La CNCDH appelle le gouvernement à sévir face à la vague de « haine en ligne »

Les contenus haineux « représentent parfois plusieurs centaines de messages par jour » : mardi, le parquet de Paris a annoncé enquêter sur des tweets racistes visant certains footballeurs de l'équipe de France après leur élimination de l'Euro. L'un, très relayé et commenté, traitait notamment Kylian Mbappé, dont le tir au but manqué face à la Suisse a précipité la défaite des Bleus, de « sale nègre » qui « mérite de se prendre une centaine de coups de fouet et de se faire revendre en Libye »… (Photo, AFP)
Les contenus haineux « représentent parfois plusieurs centaines de messages par jour » : mardi, le parquet de Paris a annoncé enquêter sur des tweets racistes visant certains footballeurs de l'équipe de France après leur élimination de l'Euro. L'un, très relayé et commenté, traitait notamment Kylian Mbappé, dont le tir au but manqué face à la Suisse a précipité la défaite des Bleus, de « sale nègre » qui « mérite de se prendre une centaine de coups de fouet et de se faire revendre en Libye »… (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 09 juillet 2021

La CNCDH appelle le gouvernement à sévir face à la vague de « haine en ligne »

  • La Commission nationale consultative des droits de l'Homme publie son rapport annuel sur l'«état des lieux» du racisme en France
  • Elle appelle l'Etat à créer une nouvelle instance indépendante de régulation d'internet, chargée de prévenir la publication de propos racistes et d'imposer des obligations aux plateformes

PARIS : Un gendarme pour la "haine en ligne": la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH) a appelé jeudi le gouvernement à réagir face au racisme et à l'antisémitisme qui essaiment sur internet et nourrissent de plus en plus d'affaires.

"Il est important de pouvoir mieux lutter" contre "le racisme et l'antisémitisme", très présents dans les "discours haineux véhiculés sur internet", souligne la CNCDH dans son rapport annuel sur l'"état des lieux" du racisme en France, remis jeudi à Matignon.

Cette publication intervient au lendemain du jugement dans l'affaire Mila, dans laquelle onze jeunes gens ont été condamnés à des peines de quatre à six mois de prison avec sursis pour cyberharcèlement.

Ce procès a été salué comme une étape importante dans la lutte contre le "lynchage 2.0".

Les contenus haineux "représentent parfois plusieurs centaines de messages par jour" sur les réseaux sociaux, a expliqué à l'AFP le président de la CNCDH, Jean-Marie Burguburu.

Mardi, le parquet de Paris a annoncé enquêter sur des tweets racistes visant certains footballeurs de l'équipe de France après leur élimination de l'Euro.

L'un, très relayé et commenté, traitait notamment Kylian Mbappé, dont le tir au but manqué face à la Suisse a précipité la défaite des Bleus, de "sale nègre" qui "mérite de se prendre une centaine de coups de fouet et de se faire revendre en Libye".

Toutes ces insultes peuvent "avoir de graves conséquences sur la vie des personnes qui les subissent", souligne la commission.

Dans son rapport, elle appelle l'Etat à créer une nouvelle instance indépendante de régulation d'internet en France, chargée de prévenir la publication de tels propos et d'imposer des obligations (modération et contrôle notamment) aux plateformes.

Dans un avis sur la haine en ligne adopté à l'unanimité jeudi, indépendamment du rapport, la même CNCDH recommande que cet organisme soit placé sous l'égide de l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom).

Elle demande au gouvernement d'accroître les moyens de l'Arcom, mais également ceux alloués à la justice pour poursuivre les messages haineux et leurs auteurs, ainsi qu'une simplification des procédures judiciaires prévues pour cela.

Elle l'invite également à mettre en place un "plan d'action national pour l'éducation et la citoyenneté numériques".

La CNCDH réclame d'imposer plus de transparence aux plateformes en ligne (dont les réseaux sociaux) et qu'elles puissent être sanctionnées si elles ne modèrent pas leurs contenus autant qu'elles disent le faire.

Mardi, la justice française a ordonné à Twitter de lui détailler dans les deux mois ses moyens de lutte contre la haine en ligne, à la suite de plaintes d'associations estimant que l'entreprise manque depuis longtemps à ses obligations de modération.

D'une manière générale, note la CNCDH, "la tolérance envers les minorités continue de progresser" en France. Mais "certains préjugés" racistes ou xénophobes y "restent très présents", même s'ils reculent d'année en année.

Parmi les plus vivaces, 72% des personnes interrogées pensent que "de nombreux immigrés viennent en France uniquement pour profiter de la protection sociale", 59% que "l'islam est une menace contre l'identité de la France" et 58% que "les Roms vivent essentiellement de vols et de trafics".

En 2019, selon ce baromètre, les Roms étaient de loin la minorité la moins tolérée (36%), loin derrière les Maghrébins (72%) et les noirs et les juifs (79%).

Les faits racistes, antisémites ou xénophobes restent largement sous-déclarés, note la CNCDH: alors que 1,2 million de personnes disaient en avoir été victimes en 2018, l'année suivante on ne comptait que 7.283 affaires transmises à la justice, pour 843 condamnations.

Ce "chiffre noir" s'explique notamment par la réticence des victimes à porter plainte, faute de pouvoir prouver les faits, mais également par peur de l'accueil qui leur serait réservé au commissariat ou à la gendarmerie, souligne-t-elle.

La CNCDH appelle donc l'Etat à "mieux former" policiers et gendarmes aux questions liées au racisme pour permettre aux victimes d'"aller au bout" de leurs démarches, comme il l'a notamment souhaité dans les affaires de violences conjugales.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".