PARIS: Au moins cinq prétendants sont en lice pour la primaire des écologistes qui doit désigner, en septembre, un candidat à la présidentielle de 2022. Une échéance que chacun des postulants avance avec ses différences pour un résultat incertain.
C'est la première fois qu'une primaire rassemble toute la famille de l'écologie politique, avec un scrutin ouvert à cinq organisations du pôle écologiste (EELV, Générations, le Mouvement des progressistes, Cap écologie et Urgence écologie).
"Il y a des options différentes qui s'expriment, en termes de programme ou de stratégie, note le politologue Simon Persico, professeur à Science-Po Grenoble. Mais un des enjeux étant de faire voter le maximum de gens, s'il y a plusieurs candidats, cela a vocation à élargir de cercle des gens qui participent" à cette primaire (premier tour du 16 au 19 septembre, deuxième tour du 25 au 28).
La députée et ancienne ministre Delphine Batho, présidente de Génération Écologie, est la dernière candidate déclarée: elle a dit lundi vouloir défendre "une autre écologie" qui "assume la décroissance" et "garantir qu'il y aura un bulletin de vote écologiste au 1er tour de l'élection présidentielle".
C'est la seconde femme à se présenter, après l'ex-numéro 2 des Verts Sandrine Rousseau, sur la ligne de départ depuis octobre. Cette écologiste féministe veut notamment faire entendre la voix des victimes de violences sexuelles - faits dont elle a accusé un ex-député de Paris, Denis Baupin, même si l'affaire, prescrite, a été classée sans suite-, et prône "une radicalité environnementale".
Samedi, c'est Jean-Marc Governatori, co-président du parti Cap écologie et récent candidat aux régionales en Provence-Alpes-Côte d'Azur, qui a présenté une candidature qu'il veut "centriste".
Quelques jours auparavant, les deux favoris s'étaient lancés dans la bataille: le maire EELV de Grenoble Eric Piolle, fort de ses deux victoires successives aux municipales, s'est déclaré mardi en affirmant sa volonté de construire un "arc humaniste" de La France insoumise au Parti socialiste.
Le lendemain, l'eurodéputé EELV Yannick Jadot a officialisé sa candidature, sur les rails depuis des mois. Le plus médiatique des candidats verts se pose en défenseur d'une écologie au-delà du clivage droite-gauche. Il a œuvré au printemps pour une possible candidature unique à gauche pour 2022.
Nuances et divergences
Chacun espère prouver qu'il est le mieux placé pour gagner. "Notre objectif, ce n'est plus de battre le score de Noël Mamère (5,25% en 2002), mais de battre Emmanuel Macron et Marine Le Pen", a insisté Yannick Jadot.
Mais y a-t-il vraiment une différence de lignes entre les candidats? Ils "poursuivent les mêmes objectifs et défendent les mêmes priorités", affirmait en mars le président EELV de la métropole de Lyon Bruno Bernard, ancien responsable des élections au parti.
"Il y a un accord sur les grands principes", confirme Simon Persico, citant notamment "la conviction de lier transition écologique et justice sociale" et "nécessité d'agir rapidement" face aux enjeux climatiques.
Il peut ensuite y avoir "certaines différences de positionnement sur "des enjeux, comme sur la laïcité, l'identité ou la race", thèmes sur lesquels "Delphine Batho et Sandrine Rousseau sont les plus opposées" par exemple.
Le politologue note aussi des "nuances sur la stratégie de conquête du pouvoir et le rapport aux autres partis de gauche", entre par exemple Delphine Batho qui prône "les écologistes seuls" et l'"arc humaniste" de Piolle.
Beaucoup soulignent aussi des divergences sur le fond entre Yannick Jadot, qui évoque souvent les innovations des entreprises prêtes à s'engager dans la transition écologique, et Eric Piolle, considéré comme "plus à gauche" et qui parle de "couvercle" à poser sur "les puissances de l'argent".
Les candidats les plus médiatiques ont-ils le plus de chances? Pas forcément, si l'on se souvient de l'élimination de Nicolas Hulot, en 2011, au profit d'Eva Joly, qui ne recueillera que 2,31% des voix à la présidentielle de 2012.
"Le corps électoral est très incertain", insiste le professeur Simon Persico, qui se garde de toute prédiction.