Régionales: des appels à la mobilisation qui ont du mal à se faire entendre

La crise sanitaire, comme l'an dernier lors des municipales, a sans doute dissuadé des électeurs de se rendre dans les bureaux de vote, même si son impact est difficile à évaluer. (Photo, AFP)
La crise sanitaire, comme l'an dernier lors des municipales, a sans doute dissuadé des électeurs de se rendre dans les bureaux de vote, même si son impact est difficile à évaluer. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 26 juin 2021

Régionales: des appels à la mobilisation qui ont du mal à se faire entendre

  • Un électeur sur trois seulement s'est rendu aux urnes au premier tour, pour une abstention record de 67,7%
  • Au soir du premier tour, tous les leaders politiques ont lancé un appel à la mobilisation

PARIS : Sursaut ou nouveau flop démocratique ? Après l'abstention historique qui a marqué le premier tour des régionales et des départementales, le second tour dimanche devrait s'inscrire "dans la continuité" et ne pas connaître de rebond spectaculaire de la participation.

A deux jours du scrutin, les instituts de sondage et les politologues ne décèlent toujours pas de signes susceptibles d'inverser la tendance. 

Un électeur sur trois seulement s'est rendu aux urnes au premier tour, pour une abstention record de 67,7%, loin au-dessus des 50,09% du scrutin de 2015 et surtout du précédent pic pour des régionales en 2010 (53,67%).

"Je vois mal une mobilisation qui viendrait bouleverser le rapport de forces établi au premier tour, même s'il y a souvent un peu plus de participation au second tour qu'au premier, comme ce fut le cas en 2015", affirme Romain Pasquier, directeur de recherche au CNRS. 

Au soir du premier tour, tous les leaders politiques ont lancé un appel à la mobilisation. Parmi eux, Marine Le Pen, dont l'électorat a particulièrement boudé les urnes, le Rassemblement national ne parvenant en tête que dans une seule région (Provence-Alpes-Côte d'Azur) contre six en 2015.

La question de la participation se pose surtout dans cette région, où le sortant LR Renaud Muselier et le RN Thierry Mariani sont au coude-à-coude pour leur duel de dimanche, après le retrait de Jean-Laurent Félizia, chef de file écologiste de l'union de la gauche, afin de barrer la route au Rassemblement national. 

"Il y a deux questions en Paca : l'attitude de l'électorat de gauche (appelé à voter LR contre le RN) et si le RN a des réserves de voix", expose Bernard Sananès, président de l'institut Elabe.

Malgré ces enjeux, "nous sommes plus sur une réédition du premier tour" que sur un rebond de la mobilisation, constate Frédéric Dabi, directeur général de l'Ifop, institut qui a publié un sondage cette semaine montrant un très léger rebond de deux points de la participation à 36% pour dimanche.

Comprendre les compétences des régions

Après le fiasco au premier tour d'une campagne axée sur des sujets nationaux comme la sécurité, le débat s'est concentré sur les sujets locaux dans l'entre-deux-tours, mais sans avoir forcément des conséquences sur la participation. 

"Relocalisation ne signifie pas forcément remobilisation de l'électorat", constate M. Dabi.

Reste à comprendre, à moins d'un an de la présidentielle, les raisons de cette forte abstention, proche du record absolu sous la Ve République, qui était de 69,8% lors du référendum sur le quinquennat en septembre 2000.

La crise sanitaire, comme l'an dernier lors des municipales, a sans doute dissuadé des électeurs de se rendre dans les bureaux de vote, même si son impact est difficile à évaluer.

Le gouvernement, qui a lancé une campagne de communication en vue du deuxième tour, s'est retrouvé également sur le banc des accusés, l'opposition voyant comme l'un des facteurs de l'abstention les dysfonctionnements dans l'acheminement de la propagande électorale au premier tour.

La ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa a, pour sa part, évoqué le problème de la visibilité du rôle des territoires dans le quotidien des Français.

"Ce n'est pas toujours clair pour tout le monde de savoir quelles sont les compétences des départements et des régions", a-t-elle concédé vendredi sur Europe 1.

Pour Jules Nyssen, délégué général de Régions de France, il n'y a aucun doute : "Au premier tour, l'abstention a été liée au fait que le débat politique a lieu sur d'autres sujets que les compétences régionales, des compétences d'ailleurs difficiles à voir clairement pour les citoyens".

"Tant que les gens ne comprendront pas mieux à quoi sert une région et comment cela influe dans leur quotidien, il y aura un problème d'abstention.Il faut que les niveaux de responsabilités soient mieux perçus", assure-t-il.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".


Le lycée Averroès, «un bastion de l'entrisme islamiste», selon Retailleau

Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
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  • "Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme"
  • "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation"

MARSEILLE: Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, disant souhaiter "que l'Etat fasse appel".

"Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme", a déclaré le ministre. "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation", a-t-il ajouté, lors d'un déplacement à Marseille.

 


Accélérer "l'électrification" de la France: des acteurs de l'énergie mobilisent les parlementaires

Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (G), et le Premier ministre français, François Bayrou, quittent le Palais présidentiel de l'Élysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 21 avril 2025. (AFP)
Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (G), et le Premier ministre français, François Bayrou, quittent le Palais présidentiel de l'Élysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 21 avril 2025. (AFP)
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  • Une vingtaine de fédérations et organisations professionnelles de l'énergie appellent jeudi députés et sénateurs à engager une "véritable rupture dans l’électrification des usages" pour réduire la dépendance de la France aux énergies fossiles importées
  • Sur proposition du Premier ministre François Bayrou, l'Assemblée nationale le 28 avril, puis le Sénat le 6 mai accueilleront un débat sur la souveraineté énergétique

PARIS: A l'approche d'un débat au Parlement sur la souveraineté énergétique, une vingtaine de fédérations et organisations professionnelles de l'énergie appellent jeudi députés et sénateurs à engager une "véritable rupture dans l’électrification des usages" pour réduire la dépendance de la France aux énergies fossiles importées et coûteuses.

"Chaque jour, ce sont 180 millions d’euros qui s’envolent pour couvrir notre consommation d'énergies fossiles – soit plus de 65 milliards d’euros par an versés à des puissances étrangères, parfois hostiles à nos intérêts", selon cette lettre ouverte aux députés et aux sénateurs.

Parmi les signataires figurent l'Union française de l'électricité, des acteurs des renouvelables (Enerplan, France Hydro Électricité, France Renouvelables, SER) et du nucléaire (Gifen, SFEN).

Ils soulignent "l'urgence" d'accélerer "les transferts d’usage vers l’électricité", dans les transports, l'industrie et les bâtiments encore très dépendants des énergies fossiles.

Sur proposition du Premier ministre François Bayrou, l'Assemblée nationale le 28 avril, puis le Sénat le 6 mai accueilleront un débat sur la souveraineté énergétique après 4 ans d'une large concertation pour bâtir la nouvelle feuille énergétique de la France pour la période 2025-2035.

Cette programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) doit mettre la France sur la voie de la neutralité carbone en 2050 en réduisant la part des énergies fossiles dans la consommation d'environ 60% en 2023 à 30% en 2035.

Ce projet a été approuvé le 27 mars dernier par le conseil de supérieur de l'énergie, et restait à publier le décret. Or l'adoption de cette PPE a été fortement critiquée par des partis allant du centre à l'extrême droite au Parlement, ainsi que par les défenseurs de l'énergie nucléaire, dénonçant un soutien trop important aux énergies renouvelables au détriment de l'atome selon eux.

De nombreux acteurs de l'énergie pressent pour que le décret soit publié au plus vite et appellent à cesser les tergiversations politiques, craignant l'absence de visibilité pour investir et recruter.

"La question n’est pas tant de savoir si l’électricité doit sortir d’un (réacteur) EPR, d’un SMR (mini réacteur), d’un barrage (...) d’une éolienne ou d’un panneau solaire, mais surtout de savoir comment cette électricité, produite intégralement en France et décarbonée, peut se substituer aux énergies fossiles importées", soulignent les signataires.

Le décret sera publié "d'ici à l'été", à l'issue du débat sans vote au Parlement, indiquait début avril le cabinet de la porte-parole du gouvernement Sophie Primas. Le décret pourra faire l'objet "d'éventuelles modifications en fonction des débats parlementaires qui auront lieu lors de la discussion" d'une proposition de loi du sénateur LR Daniel Gremillet. Celle-ci déjà adoptée en première lecture par le Sénat sera discutée à l'Assemblée nationale "la deuxième quinzaine de juin", selon Mme Primas.