Ignorant les régionales, Macron déjà tourné vers la suite

Le président français Emmanuel Macron et son épouse Brigitte Macron (à gauche) quittent un bureau de vote après avoir voté au Touquet, pour le deuxième tour des élections régionales françaises le 27 juin 2021. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron et son épouse Brigitte Macron (à gauche) quittent un bureau de vote après avoir voté au Touquet, pour le deuxième tour des élections régionales françaises le 27 juin 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 28 juin 2021

Ignorant les régionales, Macron déjà tourné vers la suite

  • Pour le président, aucun enseignement national ne peut être tiré de ce scrutin local marqué par une forte abstention et une prime aux sortants
  • Dans l'entourage du chef de l'État, on estime que l'abstention montre surtout que les Français veulent du concret

PARIS: Pressé de tourner la page d'un scrutin régional calamiteux pour son parti, Emmanuel Macron recommence dès lundi à défendre son action, cette fois sur l'attractivité française, à Douai où il retrouvera Xavier Bertrand qui se pose en rival pour 2022.

Pour le président, aucun enseignement national ne peut être tiré de ce scrutin local marqué par une forte abstention et une prime aux sortants.

"Qu'ont voulu dire les électeurs? Rien car ils n'ont pas voté! Les sortants sont tous réélus", commente un conseiller. Réélu dans les Hauts-de-France, l'ex-LR "Xavier Bertrand a fait moins de voix que la fois d'avant et a été élu par 2 ou 3 électeurs sur 10 pour s'occuper du conseil régional", glisse-t-il, jugeant "qu'il n'y a aucun impact sur la présidentielle car ces deux élections sont complétement déconnectées".

Dans l'entourage du chef de l'État, on estime que l'abstention montre surtout que les Français veulent du concret. "Les gens ont la tête au sanitaire, à l'économique et au social", estime un proche. D'où son programme qui va mettre en avant des créations d'emplois et la compétitivité française.

Emmanuel Macron se rend lundi matin sur le site de Renault à Douai pour annoncer l'implantation d'une méga-usine de batteries de 2 milliards d'euros, avec 1 000 emplois à la clé. Parmi les invités, le président réélu des Hauts-de-France.

Le soir-même, Emmanuel Macron recevra 150 patrons à Versailles, inaugurera mardi les locaux de la banque JP Morgan puis terminera vendredi par l'exposition de produits "Made in France" à l'Élysée, l'occasion d'insister sur le rebond des créations d'emplois.

Son "tour de France", démarré avant les régionales, se poursuivra jusqu'à la mi-juillet, illustration de sa volonté d'"enjamber" le scrutin qui s'est avéré, comme prévu, impitoyable pour LREM.

La ligne du chef de l'État reste "d'accompagner la réouverture, de rester vigilant sur les variants, de poursuivre la vaccination, d'accompagner la relance et de déterminer s'il doit y avoir des réformes supplémentaires, lesquelles et quand, ce qui sera arbitré d'ici le 14 juillet", ajoute un proche, "ce qui n'a aucun rapport avec les élections régionales".

Pas de grand remaniement

Pas question non plus de modifier significativement le gouvernement. "Il n'y aura pas de remaniement, sauf au cas par cas si nécessaire, mais des ajustements techniques, par exemple sur le périmètre de certains ministres", ajoute une source proche de l'exécutif.

Le chef de l'État veut "reprendre la cohérence des réformes et se projeter sur le temps long avec des chantiers d'avenir industriels, économiques et sociaux".

Quant au déficit démocratique ressenti par beaucoup de Français, Emmanuel Macron a de nouveau évoqué vendredi la Conférence sur l'avenir de l’Europe, des consultations citoyennes qu'il souhaite lancer cette année jusqu'en mars 2022.

Même si le président l'écarte, certains analystes estiment pourtant que la course à la présidentielle a bien commencé dimanche soir, ne serait-ce qu'en influençant la stratégie de la gauche et de LR, relève Bruno Cautrès, du Cevipof.

L'élection de dimanche soir pose aussi la question de la dynamique du RN, l'adversaire qu'Emmanuel Macron est toujours convaincu de devoir affronter au second tour en 2022.

Le fait que le parti d'extrême droite ait encore échoué à remporter une région "casse la narration de la montée irrésistible du RN", relève le politologue, "même si cela ne veut pas dire que Marine Le Pen est enrayée en vue de la présidentielle".

"Cela montre qu'il faut réinventer une stratégie envers le RN et que le 'no pasaran' ne suffira pas, les Français n'en sont plus convaincus", renchérit un conseiller de l'exécutif.

"Qu'en conclure pour la présidentielle? rien ou presque", nuance Chloé Morin, politologue attachée à la Fondation Jean-Jaurès. "Les candidats mis en échec, Le Pen, Macron ou Mélenchon, restent les candidats les mieux placés dans les intentions de vote. Les élections sont de plus en plus déconnectées les unes des autres", explique-t-elle.

Pourtant, Xavier Bertrand a "coché une case avec sa réélection" et "a posé les bases d'un récit intéressant" comme vainqueur contre le RN qui est fort dans les Hauts-de-France. "Mais cela n'est pas encore suffisant pour devenir le troisième homme", estime-t-elle.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".