ARAKAPAS: Un énorme incendie a ravagé des pans entiers du massif forestier du Troodos à Chypre et coûté la vie à quatre personnes avant d'être quasiment maîtrisé dimanche, l'une des pires catastrophes de l'histoire récente de l'île méditerranéenne.
Selon une porte-parole du gouvernement, Niovi Parisinou, l'aide des Canadairs envoyés par Israël et la Grèce a contribué à éteindre quasiment le feu. Mais, a-t-elle ajouté, "il faudra poursuivre les efforts pour l'extinction complète des dernières flammes".
Le feu s'est déclaré samedi après-midi au nord de la ville portuaire de Limassol (sud) embrasant le flanc méridional du massif, principal poumon vert de ce petit pays membre de l'Union européenne qui subit des canicules et des épisodes de sécheresse de plus en plus marqués.
Les corps carbonisés de quatre travailleurs égyptiens ont été découverts à proximité du village d'Odos, à quelque 25 km au nord de Limassol, selon les autorités.
Leur véhicule, complètement carbonisé, a été retrouvé dans un ravin. Bloqués par le feu, ils ont quitté leur voiture pour fuir à pied, mais ont été rattrapés par les flammes 600 mètres plus loin sur les hauteurs, a expliqué à l'AFP un policier sur place.
Un homme de 67 ans, soupçonné d'avoir inintentionnellement provoqué l'incendie à côté du village d'Arakapas, a été arrêté mais il a nié les faits. Un témoin l'aurait vu quitter les lieux dans sa voiture au moment du déclenchement de l'incendie, a indiqué la police, ajoutant qu'il pourrait aussi faire face à des accusations d'homicide involontaire.
"55 km2 ravagés"
Akis Giorgiou, 45 ans, resté dans son village d'Arakapas malgré le feu, "pour protéger (sa) propriété", s'est dit "soulagé" après que les pompiers ont éteint les flammes. "C'était un cauchemar, un enfer. Les flammes cernaient tout le village".
Dans les zones où le feu a été maîtrisé, des troncs d'arbres calcinés chancèlent sur un parterre de cendres. Quelques nuages de fumée blanche s'élèvent encore au-dessus des foyers tout juste éteints.
Une dizaine de villages ont été évacués et une cinquantaine de maisons détruites, selon les autorités. Près du village d'Ora, non loin du lieu de déclenchement de l'incendie, un élevage de plus de 50.000 poulets a été décimé par les fumées, selon des employés qui habitent dans des mobile-homes en face de l'exploitation du groupe Paradisiotis.
Dans le centre de gestion de crise dans le village de Vavatsinia, non loin d'Ora, le président Nikos Anastasiades a affirmé que "plus de 55 kilomètres carrés" avaient été ravagés, évoquant "une tragédie". L'incendie est "le plus vaste" depuis 1974, a dit M. Anastasiades avant de promettre une enquête fouillée.
En 1974, l'armée turque a envahi le tiers nord de l'île, qu'elle occupe toujours, en réaction à un coup d'Etat de nationalistes chypriotes-grecs qui souhaitaient la rattacher à la Grèce.
Ces derniers jours, les températures ont largement dépassé les 40 degrés celsius dans l'île, située dans le sud-est du bassin méditerranéen et où la période de sécheresse estivale court traditionnellement de juin à octobre, sous des températures caniculaires. Quant aux précipitations, elles sont quasi inexistantes depuis mi-avril.
"Tout est devenu noir"
Face à l'ampleur du drame, l'île qui connaît de fréquents feux de forêt durant la période de sècheresse estivale, a appelé à l'aide internationale. La Grèce, l'Espagne et Israël ont envoyé des Canadairs et les troupes britanniques stationnées sur des bases souveraines dans l'île ont également assisté les pompiers chypriotes aidés par plusieurs hélicoptères.
"Après les largages d'eau réussis des avions grecs et israéliens et la réduction des foyers (d'incendie), les services des incendies et des forêts ont inspecté les zones touchées et les considèrent désormais sûres", a déclaré Mme Parisinou lors d'un point sur la situation.
"Un état des lieux et l'enregistrement des maisons et propriétés endommagées pour des indemnisations a déjà commencé. Tout comme la reprise progressive de l'approvisionnement en électricité".
Dans le village d'Ora, les habitants sont encore sous le choc. "Vers 16H30 samedi, tout est devenu noir. On ne pouvait plus respirer. Le maire du village nous a dit +Partez, partez, partez+. Les cloches de l'église n'arrêtaient pas de sonner. Regardez, le feu est arrivé jusqu'à ma maison", raconte en pleurs Elpida Papastylianou revenue nettoyer son foyer.