Régionales: rebelote pour l'abstention, toujours au plus haut

«La présidentielle garde un statut à part aux yeux des électeurs, celui de la seule élection qui compte vraiment». (Photo, AFP)
«La présidentielle garde un statut à part aux yeux des électeurs, celui de la seule élection qui compte vraiment». (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Lundi 28 juin 2021

Régionales: rebelote pour l'abstention, toujours au plus haut

  • Le petit gain d'un ou deux points de participation entre les deux tours n'égale nullement le rebond de près de dix points lors du précédent scrutin des régionales
  • Selon Ipsos, comme au premier tour, c'est toujours dans le Grand Est (70%) et les Pays de la Loire (68,5%) que l'on trouve le plus d'abstentionnistes

PARIS: Rebelote pour l'abstention: le sursaut électoral espéré pour le second tour des régionales et départementales n'a pas eu lieu et sans surprise, elle est demeurée dimanche à un très haut niveau, autour de 65% selon les sondeurs, après le record du premier tour (66,72%).

Elle se situe entre 64,3 et 66,3% au second tour contre 66,7% au premier tour, selon les estimations d'Ifop Fiducial pour TF1/LCI, Elabe pour BFM/RMC, Opinionway pour CNews, Ipsos pour France Télévisons Radio France et la Chaîne parlementaire. L'institut Harris pour M6 est celui qui donne l'abstention la plus faible à 64,3%.

Le petit gain d'un ou deux points de participation entre les deux tours n'égale nullement le rebond de près de dix points lors du précédent scrutin des régionales de 2015 (41,59% au premier tour, 50,09% au second). Et place l'abstention de dimanche très au-dessus de celle enregistrée au second tour des départementales de 2015 (50,02%).

Élection escamotée

"Il n'y a pas eu de sursaut démocratique, cette élection a été escamotée par plus de 31 millions de Français dès dimanche dernier", a résumé le sondeur Frédéric Dabi (Ifop) sur LCI.

"Dans un contexte de sortie de crise, de proximité avec l'été, de précampagne présidentielle, cette élection n'a jamais trouvé sa place", ajoute-t-il.

"Les citoyens sont restés à côté des appels à voter des responsables politiques ou des médias. Il y a une forme d'imperméabilité à tout ça", analyse la spécialiste de l'abstention Céline Braconnier.

"Il y a un climat d'opinion défavorable qui est très installé et qui ne pouvait pas être modifié en une semaine", abonde Pierre Lefébure, politiste de l'Université Sorbonne-Paris Nord. 

Au premier tour, le 20 juin, jamais les Français n'avaient autant boudé un scrutin depuis le référendum sur le quinquennat le 24 septembre 2000, le record absolu d'abstention sous la Ve République avec 69,8%.

Mais les semaines se suivent et se ressemblent donc et ce double désaveu électoral amplifie une tendance lourde des dernières décennies que le quinquennat Macron n'aura pas réussi à inverser. Plus de la moitié des électeurs ont boudé les urnes depuis son élection à chaque suffrage, des législatives de 2017 aux municipales de 2020, à l'exception notable du sursaut inattendu des européennes de 2019 (50,12% de participation).

"Il y a une forme de résignation et de distance qui s'est installée", met en garde Céline Braconnier.

"Le reflux du RN montre qu'il n'échappe pas à l'abstention, notamment à cause de son électorat jeune et défavorisé", précise-t-elle.

Comme au premier tour, les plus jeunes (21% de participation pour les 18-24 ans et les 25-34 ans, 25% parmi les 35-49 ans, contre 34,3% en moyenne, et 58% pour les plus de 70 ans) sont en effet parmi ceux qui ont le moins voté lors de ce second tour, selon un sondage Ipsos Sopra Steria.

Les femmmes (33%) ont un peu moins participé que les hommes (36%) mais la différence n'est pas aussi notable qu'au premier tour où l'écart était de plus de 10 points. Les employés (25%) et les ouvriers (27%) ont aussi été moins présents dans les urnes que les cadres (37%).

Et comme au premier tour, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (30%) et de Marine Le Pen de 2017 (37%) sont restés moins mobilisés que ceux d'Emmanuel Macron (42%) ou de François Fillon (44%).  

La tendance nationale ne doit pas masquer non plus des disparités régionales et des rebonds de participations locaux. 

Ainsi dans la région Paca, avec un duel particulièrement clair pour les électeurs entre le LR Renaud Muselier et le RN Thierry Mariani, la participation a augmenté selon Ipsos de plus de 4 points (62,2% d'abstention contre 66,3% au premier tour), expliquant en partie le large succès du président sortant.

"Il y un petit regain mais négligeable, même en Paca", relativise le sondeur Jérôme Sainte-Marie (PollingVox).

Présidentielle préservée?

"Cela montre peut-être que le RN ne fait plus peur et qu'il y a une forme de banalisation y compris dans la mobilisation", avance-t-il.

Selon Ipsos, comme au premier tour, c'est toujours dans le Grand Est (70%) et les Pays de la Loire (68,5%) que l'on trouve le plus d'abstentionnistes, devant l'Ile-de-France (67%), les Hauts de France (66,8%), la Normandie (66,8%) et le Centre-Val de Loire (66,6%).

La palme du civisme revient toujours à la Corse (41,8%) qui se démarque clairement du reste de la France, devant l'Occitanie (61,9%) et la Nouvelle Aquitaine (62,8%), Paca venant se glisser parmi les bons élèves (62,2%).

Plusieurs spécialistes mettent cependant en garde contre une extrapolation pour 2022.

"La présidentielle garde un statut à part aux yeux des électeurs, celui de la seule élection qui compte vraiment", souligne Pierre Lefébure.

Pour la présidentielle "il peut y avoir une campagne de forte intensité, clivée", approuve Céline Braconnier.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
Short Url
  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Short Url
  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Short Url
  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".