DUBAÏ: L'Autorité du marché des capitaux (CMA) a approuvé lundi dernier une demande déposée par Arabian Internet and Communications Services Co. (STC Solutions) pour introduire une participation à hauteur de 20% dans le cadre d'une introduction en bourse (IPO).
L'autorisation octroyée à STC Solutions est valable pour une période de six mois à compter du 28 juin. Le même jour, la CMA a également approuvé les demandes de Banan Real Estate Co. et de Canadian Medical Center Co. relatives à un enregistrement des actions pour une cotation sur le marché parallèle de Nomu.
Les annonces faites ce lundi surviennent à un moment où certains indices empiriques laissent entrevoir un véritable tsunami d'introductions en bourse à la Bourse de Riyad, le Tadawul, au cours de cette année.
«C'est du jamais vu. À partir de septembre, les introductions se succéderont à un rythme effréné», affirme sous l'anonymat un consultant en finance.
Vague d'inscriptions à Tadawul
Même si ces indices demandent à être confirmés, une tendance semble bel et bien se dégager, marquée par la domination de l'Arabie saoudite sur les nouvelles émissions d'actions dans la région. L'an dernier, le Tadawul a en effet attiré plus des trois quarts des nouvelles introductions en bourse réalisées dans la région. Au premier trimestre de l'année 2020, alors que la valeur globale des introductions en bourse était nettement inférieure à celle qu’on a observée l'année précédente, cette part est passée à un niveau stupéfiant de 98% grâce à deux grandes introductions en bourse opérées à Riyad, relatives aux sociétés Al Khorayef Water and Power Technologies Co. et Thebe Rentacar.
Ces chiffres sont appelés à augmenter grâce à la vague d'inscriptions à Tadawul prévue pour le second semestre.
Mazin al-Sudairi, responsable de la recherche à Al Rajhi Capital, la banque d'investissement de Riyad, confie à Arab News que «les chiffres ne sont pas définitifs», expliquant: «Les introductions sont si nombreuses que nous n'avons pas pu les évaluer avec précision.»
Convergence de facteurs favorable
Selon le consultant financier anonyme, trente entreprises négocient avec la CMA – en l'occurrence le régulateur du marché boursier – en vue d’entrer en bourse dans le courant de l'année. «Évidemment, certaines sociétés n'y parviendront pas; et pourtant, on prévoit environ une introduction en bourse par semaine à Riyad à compter du mois de septembre», indique-t-il.
En revanche, l'autre grand marché financier de la région, les Émirats arabes unis, se situe à un niveau bien plus bas sur la courbe.
La récente décision prise par Mubadala, le fonds souverain d'Abu Dhabi, qui consiste à introduire en bourse son entreprise de satellites Yahsat, représentera la première introduction en bourse depuis 2017. À Dubaï, la tendance semble aller dans le sens inverse: de nombreuses grandes entreprises cotées en bourse tentent de retirer leurs actions de la bourse.
Mais pourquoi ce phénomène se produit-il à présent à Riyad? Une convergence de facteurs favorables semble encourager les entreprises privées de l'Arabie saoudite à vendre leurs actions.
Valorisations
Pour commencer, les valorisations atteignent à présent des niveaux qui n’ont jamais été atteints sur le Tadawul. En effet, grâce à la reprise économique postpandémie et à la hausse des prix du pétrole, l'indice affiche un niveau record sur plusieurs années et les valorisations représentent près de 35 fois les bénéfices, ce qui place le marché saoudien bien au-dessus de ses concurrents de la région.
Par ailleurs, le marché saoudien représente depuis toujours le marché le plus important et le plus liquide de la région; les citoyens et les résidents du pays – qui constituent une cible importante des prochaines offres au niveau des tranches de détail – ont amassé des capitaux à investir tout au long des mois de blocage.
Dans le même temps, le secteur des capitaux privés est arrivé à maturité dans le Royaume, et quelques grands investissements sont prêts à sortir de la bourse. «Davantage d'entreprises familiales et d'entrepreneurs ont grandi et sont davantage conscients des avantages que présentent les sociétés cotées en bourse, notamment en matière de gouvernance et de succession», note M. Al-Sudairi.
Enfin, il faut souligner la diversification économique que connaît le Royaume dans le cadre de sa stratégie Vision 2030, qui souhaite encourager le secteur privé. Elle constitue un terrain naturel propice aux introductions en bourse.
Obtenir des fonds
C'est grâce à l'introduction en bourse historique de Saudi Aramco, en 2019, que le gouvernement s'est placé à la tête de l'introduction en bourse, ce qui a incité d'autres entreprises à se tourner vers les marchés d'actions pour obtenir des fonds. «Un grand nombre d'entreprises prospèrent au-delà du secteur public, comme dans les domaines de l'Internet et du commerce électronique, par exemple. Ces entreprises peuvent énormément intéresser les investisseurs», indique Tarek Fadlallah, directeur général de la société Nomura Asset Management au Moyen-Orient.
Mais quelles sont les entreprises qui ont le plus de chances d'entrer en bourse à Riyad? Certains ont déjà manifesté un intérêt à cet égard, comme la division de services Internet qui appartient au géant des télécommunications STC. Elle a en effet annoncé en début d'année qu'elle envisageait une introduction en bourse sur le Tadawul. Selon les dernières informations dont nous disposons, Batelco, le groupe de télécommunications bahreïni, envisage de procéder à une double cotation de ses actions à Manama, mais également à Riyad, ce qui constituerait une première dans la région.
Il y a aussi, bien sûr, le Tadawul lui-même. Il est prévu qu'il introduise ses propres actions en bourse, probablement vers la fin de l'année; il s’agira d’un événement historique pour la bourse et pour le secteur financier en Arabie saoudite.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.