BEYROUTH : Le juge libanais enquêtant sur la catastrophe du port de Beyrouth l'année dernière a déclaré vendredi qu'il allait poursuivre le Premier ministre sortant du pays, Hassan Diab, et qu'il avait pris des mesures pour inculper plusieurs autres anciens ministres, responsables de la sécurité et membres de l’autorité judiciaire.
Environ 3 000 tonnes d'engrais à base de nitrate d'ammonium ont explosé le 4 août 2020, tuant plus de 120 personnes, blessant plus de 6 000 et ravageant des zones entières de la capitale, au milieu de la pandémie du coronavirus et d'une crise financière paralysante, mettant en lumière la corruption systémique et la mauvaise gestion à tous les niveaux de la classe dirigeante libanaise.
Le juge Tarek Bitar a commencé à engager des poursuites vendredi, après avoir recueilli les dépositions des témoins pendant plusieurs mois.
De ce fait, Hassan Diab, qui a été convoqué pour un interrogatoire préliminaire par Bitar, l'ancien ministre des Finances Ali Hassan Khalil, l'ancien ministre de la Défense et des Travaux publics Ghazi Zeaiter, l'ancien ministre de l'Intérieur Nouhad Al-Mashnouk et Youssef Fenianos, l'ancien ministre des Transports et des Travaux publics sont également mis en examen, le juge a demandé officiellement, par l'intermédiaire du bureau du procureur spécial, la levée de leur immunité pour être poursuivis.
Une requête distincte sera aussi adressée au barreau de Beyrouth concernant Khalil et Zeaiter, et au barreau de Tripoli concernant Fenianos, à propos de leur immunité en tant que membres des organes juridiques respectifs.
Le prédécesseur de Bitar, Fadi Sawan, a été démis de ses fonctions l'année dernière à la suite de plaintes contre Khalil, Zeaiter et Fenianos.
Outre les ministres, Bitar demandera également l'autorisation d'interroger le directeur général de la Direction générale de la sécurité libanaise, le major général Abbas Ibrahim, et le chef de la sécurité de l'État, le major général Tony Saliba.
Bitar a de plus déposé des accusations contre le général à la retraite Jean Kahwaji, un ancien commandant de l'armée, et l'ancien chef du renseignement militaire, le major général Camille Daher, en plus de deux autres généraux du renseignement à la retraite, Ghassan Gharzeddine et Jawdat Oueidat, ainsi que plusieurs membres encore non identifiés de la justice libanaise.
Une source judiciaire a déclaré à Arab News qu'après les interrogatoires des politiciens, des chefs de la sécurité et des juges, le ministère public présentera son examen de l'affaire, accordant au barreau un mois pour donner son accord à la levée de l'immunité.
La source a ainsi exclu que des accusations formelles soient émises d'ici la fin de cette année, ajoutant que la plainte déposée par Bitar était basée sur l'article 189 du code pénal du pays, qui stipule «une intention criminelle possible».
Le ministre de l'Intérieur par intérim, Mohammed Fahmi a annoncé son intention «d’accorder l'autorisation de poursuivre le major général Abbas Ibrahim».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com