évaluation des risques sanitaires, le diagnostic à distance et le triage. En réunissant potentiellement les modèles de financement et de prestation de soins de manière plus systématique, elle pourrait fondamentalement transformer la gestion actuelle de la santé sur le marché." 
Vikas Kharbanda, associé et responsable du secteur de la santé chez Arthur D. Little Moyen-Orient

La forte pénétration des smartphones et l'accès généralisé à Internet ont favorisé l'adoption de ces outils. Babylon Health, en partenariat avec Saudi Telecom Co., propose une application basée sur l'IA pour l'évaluation des symptômes et les consultations, tandis que la plateforme locale Cura offre des services similaires avec diagnostic à distance et prescriptions numériques.

L'IA: le catalyseur d'une révolution sanitaire

L'intelligence artificielle est également déployée pour soutenir la prise de décision clinique, personnaliser les plans de traitement et fournir des analyses prédictives qui améliorent les soins aux patients. Les hôpitaux saoudiens intègrent de plus en plus l'apprentissage automatique pour optimiser leurs opérations et améliorer les résultats de santé.

Selon un rapport de GlobalData, des systèmes de surveillance alimentés par l'IA sont maintenant utilisés dans de nombreux établissements de santé du Royaume. Ces systèmes exploitent l'analyse en temps réel et les technologies de capteurs pour renforcer la sécurité des patients et alléger la pression sur le personnel soignant, offrant un aperçu de la façon dont la technologie intelligente transforme le quotidien des soins cliniques.

"La plupart des solutions responsables de télémédecine basées sur l'IA sont développées comme outils d'assistance clinique," explique Hannah Gibson, directrice des partenariats britanniques et mondiaux chez Visiba. "Le triage des consultations en personne n'est pas toujours nécessaire et, lorsqu'il l'est, devrait être plus efficace."

Cependant, le développement d'outils d'évaluation comparative pour les systèmes d'IA reste limité. "Les entreprises doivent investir un temps et des ressources considérables pour créer des tests d'évaluation fiables à des fins de recherche et développement," affirme James Tapscott, directeur principal de l'innovation et de la technologie juridique chez Addleshaw Goddard.

Il cite les conclusions d'un rapport d'Addleshaw Goddard, qui montre que des techniques spécifiques de récupération basées sur l'IA ont augmenté la précision des examens de contrats commerciaux de 74% à une moyenne de 95%. Soulignant les applications plus larges de l'intelligence artificielle, il note que dans certains scénarios, les modèles d'IA peuvent fournir des réponses plus concises que leurs homologues humains, sans compromettre la précision.

"Dans le contexte de la télémédecine, une réponse plus concise et facilement compréhensible peut être préférable... Vos lecteurs pourraient être surpris de voir à quel point ces modèles rivalisent avec les performances humaines," ajoute Tapscott. Kellie Blyth, associée commerciale chez Addleshaw Goddard, précise que l'analyse d'images est l'une des applications les plus répandues. "L'utilisation de l'IA la plus courante que nous observons sur le marché concerne l'analyse d'images médicales comme les radiographies, les IRM et les scanners. Ces solutions peuvent détecter des anomalies et des maladies avec une précision extraordinairement élevée, souvent à des stades plus précoces qu'on ne le croyait possible."

Selon Kharbanda, l'IA pourrait améliorer l'efficacité des consultations ambulatoires d'au moins 20%, tout en désengorgeant les services d'urgence et de chirurgie.

Un secteur en pleine expansion

Le secteur de la santé numérique saoudien connaît une croissance fulgurante, stimulée par des investissements publics et privés. Une étude de BlueWeave Consulting estime la taille du marché de la santé numérique du pays à 3,2 milliards de dollars en 2024, avec des projections indiquant un taux de croissance annuel composé de 21,3% jusqu'en 2031, pour atteindre 13,3 milliards de dollars.

Kharbanda observe un changement dans l'orientation des investissements vers "les diagnostics pilotés par l'IA, la prestation de soins augmentée et le soutien au système prestataire-payeur pour comprendre les risques sanitaires et les structures de financement afin d'optimiser les résultats de santé." 

Kellie Blyth, associée commerciale chez Addleshaw Goddard
Kellie Blyth, associée commerciale chez Addleshaw Goddard

"L'utilisation de l'IA la plus courante que nous observons sur le marché concerne l'analyse d'images médicales comme les radiographies, les IRM et les scanners. Ces solutions peuvent détecter des anomalies et des maladies avec une précision extraordinairement élevée, souvent à des stades plus précoces qu'on ne le croyait possible."
Kellie Blyth, associée commerciale chez Addleshaw Goddard 

Tapscott souligne que l'IA semi-autonome, également connue sous le nom d'IA agentique, pourrait devenir plus courante dans les domaines à faible risque comme les soins aux personnes âgées, offrant des solutions adaptatives qui aident à réduire les coûts et à augmenter l'efficacité. 

Blyth insiste sur la nécessité d'une clarté réglementaire, notamment en matière d'éthique. Elle préconise que les cadres réglementaires abordent la "vigilance algorithmique", qui implique une surveillance régulière pour minimiser les biais et garantir une utilisation sécurisée dans les contextes cliniques.

Vers un avenir connecté

La stratégie de santé numérique saoudienne continue d'évoluer, avec des développements futurs qui incluront probablement une utilisation accrue des objets connectés, de la modélisation prédictive et du diagnostic assisté par IA.

Blyth considère que la biobanque nationale supervisée par le Centre de Recherche Médicale Internationale du Roi Abdullah constituera une avancée majeure. "Les véritables progrès en télémédecine viendront au niveau étatique avec la création de la biobanque nationale," affirme-t-elle, qui servira de ressource précieuse de données cliniques issues de la population saoudienne.

Cette initiative sera renforcée par les investissements dans l'infrastructure informatique réalisés par la Société saoudienne pour l'IA.

Gibson prédit que les systèmes de triage alimentés par l'IA deviendront bientôt monnaie courante dans les établissements de santé, aidant à orienter les patients vers le niveau de soins approprié dès le premier contact.

À mesure que l'adoption de ces technologies s'accélère, l'Arabie saoudite développe un modèle de soins de santé qui combine l'accès numérique et les analyses basées sur l'IA, visant à améliorer les résultats cliniques et à soutenir un système de santé plus résilient. 


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com