PARIS: Un intermédiaire tunisien et un ex-cadre français du groupe aéronautique européen Airbus ont été inculpés à Paris dans l'enquête du "Kazakhgate" sur des soupçons de corruption sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
Cette enquête ouverte en mars 2013 se penche sur des soupçons de corruption et de commissions illégales versées à des intermédiaires en marge de ventes d'hélicoptères, de satellites ou de locomotives conclues entre la France et le Kazakhstan entre 2009 et 2010, sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
Le site d'information français Mediapart, la radio publique France Inter et le journal allemand Der Spiegel avaient révélé fin 2017 que les enquêteurs de l'Oclciff, l'office anticorruption de la police judiciaire, avaient retrouvé, lors d'une perquisition en février 2016 au siège d'Airbus en banlieue parisienne, la trace d’un versement suspect de 8,8 millions d'euros dans le cadre de la vente des deux satellites.
Cette somme aurait été versée sur un compte détenu à Singapour par une société offshore immatriculée à Hong Kong, Caspian Corp, liée au Tunisien Lyès Ben Chedli, partenaire d'affaires d'Airbus, les enquêteurs se demandant s'il en était le bénéficiaire.
Cinq ans après cette découverte, Lyès Ben Chedli a été inculpé mardi pour "recel d'abus de confiance" et "blanchiment d'abus de confiance", puis placé sous contrôle judiciaire, selon une source judiciaire.
Il était présenté par ces articles comme un puissant "homme de réseaux", introduit notamment dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, et comme ayant joué un rôle décisif dans l'achat par le Kazakhstan des deux satellites, un contrat qui porterait sur 300 millions d'euros.
Son avocate, Me Caroline Toby, n'a pas souhaité commenter.
L'autre personne inculpée est un ex-cadre d'Airbus, Olivier Brun, pour "complicité d'abus de confiance" et "complicité de blanchiment d'abus de confiance", selon la source judiciaire. Il a également été placé sous contrôle judiciaire.
"Il conteste totalement les faits qui lui sont reprochés. Il est la victime expiatoire de choses qui le dépassent totalement", a indiqué son avocat, Me Olivier Gutkès.
Outre MM. Ben Chedli et Brun, au moins six protagonistes ont déjà été inculpés dans cette affaire.
Dans le volet le plus médiatique, les enquêteurs soupçonnent aussi des proches de Nicolas Sarkozy d'avoir œuvré pour convaincre des parlementaires belges de changer leur loi en 2011, afin qu'un oligarque kazakh, Patokh Chodiev, échappe à des poursuites judiciaires dans ce pays.