Afghanistan : les talibans prennent le contrôle du plus important poste-frontière avec l'Iran  

Un combattant taliban à Bakwa, dans la province de Farah, en Afghanistan, le 3 novembre 2015-AFP/Archives/JAVED TANVEER
Un combattant taliban à Bakwa, dans la province de Farah, en Afghanistan, le 3 novembre 2015-AFP/Archives/JAVED TANVEER
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Publié le Vendredi 09 juillet 2021

Afghanistan : les talibans prennent le contrôle du plus important poste-frontière avec l'Iran  

  • « Le poste-frontière d'Islam Qala est complètement sous notre contrôle et nous le remettrons en activité aujourd'hui», a annoncé à l'AFP Zabihullah Mujahid, un porte-parole taliban
  • Le retrait américain d'Afghanistan sera achevé le 31 août, a annoncé jeudi le président américain Joe Biden, tout en affirmant qu'il n'était pas « inévitable» de voir le pays tomber aux mains des talibans

HERAT: Les talibans ont affirmé vendredi avoir capturé Islam Qala, le poste-frontière avec l'Iran le plus important d'Afghanistan, quelques heures après un discours du président Joe Biden défendant le retrait de ses troupes du pays. 


Selon Moscou, qui a appelé les parties en conflit à la "retenue", les insurgés contrôlent également la majeure partie de la frontière afghane avec le Tadjikistan.


Depuis l'accélération du retrait des forces étrangères début mai, les talibans ont pris le contrôle de plus du tiers des près de 400 districts d'Afghanistan. Ils ont notamment capturé un arc de territoires s'étendant de la frontière iranienne, à l'ouest, à celle avec la Chine, dans le nord-est.


Selon un responsable du gouvernement, les forces afghanes tentent à présent de reprendre Islam Qala, qui est situé dans la province de Herat (ouest). 

Les talibans affirment contrôler 85% du territoire afghan

Les talibans ont affirmé vendredi qu'ils contrôlaient 85% du territoire de l'Afghanistan, au moment où ils mènent une offensive contre les forces de Kaboul, sans que cette affirmation ne puisse être confirmée de source indépendante.


Quelque "85% du territoire de l'Afghanistan est passé sous le contrôle" du mouvement taliban, a déclaré durant une conférence de presse à Moscou un représentant taliban, Shahabuddin Delawar, ajoutant qu'environ 250 des 398 districts du pays étaient désormais sous le contrôle des insurgés.


"Toutes les administrations et les hôpitaux continuent de fonctionner sur ce territoire. Nous nous sommes assurés qu'ils seraient en mesure de poursuivre leur travail", a-t-il ajouté, selon des propos traduits en russe . Il a appelé "toutes les organisations internationales à ne pas interrompre leur mission".


Il a assuré que le retrait en cours des forces américaines était le résultat du combat des talibans. "Nous avons mené notre lutte, nous avons fait passer la population de notre côté", a-t-il soutenu, ajoutant que "les Etats-Unis avaient été forcés de quitter notre territoire". 


Selon Sohail Shaheen, un autre représentant talibant présent à cette conférence de presse, rien n'empêche les insurgés de prendre les centres administratifs restant sous le contrôle de Kaboul.


"Le fait que nous n'attaquerons pas les centres administratifs des provinces, ce n'était pas un point de négociation et d'accord conclu avec les Etats-Unis. Ce sont nos problèmes internes", a-t-il assuré.

"Toutes les forces de sécurité afghanes, dont les gardes-frontière, sont présentes dans la zone, et tentent à présent de reprendre le site", a indiqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur Tareq Arian.


Zabihullah Mujahid, un porte-parole taliban, a quant à lui déclaré que le poste-frontière d’Islam Qala était "complètement" sous le contrôle des insurgés, qui le "remettront en activité aujourd'hui".


Il s'agit de l'un des plus importants passages frontaliers d'Afghanistan--par lequel transite la majorité du commerce légal entre les deux pays--et du deuxième poste-frontière d'envergure pris par les talibans depuis le début de leur offensive éclair début mai, alors que les Américains lançaient la dernière phase de leur retrait. 


Le mois dernier, les insurgés avaient capturé Shir Khan Bandar, le principal poste-frontière entre l'Afghanistan et le Tajikistan. 


Un millier de soldats afghans avaient dû trouver refuge au Tadjikistan après d'intenses combats.


Les talibans "contrôlent actuellement environ deux tiers de la frontière avec la Tadjikistan", a affirmé vendredi la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, lors d'une conférence de presse.


"Nous appelons les parties s'opposant dans le conflit inter-afghan à faire preuve de retenue et à empêcher une extension des tensions hors des frontières du pays", a-t-elle ajouté, alors qu'une délégation talibane se trouve à Moscou. 

Avancée talibane éclair

Quelques heures avant l'annonce de la prise d'Islam Qala, M. Biden a déclaré dans un discours que la mission militaire de Washington en Afghanistan serait achevée le 31 août, près de 20 ans après son début. 


"Nous mettons fin à la plus longue guerre de l'Amérique" déclenchée après les attentats du 11 septembre 2001, a-t-il souligné, en martelant : "Je n'enverrai pas une autre génération d'Américains combattre en Afghanistan."


Le président américain a également affirmé qu'il n'était pas "inévitable" de voir le pays tomber aux mains des talibans.


Les autorités afghanes ont "la capacité" d'assurer la continuité du gouvernement, a-t-il déclaré aux journalistes.


Mais, désormais privées du crucial soutien aérien américain, les forces afghanes ont perdu beaucoup de terrain, en particulier dans les zones rurales, alors que les talibans encerclent de grandes villes comme Herat.


Suhail Shaheen, un porte-parole des talibans, a cependant affirmé à l'AFP que les insurgés souhaitaient "un accord négocié" et "ne croyaient pas en un monopole sur le pouvoir".


Les talibans se sont également réjouis de l'annonce de M. Biden. 


"Le plus tôt sera le mieux pour le départ des troupes américaines et étrangères", a réagi M. Shaheen.  


Les talibans avaient également lancé une offensive visant pour la première fois sur une capitale provinciale, Qala-i-Naw (nord-ouest), où des combats les opposent depuis mercredi aux forces gouvernementales. 


Le pays traverse "l'une des étapes les plus compliquées de la transition", avait affirmé jeudi le président afghan Ashraf Ghani. 


"Le pays peut être contrôlé", avait-il cependant assuré, confiant dans la capacité de son gouvernement à gérer la crise.


Si le porte-parole taliban, Suhail Saheen, a déclaré croire en "une solution pacifiste", les insurgés semblent n'être guère intéressés à discuter avec le gouvernement, et les négociations officielles de Doha sont au point mort.


Les talibans n'ont jamais été aussi puissants depuis qu'ils ont été renversés par la coalition internationale menée par les États-Unis fin 2001.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »