Une nouvelle découverte met en lumière l'ancien environnement marin de l'Arabie saoudite

L'histoire de l'origine des baleines comprend leur évolution, d'un ancêtre terrestre à partir duquel elles se sont adaptées en un inhibiteur marin semi-aquatique. (Photo fournie)
L'histoire de l'origine des baleines comprend leur évolution, d'un ancêtre terrestre à partir duquel elles se sont adaptées en un inhibiteur marin semi-aquatique. (Photo fournie)
Short Url
Publié le Mercredi 07 juillet 2021

Une nouvelle découverte met en lumière l'ancien environnement marin de l'Arabie saoudite

  • Les découvertes comprennent un cimetière d'os de baleine fossilisés dans la région de Jouf en Arabie saoudite
  • Les scientifiques affirment que la baleine aurait pesé entre 500 et 600 kilogrammes

DJEDDAH: La découverte des restes fossilisés d'une ancienne baleine qui s'est éteinte il y a trente-sept millions d'années dans la région de Jouf en Arabie saoudite a révélé des secrets sur la géologie du Royaume et les anciens milieux marins.

Les découvertes, rendues publiques le 29 juin, comprennent un cimetière d'os de baleine fossilisés qui ont été découverts par un groupe de huit géologues et paléontologues locaux et internationaux.

C’est à une équipe de Saudi Geological Survey (SGS) que revient le mérite de la découverte qui a été saluée et jugée particulièrement importante pour la science. La baleine fossilisée a été découverte dans une zone riche en montagnes sablonneuses et rocheuses appartenant à la période priabonienne, connue sous le nom d'ère de l'Éocène supérieur, qui remonte à trente-sept millions d'années.

La découverte mettra en lumière la répartition géographique des anciens mammifères marins dans le nord-ouest de l'Arabie saoudite.

DONNÉES BRÈVES

• Ce mammifère est une baleine de petite taille mesurant environ 3 mètres de long.

• Entièrement aquatique, cette baleine a un corps allongé. Sa queue, qui a pu avoir évolué comme une nageoire, est dotée d’un mouvement de corps sinueux.

Lors d’une interview, Iyad Zalmout, conseiller technique américain en paléontologie et géologie pour Saudi Geological Survey et l'un des architectes de la découverte, a affirmé à Arab News que l'animal appartenait à une espèce rare de baleine archaïque classée dans la famille de l’espèce éteinte des archéocètes.

Le squelette découvert comprend une colonne vertébrale articulée complète de l'extrémité de la queue au haut de la poitrine, des membres antérieurs et des omoplates articulés, des côtes, ainsi que des parties du crâne et des mâchoires inférieures.

Zalmout a précisé à Arab News: «C'est l'une des baleines plus dérivées que ses groupes antérieurs car elle possède des membres arrière réduits, des membres antérieurs aplatis pour pouvoir plus ou moins se retourner, un cou raccourci, un allongement du tronc et une queue ayant connu une évolution. La caractéristique la plus importante se situe au niveau du crâne, qui montre des reculs très notables des os nasaux vers le front, et la réduction de la complexité des dents jugales de type carnivore.»

z

«Cette nouvelle baleine est similaire en taille et en morphologie au squelette partiel d'une petite baleine découverte en 1902 et plus tard en 1991 dans le désert occidental d'Égypte, appelée Stromerius nidensis. Il a été retiré des roches de l'Éocène supérieur de la région de Fayoum. Cependant, le nouveau squelette découvert en Arabie saoudite est plus complet et donnera davantage d'informations sur ce groupe de baleines», a-t-il ajouté. «Dans tous les cas, cette baleine est la plus petite de cette famille de baleines, avec la moitié ou peut-être un tiers de la taille du Dorudon atrox.»

Ce mammifère est une baleine de petite taille qui mesure environ 3 mètres de long. Entièrement aquatique, il a un corps allongé. Sa queue, qui a pu avoir évolué comme une nageoire, est dotée d’un mouvement de corps sinueux.

Les scientifiques affirment que la baleine aurait pesé entre 500 et 600 kilogrammes. «Le poids est basé sur un spécimen, en comparaison avec d'autres baleines de la même époque géologique», selon Zalmout.

Le fossile a été découvert dans les falaises d'Al-Rashrashiyah, à quelques kilomètres au nord du gouvernorat de Qurayyat, dans la région nord-ouest du Royaume, près de la frontière jordanienne.

DÉCOUVERTES EN ARABIE SAOUDITE

• Découverte de Saadanius hijazensis (2009-2010)

• Restes de dinosaures du Crétacé de la région de Tabuk en 2014

• Découverte des restes humains les plus anciens (85 000 ans) en Arabie saoudite, sur le site de l'ancien lac Al-Wusta, dans le désert de Nafud (2016-2018)

• Découverte de l'éléphant de l’espèce éteinte du Nafud (600 000 ans; 2014-2021)

 Zalmout a précisé que la zone où la découverte a été effectuée est connue pour avoir des niveaux élevés d'accumulation d'eau de pluie, car «le fossile lui-même provient de contreforts calcaires de craie bitumineuse et de marne».

Les déserts du Royaume doivent probablement receler beaucoup plus de fossiles de mammifères aquatiques, selon Zalmout.

«Il devrait y avoir des baleines et des vaches marines, partout où se trouvent les sédiments marins plus jeunes et de la période de l'Éocène. Nous avons plusieurs unités et formations rocheuses de l'Éocène moyen et supérieur en Arabie saoudite (la formation Al-Rashrashiyah en fait partie), et je suis sûr que si vous regardez et que vous effectuez attentivement des recherches dans ces sédiments, vous trouverez des mammifères marins. D'après mes souvenirs, les baleines (archéocètes) et les vaches marines (siréniens) étaient les seuls mammifères marins qui vivaient à l'Éocène.

Chronologie de l’évolution

L'histoire de l'origine des baleines comprend leur évolution d'un ancêtre terrestre à partir duquel elles se sont adaptées en un inhibiteur marin semi-aquatique, et sont finalement devenues pleinement aquatiques.

Zalmout a expliqué les trois scénarios d'adaptation des mammifères marins. «Cette histoire de grande transformation et d'adaptation à une vie entièrement aquatique est un exemple spectaculaire de transformation, due au changement climatique qui affecte l’écosystème et l’environnement qui, à leur tour, affecteront le cycle alimentaire et de reproduction de ces occupants marins.»

f

Le fossile a été découvert dans les falaises d'Al-Rashrashiyah, à quelques kilomètres au nord du gouvernorat de Qurayyat.

«Ces animaux peuvent connaître un certain nombre de scénarios différents, notamment l'extinction de l’espèce, le changement d'habitat, de comportement et de sources d'alimentation à travers l'adaptation mais pas une adaptation complète à la vie marine , et puis devenir complètement aquatiques.»

Il a ajouté: «Je pense que les mammifères marins ont connu les trois scénarios. Certaines des premières formes du début de l'Éocène se sont rapidement éteintes, certaines ont survécu à une vie semi-aquatique et la plupart des formes vivantes des baleines sont entièrement aquatiques et ne reviendront sur terre que pour un destin ultime.»

C’est la seule baleine de l’Éocène découverte sous la forme d'un squelette presque complet dans le Royaume, a affirmé Zalmout.

«L'équipe de paléontologie du SGS est très confiante, du fait qu'il s'agit d'un squelette complet qui permettra d’effectuer des recherches scientifiques importantes. Des répliques de son squelette pourront être exposées dans des musées locaux, ainsi que des musées internationaux de par le monde.»

Il a ajouté: «Nous sommes très reconnaissants envers le nouveau PDG de SGS, Abdullah al-Shamrani, ainsi que les anciens présidents, pour leurs efforts et leur soutien en vue d’étudier l'histoire profonde du Royaume.»

Le SGS est une agence gouvernementale saoudienne spécialisée, dotée d’une équipe de paléontologues expérimentés et qualifiés. L'équipement, les outils et le matériel utilisés dans les laboratoires de paléontologie du SGS combinent des méthodes paléontologiques traditionnelles et une technologie plus avancée.

Le groupe a contribué à plusieurs découvertes révolutionnaires en paléontologie au cours des quinze dernières années, avec l'aide de conseillers en paléontologie locaux et internationaux expérimentés, et de sociétés scientifiques, notamment la Society of Vertebrate Paleontology et la Paleontological Society.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Parlement libanais approuve un projet de loi sur le secret bancaire

Le Parlement a adopté des amendements à "la loi relative au secret bancaire" et à la législation monétaire, selon le bureau de son président, Nabih Berri. (AFP)
Le Parlement a adopté des amendements à "la loi relative au secret bancaire" et à la législation monétaire, selon le bureau de son président, Nabih Berri. (AFP)
Short Url
  • La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars afin d'aider à la relance de l'économie libanaise, plongée depuis 2019 dans une profonde crise
  • Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les amendements autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations" sans fournir de raison particulière

BEYROUTH: Le Parlement libanais a approuvé jeudi un projet de loi sur la levée du secret bancaire, une réforme clé réclamée par le Fonds monétaire international (FMI), au moment où des responsables libanais rencontrent à Washington des représentants des institutions financières mondiales.

Le Parlement a adopté des amendements à "la loi relative au secret bancaire" et à la législation monétaire, selon le bureau de son président, Nabih Berri.

La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars afin d'aider à la relance de l'économie libanaise, plongée depuis 2019 dans une profonde crise imputée à la mauvaise gestion et à la corruption.

La récente guerre entre Israël et le Hezbollah a aggravé la situation et le pays, à court d'argent, a désormais besoin de fonds pour la reconstruction.

Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les amendements autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations" sans fournir de raison particulière.

Ces organismes pourront avoir accès à des informations telles que les noms des clients et les détails de leurs dépôts, et enquêter sur d'éventuelles activités suspectes, selon Legal Agenda.

Le Liban applique depuis longtemps des règles strictes en matière de confidentialité des comptes bancaires, ce qui, selon les critiques, rend le pays vulnérable au blanchiment d'argent.

En adoptant ce texte, le gouvernement avait précisé qu'il s'appliquerait de manière rétroactive pendant 10 ans. Il couvrira donc le début de la crise économique, lorsque les banquiers ont été accusés d'aider certaines personnalités à transférer d'importantes sommes à l'étranger.

Le feu vert du Parlement coïncide avec une visite à Washington des ministres des Finances, Yassine Jaber, et de l'Economie, Amer Bisat, ainsi que du nouveau gouverneur de la Banque centrale, Karim Souaid, pour des réunions avec la Banque mondiale et le FMI.

M. Jaber a estimé cette semaine que l'adoption des amendements donnerait un "coup de pouce" à la délégation libanaise.

En avril 2022, le Liban et le FMI ont conclu un accord sous conditions pour un programme de prêt sur 46 mois de trois milliards de dollars, mais les réformes alors exigées n'ont pour la plupart pas été entreprises.

En février, le FMI s'est dit ouvert à un nouvel accord avec Beyrouth après des discussions avec M. Jaber. Le nouveau gouvernement libanais s'est engagé à mettre en oeuvre d'autres réformes et a également approuvé le 12 avril un projet de loi pour restructurer le secteur bancaire.


Syrie: Londres lève ses sanctions contre les ministères de la Défense et de l'Intérieur

Abdallah Al Dardari, chef régional pour les Etats arabes au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), lors d'une interview avec l'AFP à Damas le 19 avril 2025. (AFP)
Abdallah Al Dardari, chef régional pour les Etats arabes au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), lors d'une interview avec l'AFP à Damas le 19 avril 2025. (AFP)
Short Url
  • "Les entités suivantes ont été retirées de la liste et ne sont plus soumises à un gel des avoirs: ministère de l'Intérieur, ministère de la Défense", indique notamment le communiqué du département du Trésor
  • Des agences de renseignement sont également retirées de la liste. La totalité d'entre elles ont été dissoutes par les nouvelles autorités en janvier

LONDRES: Le Royaume-Uni a annoncé jeudi avoir levé ses sanctions contre les ministères syriens de l'Intérieur et de la Défense ainsi que contre des agences de renseignement, qui avaient été imposées sous le régime de Bachar al-Assad.

"Les entités suivantes ont été retirées de la liste et ne sont plus soumises à un gel des avoirs: ministère de l'Intérieur, ministère de la Défense", indique notamment le communiqué du département du Trésor.

Des agences de renseignement sont également retirées de la liste. La totalité d'entre elles ont été dissoutes par les nouvelles autorités en janvier.

Ces autorités, issues de groupes rebelles islamistes, ont pris le pouvoir le 8 décembre.

Le Royaume-Uni avait début mars déjà levé des sanctions à l'égard de 24 entités syriennes ou liées à la Syrie, dont la Banque centrale.

Plus de trois cents individus restent toutefois soumis à des gels d'avoirs dans ce cadre, ainsi qu'une quarantaine d'entités, selon le communiqué du Trésor.

Les nouvelles autorités syriennes appellent depuis la chute d'Assad en décembre dernier à une levée totale des sanctions pour relancer l'économie et reconstruire le pays, ravagé après 14 années de guerre civile.


1983 – L'attaque contre les Marines américains à Beyrouth

Short Url
  • Les dégâts sont énormes au quartier général des Marines
  • Quatre couches de ciment s'étaient effondrées pour former des tas de décombres, des incendies brûlaient et l'on entendait beaucoup de cris au milieu du sang

BEYROUTH: Le 23 octobre 1983, aux alentours de 6h25, une violente déflagration secoue Beyrouth et sa banlieue, jusque dans les hauteurs montagneuses. Le souffle, sourd et diffus, fait d’abord penser à un tremblement de terre.

Mais sept minutes plus tard, une seconde explosion, bien plus puissante, déchire la ville et ses environs, dissipant toute confusion: Beyrouth venait de vivre l’un des attentats les plus meurtriers de son histoire.

Je travaillais alors pour le journal libanais As-Safir en tant que correspondant de guerre. Beyrouth était assiégée, dans sa banlieue sud, dans les montagnes et dans la région du Kharoub, par des affrontements entre le Parti socialiste progressiste et ses alliés d'une part, et les Forces libanaises d'autre part, dans ce que l'on appelait la «guerre des montagnes».

Le sud du pays a également été le théâtre de la résistance armée des combattants libanais contre l'occupation israélienne. Ces combattants étaient liés à des partis de gauche et, auparavant, à des factions palestiniennes.

Des forces multinationales, notamment américaines, françaises et italiennes, avaient été stationnées à Beyrouth après le retrait des dirigeants et des forces de l'Organisation de libération de la Palestine, à la suite de l'agression israélienne contre le Liban et de l'occupation de Beyrouth en 1982.

Quelques minutes après les explosions, la réalité s’impose avec brutalité: le quartier général des Marines américains, situé sur la route de l’aéroport de Beyrouth, ainsi que la base du contingent français dans le quartier de Jnah, ont été ciblés par deux attaques-suicides coordonnées.

Les assaillants, non identifiés, ont lancé des camions piégés – chargés de plusieurs tonnes d’explosifs – contre les deux sites pourtant fortement sécurisés, provoquant un carnage sans précédent.

Comment nous l'avons écrit

--
Au lendemain des attentats, Arab News faisait état de 120 morts parmi les Marines et de 20 morts parmi les Français, un chiffre nettement inférieur au décompte final.

L'attaque de la base américaine a tué 241 militaires américains – 220 Marines, 18 marins et trois soldats – et en a blessé des dizaines. Le bombardement du site militaire français a tué 58 parachutistes français et plus de 25 Libanais.

Ces attentats étaient les deuxièmes du genre à Beyrouth; un kamikaze avait pris pour cible l'ambassade des États-Unis à Aïn el-Mreisseh six mois plus tôt, le 18 avril, tuant 63 personnes, dont 17 Américains et 35 Libanais.

Les dégâts sont énormes au quartier général des Marines. Quatre couches de ciment s'étaient effondrées pour former des tas de décombres, des incendies brûlaient et l'on entendait beaucoup de cris au milieu du sang, des morceaux de corps et de la confusion. Voici ce que nous, journalistes, avons pu voir au milieu du chaos qui régnait immédiatement après la catastrophe, et ce qui reste gravé dans ma mémoire plus de 40 ans plus tard.

La nuit précédente, un samedi, les Marines avaient fait la fête, divertis par un groupe de musique qui avait fait le voyage depuis les États-Unis pour se produire devant eux. La plupart dormaient encore lorsque la bombe a explosé.

Aucun groupe n'a revendiqué les attentats ce jour-là, mais quelques jours plus tard, As-Safir a publié une déclaration qu'il avait reçue et dans laquelle le «Mouvement de la révolution islamique» déclare en être responsable.

Environ 48 heures après l’attentat, les autorités américaines pointent du doigt le mouvement Amal, ainsi qu’une faction dissidente dirigée par Hussein al-Moussawi, connue sous le nom d’Amal islamique, comme étant à l’origine de l’attaque.

Selon la presse locale de l’époque, la planification de l’attentat aurait eu lieu à Baalbeck, dans la région de la Békaa, tandis que le camion utilisé aurait été aperçu garé devant l’un des bureaux du mouvement Amal.

Le vice-président américain, George H.W. Bush, s'est rendu au Liban le lendemain de l'attentat et a déclaré: «Nous ne permettrons pas au terrorisme de dicter ou de modifier notre politique étrangère.»

La Syrie, l'Iran et le mouvement Amal ont nié toute implication dans les deux attentats.

En riposte à l’attaque visant leurs soldats, les autorités françaises ont lancé une opération militaire d’envergure: huit avions de chasse ont bombardé la caserne Cheikh Abdallah à Baalbeck, que Paris considérait comme un bastion de présences iraniennes.

À l’époque, les autorités françaises ont affirmé que les frappes avaient fait environ 200 morts.

Un responsable de l'Amal islamique a nié que l'Iran disposait d'un complexe dans la région de Baalbeck. Toutefois, il a reconnu le lien idéologique fort unissant son groupe à Téhéran, déclarant: «L’association de notre mouvement avec la révolution islamique en Iran est celle d’un peuple avec son guide. Et nous nous défendons.»

Le 23 novembre, le cabinet libanais a décidé de rompre les relations avec l'Iran et la Libye. Le ministre libanais des Affaires étrangères, Elie Salem, a déclaré que la décision «a été prise après que l'Iran et la Libye ont admis qu'ils avaient des forces dans la Békaa».

Un rapport d'As-Safir cite une source diplomatique: «Les relations avec l'Iran se sont détériorées en raison des interventions, pratiques et activités illégales qu'il a menées sur la scène libanaise, malgré de nombreux avertissements.»

Les attentats du 23 octobre étaient jusqu'alors le signe le plus évident de l'évolution de l'équilibre des forces régionales et internationales au Liban et de l'émergence d'un rôle iranien de plus en plus important dans la guerre civile.

Le chercheur Walid Noueihed m'a expliqué qu'avant 1982, Beyrouth avait accueilli toutes les formes d'opposition, y compris l'élite éduquée, appelée «opposition de velours», et l'opposition armée, dont les membres étaient formés dans des camps ou des centres d'entraînement palestiniens dans la vallée de la Békaa et au Liban-Sud.

--
Vue aérienne de l'ambassade américaine à Beyrouth après l'explosion qui a fait 63 morts, dont 46 Libanais et 17 Américains. (AFP)

Il a indiqué que l'opposition iranienne au chah était présente parmi ces groupes et a décrit Beyrouth comme une oasis pour les mouvements d'opposition jusqu'en 1982. Toutefois, cette dynamique a changé lorsqu'Israël a envahi le Liban et assiégé Beyrouth, ce qui a entraîné le départ de l'OLP en vertu d'un accord international qui exigeait en échange qu'Israël s'abstienne de pénétrer dans Beyrouth.

Si les factions palestiniennes ont quitté le Liban, ce n'est pas le cas des combattants libanais associés à l'OLP, pour la plupart des chiites qui constituaient la base des partis de gauche libanais.

Les attaques contre les bases militaires américaines et françaises ont entraîné le retrait des forces internationales du Liban, explique M. Noueihed, laissant une fois de plus Beyrouth sans protection. Les opérations de résistance se sont multipliées, influencées par des idéologies distinctes de celles de la gauche traditionnelle, des groupes comme l'Amal islamique affichant ouvertement des slogans prônant la confrontation avec Israël.

En 1985, le Hezbollah est officiellement créé en tant qu'«organisation djihadiste menant une révolution pour une république islamique». Il s'est attiré le soutien des partis de gauche libanais et palestiniens, en particulier après l'effondrement de l'Union soviétique.

Selon M. Noueihed, l'émergence du Hezbollah a coïncidé avec le déclin des symboles existants de la résistance nationale, ce qui semble indiquer une intention d'exclure toutes les autres forces du pays du mouvement de résistance, laissant le Hezbollah comme parti dominant.

L'influence iranienne au Liban est devenue évidente lors des violents affrontements entre le Hezbollah et Amal, qui ont fait des dizaines de victimes et se sont terminés par la consolidation du contrôle du Hezbollah au milieu de la présence des forces militaires syriennes.

Beyrouth se vide peu à peu de son élite intellectuelle, a souligné M. Noueihed. Des centaines d’écrivains, d’intellectuels, de chercheurs et de professionnels des médias ont fui vers l’Europe, redoutant pour leur sécurité, laissant derrière eux une ville désertée par ceux qui faisaient autrefois vibrer sa vie culturelle et académique.

Najia Houssari est rédactrice pour Arab News, basée à Beyrouth. Elle était correspondante de guerre pour le journal libanais As-Safir au moment du bombardement de la caserne des Marines américains.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com