LA CROSSE: Joe Biden s'est rendu mardi dans l'un des Etats-clés qui lui avaient donné la victoire face à Donald Trump, le Wisconsin, pour défendre sa politique économique et son gigantesque projet d'investissements dans les infrastructures, encore loin d'être approuvé par un Congrès profondément divisé.
Fruit d'un rare consensus entre certains sénateurs républicains et démocrates, ce plan permettrait "de placer l'Amérique en position de rivaliser avec le reste du monde au 21e siècle", a-t-il déclaré dans la ville de La Crosse.
Dans cet Etat mêlant régions industrielles et zones rurales qu'il a remporté grâce à une étroite majorité des voix en novembre 2020, il a insisté sur le fait que ce projet était "important pour les Américains, pas juste les gens des villes, pas juste pour les Etats républicains ou démocrates, mais pour tous".
En 2016, Donald Trump avait créé la surprise en emportant de peu cet ancien bastion démocrate, l'un des Etats-clés qui lui avaient donné sa victoire choc à la présidentielle.
Parmi ses électeurs, certains, ouvriers ou agriculteurs, avaient auparavant voté pour Barack Obama mais s'estimaient depuis abandonnés par les démocrates.
Dans un entrepôt municipal empli de bus, engins de réparation et panneaux routiers, où flottait une odeur d'huile de moteur, Joe Biden a martelé que ce vaste plan d'infrastructures créerait "en grande partie" des emplois "pour les ouvriers, dont une majorité n'auront pas de diplôme universitaire".
"Beaucoup de gens ont été abandonnés en chemin", a poursuivi le démocrate, fier de ses origines modestes.
Durement frappée pendant la pandémie de Covid-19, l'économie américaine se redresse. Le taux de chômage est retombé à 5,8% mais reste très loin des 3,5% d'avant la crise. Les nouveaux chiffres du chômage pour juin seront dévoilés vendredi.
- "En tandem" -
Les dépenses dans les infrastructures sont très populaire auprès des électeurs.
L'adoption de ces mesures titanesques pourrait donc soutenir les espoirs démocrates de conserver la majorité au Congrès lors des prochaines élections parlementaires de mi-mandat, en novembre 2022, voire les chances de réélection de Joe Biden s'il se représente en 2024.
Concrètement, le président et les chefs démocrates du Sénat et de la Chambre des représentants tentent d'avancer sur une double voie de négociations.
D'un côté, le plan sur les infrastructures traditionnelles qu'il défendait tout particulièrement mardi: ponts, autoroutes, mais aussi rénovation des canalisations en plomb ou installation de bornes de recharge pour des véhicules électriques.
Ce projet, estimé à 1.200 milliards de dollars sur huit ans, fait encore l'objet d'âpres négociations entre les partis et son adoption reste à ce stade incertaine.
En parallèle, Joe Biden soutient l'adoption d'un autre volet, au montant potentiellement encore plus élevé, pour investir dans ce qu'il appelle "les infrastructures humaines", avec des aides pour la garde d'enfants, les soins aux personnes âgées, l'éducation ou encore des investissements bien plus significatifs dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Mais ce projet de loi ne peut compter que sur des voix démocrates et même comme cela, il devra aussi faire l'objet de dures négociations -- et concessions -- pour satisfaire aussi bien l'aile gauche que les plus conservateurs du parti.