Pour l'Iran, l'exécution d'enfants délinquants n'est pas en violation des droits de l'homme

L'ONU et les groupes de défense des droits de l'homme critiquent fréquemment l'Iran pour l'exécution d'enfants délinquants. (PA)
L'ONU et les groupes de défense des droits de l'homme critiquent fréquemment l'Iran pour l'exécution d'enfants délinquants. (PA)
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Publié le Mercredi 30 juin 2021

Pour l'Iran, l'exécution d'enfants délinquants n'est pas en violation des droits de l'homme

  • «Plus de 80 mineurs délinquants attendent dans le couloir de la mort, dont quatre au moins risquent une exécution imminente»
  • La République islamique exécute des condamnés pour des crimes qu'ils ont commis alors qu'ils étaient mineurs «trois à quatre fois» par an

TEHERAN: Les exécutions de mineurs condamnés en Iran pour crime sont tout sauf un "symbole de violation des droits humains", a déclaré un haut diplomate iranien dans un entretien accordé à l'AFP en réponse à de récentes critiques de l'ONU.

La République islamique d'Iran est régulièrement critiquée par des ONG occidentales ou le Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme pour des exécutions de personnes condamnées pour des crimes commis alors qu'elles étaient mineures, en violation de la Convention internationale des droits de l'enfant, ratifiée par Téhéran.

En présentant le 22 juin un rapport très critique sur la situation des droits humains en Iran, la Haute-Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Michelle Bachelet, a redit la forte inquiétude des Nations unies face à l'"utilisation généralisée de la peine de mort" dans ce pays.

"Plus de 80 mineurs délinquants attendent dans le couloir de la mort, dont quatre au moins risquent une exécution imminente", a-t-elle dit.

Mais pour Majid Tafréchi, adjoint au secrétaire général du Haut Conseil iranien pour les droits de l'Homme, institution étatique dépendant de l'Autorité judiciaire, ces critiques ne sont pas justes.

D'une manière générale, explique ce diplomate de carrière, "le but de cette institution est de réduire au minimum et autant que possible le nombre d'exécutions de personnes condamnées à la peine capitale (mais) personne n'applaudit l'Iran" pour cela.

"Lorsque nous parlons (de mineurs délinquants), nous ne parlons pas de jeunes âgés de 5 ou 6 ans. Nous parlons principalement de grands garçons de 17 ans, dont le tribunal a reconnu qu'ils avaient la maturité" nécessaire pour comprendre la portée de leurs actes, dit-il.

A propos de l'exécution d'un criminel, "le Coran dit : c'est votre droit en tant que famille de victime, mais mon ami, si tu pardonnes, c'est bon pour toi", et "nous essayons de convaincre (les familles) de pardonner", ajoute M. Tafréchi.

Homicides volontaires et assassinats sont passibles de la peine de mort en Iran, selon le principe de la loi du talion. Mais si la famille d'une victime accorde son pardon à un criminel condamné à mort, la sentence n'est pas exécutée. 

«Sanctions barbares»

"Nous aimerions (que les familles des victimes) pardonnent, nous essayons de trouver de l'argent pour elles. Nous le leur demandons, nous les supplions (...) pas juste une fois, mais parfois (pendant) six ou sept ans", assure M. Tafréchi. 

Mais malgré cela "on accuse ce système comme un seul homme ; ce n'est pas juste. (Il y a) 85 millions (d'habitants en Iran, et) trois ou quatre (exécutions de mineurs par an) ne sont pas un symbole de violations des droits humains", estime-t-il.

Selon lui, dans le cas des mineurs condamnés pour crime, les efforts de son institution permettent d'obtenir un pardon des familles des victimes dans 96% des cas.

Selon l'ONU, les autorités iraniennes ont exécuté en 2020 au moins quatre personnes reconnues coupables de meurtres commis lorsqu'elles étaient mineures.

Le Conseil iranien pour les droits de l'Homme insiste sur la "clémence" dont font preuve selon lui la République islamique d'Iran et le code pénal iranien à propos des mineurs coupables de crimes, et sur les efforts des juges pour déterminer si le meurtre a été intentionnel et si le mineur a la maturité nécessaire pour discerner la nature de son crime.  

Mais quand on l'interroge sur les accusations récurrentes contre l'Iran de torture ou de négation du droit à un procès équitable formulées par l'ONU, des ONG comme Amnesty International, ou des chancelleries occidentales, M. Tafréchi voit surtout-là de la "propagande" et assure que tous les cas signalés font l'objet d'enquêtes.

Il renvoie les Occidentaux à leurs propres violations des droits humains, soit selon lui, "les sanctions barbares" imposées par les Etats-Unis à l'Iran, ou encore les ventes d'armes de la France et de la Grande-Bretagne aux monarchies arabes du Golfe, et reproche aux Occidentaux un discours de deux poids deux mesures servant leurs intérêts.


Dans Gaza affamée, des Palestiniens se rabattent sur la viande de tortue

(Photo AFP)
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  • Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
  • « La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

KHAN YOUNES, TERROIRES PALESTINIENS : Dans une bande de Gaza où les protéines sont rares, certains se résignent à manger des tortues marines.

« Les enfants étaient réticents, on leur a dit que c'était aussi délicieux que du veau », explique Majida Qanan, qui surveille les morceaux de viande rouge mijotant sur un feu de bois.

« Certains en ont mangé, d'autres pas. »

Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Depuis 18 mois de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, le territoire et ses 2,4 millions d'habitants se trouvent dans une situation humanitaire critique.

« La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

Depuis le 2 mars, Israël bloque toute livraison humanitaire, accusant le Hamas de détourner l'aide. Le mouvement palestinien dément ces accusations et accuse en retour Israël d'utiliser « la famine comme arme de guerre ».

Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), la bande de Gaza est aujourd'hui probablement plongée dans « la pire » situation humanitaire depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

En juin dernier, les acteurs du secteur humanitaire avaient évoqué des Palestiniens si démunis qu'ils en étaient parfois réduits à se nourrir d'aliments pour animaux ou d'herbe, et à boire l'eau des égouts.

Entretemps, une trêve, entrée en vigueur le 19 janvier, a permis d'augmenter les livraisons humanitaires, jusqu'au nouveau blocage israélien du 18 mars, suivi de la reprise de ses opérations militaires.

Les tortues, elles, sont tuées selon les rites halal, c'est-à-dire conformément aux préceptes de la religion musulmane, affirme Abdul Halim Qanan.

« S'il n'y avait pas de famine, on n'en mangerait pas, mais il faut bien compenser le manque de protéines avec quelque chose ».


Le président syrien reçoit un membre républicain du Congrès américain

Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
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  • En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions
  • C'est la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

DAMAS : Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Peu après l'arrivée d'Ahmed Chareh, Washington avait annoncé ne plus proposer de récompense pour son arrestation, après avoir reçu des « messages positifs » lors de la première visite officielle de diplomates américains à Damas après l'éviction de M. Assad.

Le nouveau gouvernement syrien cherche à obtenir une levée des sanctions internationales imposées à l'époque de Bachar al-Assad afin de relancer l'économie du pays, exsangue après 14 années de guerre civile.

Toutefois, certains pays souhaitent attendre de voir si les nouvelles autorités vont respecter les droits humains. 

En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions tant que des progrès sur des priorités telles que la lutte contre le « terrorisme » n'auront pas été constatés.

Les sanctions économiques ont un impact lourd sur le pays, où 90 % des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.

Une délégation ministérielle syrienne et le gouverneur de la Banque centrale doivent participer à des réunions avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale à Washington la semaine prochaine, ont récemment indiqué deux sources proches des participants.

La visite des deux élus américains intervient alors que les États-Unis ont annoncé le retrait prochain d'environ un millier de soldats américains déployés en Syrie pour lutter contre les jihadistes.

Washington a également mis en garde le même jour contre le risque d'attaques « imminentes » en Syrie, selon un message diffusé sur le site de l'ambassade américaine, fermée depuis 2012.


Les États-Unis annoncent réduire de moitié leurs effectifs militaires en Syrie

Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
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  • Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.
  • La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

WASHINGTON : Les États-Unis ont annoncé vendredi qu'ils allaient réduire de moitié leur présence militaire en Syrie, estimant avoir lutté avec « succès » contre le groupe État islamique (EI), même si des groupes djihadistes demeurent actifs dans un pays encore fragile.

Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.

Les États-Unis sont présents sur le sol syrien depuis des années, notamment dans le cadre de la coalition internationale contre l'EI.

La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

« Cette consolidation démontre les progrès considérables réalisés pour réduire l'attrait et les capacités opérationnelles du groupe Etat islamique, tant dans la région que dans le monde », a-t-il dit, évoquant plus globalement « le succès des États-Unis contre l'EI ».

Arrivé au pouvoir à Washington le 20 janvier, Donald Trump est depuis longtemps sceptique sur la présence militaire en Syrie. Et la chute fin décembre de Bachar al-Assad, remplacé à la tête du pays par une coalition menée par des islamistes, n'a pas changé la donne.

La prise de contrôle de pans entiers de la Syrie et de l'Irak par l'EI à partir de 2014 a déclenché l'intervention d'une coalition internationale menée par les États-Unis, dont l'objectif principal était de soutenir les unités de l'armée irakienne et les Kurdes qui combattaient l'EI au sol par les airs.

Mais Washington a alors aussi déployé des milliers de ses soldats pour soutenir ces troupes locales et mener ses propres opérations militaires.
« L'armée américaine va rester prête à mener des frappes contre ce qu'il reste de l'EI en Syrie », a déclaré vendredi le porte-parole du Pentagone, qui dit maintenir « des capacités importantes dans la région ».

Les États-Unis disposent actuellement d'environ 2 500 soldats en Irak, un chiffre appelé à diminuer.

La sécurité en Syrie reste précaire depuis la chute de Bachar al-Assad, après près de 14 ans d'une guerre déclenchée par la répression violente de manifestations antigouvernementales en 2011.

À la tête de forces de sécurité dominées par d'anciens rebelles islamistes, les autorités syriennes de transition ont la lourde tâche de maintenir la sécurité dans un pays multiethnique et multiconfessionnel où de nombreux groupes armés, parmi lesquels des djihadistes, sont encore présents.