PARIS : Violences, valorisation de contre-modèles, corruption, santé, environnement: l'Office français de lutte anti-stupéfiants (Ofast) a présenté mercredi les cinq principales menaces du trafic de drogue, qui génère quelque "21000" emplois en France.
Chargé de combattre le trafic de stupéfiants, déclaré comme un combat prioritaire par Emmanuel Macron, l'Ofast a élaboré un "état de la menace" visant à mieux "s'adapter aux stratégies des trafiquants". Ce document sera prochainement transmis aux partenaires de l'office mais n'est pas diffusé au grand public.
Cinq "grandes menaces" ont été identifiées et présentées mercredi par la cheffe de l'office, la contrôleure générale Stéphanie Cherbonnier, lors d'une conférence de la police judiciaire et de l'Institut des hautes études du ministère de l'Intérieur (IHEMI) sur la criminalité organisée en France.
Première menace identifiée, "la montée en puissance des violences liées au trafic", a indiqué Mme Cherbonnier, en rappelant que 80% des règlements de comptes sont liés au trafic de stupéfiants.
Le trafic représente aussi une menace pour l'Etat, en valorisant un contre-modèle, en exploitant les "vulnérabilités sociales" avec le recours à des "mules" ou des "nourrices", et en favorisant la corruption "publique et privée", a-t-elle noté.
Autre menace, la corruption d'agents publics, selon Mme Cherbonnier qui distingue trois catégories. Les agents qui "maîtrisent les flux", à l'instar des dockers, mis en cause dans plusieurs récentes affaires. Ceux qui peuvent "faciliter le sort des trafiquants": policiers, douaniers, agents pénitentiaires etc. Et les agents "qui contrôlent les territoires", notamment les "agents municipaux" qui peuvent mettre des équipements publics à disposition des trafiquants. Un phénomène que "l'on voit de plus en plus dans les enquêtes", a-t-elle souligné.
Quatrième menace identifiée, celle pesant sur "la santé publique", avec des produits stupéfiants "de plus en plus concentrés".
Enfin, la cheffe de l'Ofast a aussi pointé la menace pesant sur l'environnement, avec notamment des atteintes à la biodiversité et l'utilisation de produits chimiques dans la fabrique des stupéfiants.
Le trafic de drogue, marqué par "une production mondiale et européenne particulièrement soutenue", représente environ trois milliards d'euros de revenus chaque année en France, a rappelé Mme Cherbonnier.
Avec "4000 points de deal" recensés en France, il génère l'équivalent de "21000 emplois" et seuls "95 millions d'euros" ont saisis lors des enquêtes, a-t-elle ajouté.
Depuis 4 ans, environ 100 tonnes de cannabis et plus de 10 tonnes de cocaïne sont saisies chaque année en France, a-t-elle encore dit.