NEW YORK: La Trump Organization inculpée dans les jours qui viennent? Les avocats de l'entreprise de Donald Trump ont plaidé ce lundi pour essayer de l'éviter auprès des procureurs, accusés par l'ex-président républicain de "harceler un adversaire politique".
Ces derniers jours, des informations ont indiqué que les enquêtes à huis clos sur les affaires de l'ex-magnat de l'immobilier new-yorkais – ouvertes depuis deux ans par le procureur de Manhattan et la procureure de l'État de New York, deux élus démocrates, et portant sur des soupçons de fraude fiscale ou fraude aux assurances – s'apprêtaient à porter leurs premiers fruits.
Selon plusieurs médias, les avocats de la Trump Organization devaient rencontrer ce lundi les procureurs pour présenter leurs derniers arguments en faveur d'une non-inculpation de l'entreprise.
Information indirectement confirmée par Donald Trump lui-même lundi soir, qui a indiqué dans un communiqué que ses avocats s'étaient vus donner "un jour, aujourd'hui, pour nous défendre d'avoir fait des choses qui sont banales dans le monde des affaires".
Des sources anonymes citées par le New York Times avaient indiqué la semaine dernière qu'une inculpation de la Trump Organization était à l'étude, concernant des avantages en nature accordés au directeur financier de la holding, Allen Weisselberg, fidèle parmi les fidèles de Donald Trump, et présumément non déclarés au fisc.
Sollicités, ni les procureurs concernés ni les avocats de la Trump Organization – holding familiale non cotée qui détient clubs de golf, hôtels et propriétés de luxe – ou de M. Weisselberg n'ont confirmé ces informations.
«Question de jours»
Pour Bennett Gershman, professeur de droit à l'université Pace et ex-procureur de Manhattan, une inculpation de la Trump Organization ne devrait plus être maintenant qu'"une question de jours".
La personne morale qu'est la Trump Organization pourrait-elle être poursuivie, sans que Donald Trump ou l'un des membres de sa famille – il a laissé les rênes de son entreprise à ses deux fils ainés et M. Weisselberg en partant pour la Maison Blanche début 2017 – le soit aussi?
De nombreux experts judiciaires jugent cela improbable et s'attendent à ce que M. Weisselberg, qui a refusé jusqu'ici de collaborer avec la justice, soit lui aussi inculpé, en même temps que la Trump Organization ou peu après.
Mais personne ne se risque à un pronostic concernant une éventuelle inculpation de l'ex-président républicain, qui a tenu samedi dans l'Ohio son premier grand meeting politique depuis son départ de la Maison Blanche et maintient l'ambiguïté sur une nouvelle candidature à la présidentielle en 2024.
L'un des avocats de la Trump Organization, Ron Fischetti, a assuré lundi soir à des médias américains que Donald Trump ne serait pas personnellement inculpé, "en tout cas pas dans ce qui va tomber cette semaine" – tout en soulignant qu'il n'était "pas encore tiré d'affaire".
L'ancien président, désormais domicilié en Floride, a qualifié à nouveau lundi ces enquêtes de "continuation de la plus grande chasse aux sorcières de tous les temps".
Il a aussi accusé les procureurs démocrates d'être "prêts à tout pour arrêter" son mouvement et lui, "en allant jusqu'à commettre des fautes professionnelles et harceler un adversaire politique".
Même s'il était inculpé, cela ne l'empêcherait théoriquement pas d'à nouveau briguer la présidence, selon les lois électorales américaines.
Les enquêtes en cours s'appuient notamment sur huit ans de déclarations d'impôts de l'ex-président obtenues par les procureurs après une longue bataille judiciaire, et sur des témoignages de son ex-avocat personnel Michael Cohen.
Condamné à trois ans de prison, ce dernier, qui collabore avec les enquêteurs, a affirmé que l'entreprise surévaluait ou sous-évaluait régulièrement ses actifs, possibles délits de fraude fiscale ou fraude aux assurances.
Les enquêtes devraient en tout cas continuer au-delà des premières inculpations, laissant la porte ouverte à de nouvelles poursuites à terme.
Et la possibilité de voir la justice rattraper Donald Trump ne manque pas de réjouir ses adversaires: "Il n'a jamais suivi les règles" et "mérite d'aller en prison", a notamment déclaré sur CNN Barbara Res, une ex-présidente de la Trump Organization.