Régionales: abstention quasi record, les sortants réélus, pas de région pour le RN

En Ile-de-France, Valérie Pécresse (ex-LR, Libres !), récolte autour de 45% des voix et l’emporte (Photo, AFP).
En Ile-de-France, Valérie Pécresse (ex-LR, Libres !), récolte autour de 45% des voix et l’emporte (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 27 juin 2021

Régionales: abstention quasi record, les sortants réélus, pas de région pour le RN

  • Marquant une envolée vertigineuse par rapport à 2015, l'abstention atteint quelque 66%
  • La droite classique retrouve de l'élan en vue de 2022 alors qu'elle semblait prise en étau entre le RN et LREM

PARIS: Le second tour des régionales a confirmé dimanche une abstention quasi record autour de 66%, et la prime donnée par les électeurs aux sortants LR et PS, mais marque aussi l'échec du RN à emporter une région, y compris Paca, sa meilleure chance à dix mois de la présidentielle.

Après la fermeture des derniers bureaux de vote à 20H00, la participation des quelque 48 millions d'électeurs appelés aux urnes dimanche s'établit à environ 33% en France métropolitaine, au même niveau qu'au premier tour, et bien en dessous des 55,57% de 2015.

Marquant une envolée vertigineuse par rapport à 2015, l'abstention atteint quelque 66% (66,7% au premier tour, 41,59% au second tour de 2015), malgré les appels au voté répétés de la classe politique entre les deux tours.

Si les sondages prédisaient avant le premier tour du 20 juin une victoire au RN en région Provence-Alpes-Côte d'Azur, le candidat Thierry Mariani (ex-LR devenu RN) voit la victoire filer à Renaud Muselier, président LR sortant. M. Muselier, qui a notamment bénéficié du retrait du candidat de gauche pour faire barrage au RN, engrange 53 à 55% des suffrages contre 44 à 46% pour M. Mariani, selon les sondages à la sortie des bureaux de vote.

Une vraie déception pour le RN qui espérait briser le plafond de verre lors de ce scrutin et en tirer une dynamique en vue de la présidentielle. Sa cheffe Marine Le Pen, a cependant donné « rendez-vous aux Français, dès demain, pour construire tous ensemble l'alternance dont la France a besoin ».

Statu quo

La prime aux présidents de région sortants, tous réélus en métropole, profite à plein à la droite classique, qui retrouve de l'élan en vue de 2022 alors qu'elle semblait prise en étau entre le RN et LREM.

Candidat proclamé à la présidentielle, l'ex-LR Xavier Bertrand a largement remporté son pari dans les Hauts-de-France : avec entre 52% et 53% des voix, il devance de quelque 25 points son adversaire du RN Sébastien Chenu. Immédiatement après 20H, le sortant s'est dit prêt à aller à « la rencontre de tous les Français ».

Autre prétendant possible à droite pour 2022, Laurent Wauquiez écrase le match en Auvergne-Rhône-Alpes, à plus de 54% face à la liste d’union de la gauche emmenée par Fabienne Grebert, donnée à 32-33%.

La résistance du vieux monde

Éparpillées façon puzzle dès le premier tour, les listes LREM-Modem n'ont pas fait mieux ce dimanche. Selon les sondages, elles ne totalisent que 7% des suffrages au niveau national, loin derrière la droite, la gauche et les écologistes et le RN.

La majorité présidentielle fera cependant son entrée dans des exécutifs régionaux. Désorientés, et parfois en perdition au niveau national, LR et la gauche emmenée par le PS confirment que les exécutifs locaux sont toujours de solides bastions.

Et en Ile-de-France, Valérie Pécresse (ex-LR, Libres !), récolte autour de 45% des voix face à une liste d'union de gauche emmenée par l'écologiste Julien Bayou (32-33%). Pécresse passe elle aussi son test grandeur nature sur la route de 2022, se disant prête à « prendre toute sa part » à « une équipe de France de la droite et du centre qui a émergé ».

Autre motif de satisfaction à droite, la victoire de Jean Rottner dans le Grand Est qui remporte une quadrangulaire à 39%, avec 12 points d'avance sur le RN Laurent Jacobelli tandis qu'en Normandie Hervé Morin (LR/UDI/MoDem) l'emporte à quelque 44%. 

Dans la lignée du premier tour, la gauche sort aussi requinquée de ce scrutin et maintient ainsi son ancrage local. De quoi faire dire au numéro un du PS Olivier Faure que son parti avait la « responsabilité de rassembler l'ensemble de la gauche et des écologistes » pour 2022.

Alain Rousset (PS), président de région depuis 1998, a décroché un cinquième mandat en Nouvelle-Aquitaine, avec près de 40% des voix et sans s’allier avec EELV.

En Occitanie, la socialiste Carole Delga a également été confortablement reconduite par les électeurs, tout comme François Bonneau en Centre-Val de Loire, et Marie-Guite Dufay en Bourgogne-Franche-Comté, au terme d’une campagne qui s’annonçait pourtant difficile.

En Bretagne, région emblématique pour la majorité qui y avait obtenu parmi ses meilleurs scores à la présidentielle, le président socialiste sortant Loïg Chesnais-Girard sort en tête avec près de 30% des voix. Mais, après avoir fait cavalier seul en refusant tout accord avec EELV comme LREM, il ne devrait avoir qu'une majorité relative.

La gauche peut aussi se targuer de voir une région basculer dans son escarcelle : à La Réunion, Huguette Bello, à la tête d'une liste d'union, a revendiqué sa victoire face au sortant Didier Robert (DVD). 

Macron tourne la page

Quant à la majorité présidentielle, absente au premier tour en Paca, éliminée dans les Hauts-de-France, en Auvergne-Rhône-Alpes ou en Occitanie, elle confirme ses faibles étiages là où elle a pu concourir. Les ministres Brigitte Klinkert (Grand Est), Geneviève Darrieussecq (Nouvelle-Aquitaine) Marc Fesneau (Centre-Val de Loire), ou encore le député Laurent Saint-Martin (Ile-de-France) stagnent ou régressent par rapport au premier tour et devront se contenter de quelques sièges.

Mais Emmanuel Macron, qui s'est offert un bain de foule dimanche en marge de son vote au Touquet, semble résolu à vite tourner la page de ce scrutin pour se projeter dans la campagne de 2022. Lundi, il occupera ainsi le terrain économique en visitant une usine de batteries électriques à Douai (Nord), notamment en compagnie de... Xavier Bertrand.

Le front républicain marche toujours

Son bien-fondé ou son utilité ont été questionnés lors de la campagne. Jusque dans le cercle proche du chef de l'Etat ou à gauche. Mais le front républicain face au RN continue de fonctionner.

En Paca, Renaud Muselier arrivé deuxième au premier tour, a largement battu Thierry Mariani en s'appuyant sur le soutien de la gauche qui a choisi de se retirer.

Alors que l'échec de la majorité alimente les rumeurs de remaniement, 32% des Français le souhaitent « dans les semaines qui viennent » selon un sondage Ipsos SopraSteria pour France TV, Radio France et LCP réalisé les 25 et 26 juin auprès de 1.499 personnes et publié dimanche.

Après ces deux tours, les présidents de région seront ensuite élus le 2 juillet, selon Régions de France.

Dans l'ombre des régionales, les départementales ont été logiquement marquées par une abstention massive équivalente au premier tour, et des équipes sortantes issues des partis de droite et de gauche largement en tête, comme le ministre des Outre-mers Sébastien Lecornu dans son canton de l'Eure.

Le RN espère toutefois progresser dans les Pyrénées-Orientales dont il dirige le chef-lieu Perpignan. Le PCF est, lui, en situation difficile dans son fief du Val-de-Marne.


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.