Quand les petites îles «vertes» de Grèce veulent donner l'exemple

 L'île verte du Dodécanèse, la pionnière, quasi-autonome en énergie, veut "donner l'exemple" à ses petites soeurs grecques, dont certaines prennent déjà le relais. (Photo, AFP)
L'île verte du Dodécanèse, la pionnière, quasi-autonome en énergie, veut "donner l'exemple" à ses petites soeurs grecques, dont certaines prennent déjà le relais. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 26 juin 2021

Quand les petites îles «vertes» de Grèce veulent donner l'exemple

  • Dans l'archipel du Dodécanèse, cette terre est la première de Méditerranée à produire la quasi-totalité de son électricité à partir d’énergies renouvelables
  • Tilos a remporté cette semaine le 3e prix européen de la meilleure transition énergétique après des îles danoise et espagnole

TILOS: Dans la quiétude de Tilos, l'éolienne s'ébroue lentement face à la mer argentée pendant que le soleil brûlant frappe la colline tapissée de panneaux photovoltaïques. L'île verte du Dodécanèse, la pionnière, quasi-autonome en énergie, veut "donner l'exemple" à ses petites soeurs grecques, dont certaines prennent déjà le relais.

"C'est l'avenir de ne plus dépendre du pétrole", s'exclame Vassilis Oikonomou, dans son café bar du port. Comme la plupart des 780 habitants de Tilos, le quadragénaire se félicite que son "île soit autonome" pour ne plus "dépendre des îles alentours" en énergie.

Dans l'archipel du Dodécanèse, face aux côtes turques, cette terre reculée de 65 km2 est la première de Méditerranée à produire la quasi-totalité de son électricité à partir d’énergies renouvelables, grâce à 11 millions d'euros de fonds européens et 4 d'investisseurs privés grecs.

Tilos a remporté cette semaine le 3e prix européen de la meilleure transition énergétique après des îles danoise et espagnole.

"Tilos a donné l'exemple et c'est la solution pour les petites îles de notre pays", s'enorgueillit la maire de Tilos, Maria Kamma. "Tous les habitants sont gagnants, le coût de l'énergie est réduit et il y a moins de coupures électriques qu'avant", dit-elle.

Reliée par un câble sous-marin à l'île voisine de Kos, Tilos est "100% indépendante énergétiquement la majorité du temps, mais au pic de la saison touristique, on est plutôt à 70%", reconnaît l'édile. 

Bénéficiant du soleil et du vent, Tilos, dotée "officiellement de la première centrale électrique hybride" de Grèce, "produit et stocke l'énergie", se félicite Spyros Aliferis, ingénieur d'Eunice Energy, spécialiste grec des renouvelables qui a fourni l'éolienne et les panneaux solaires.

Avec ses panneaux d'une capacité de 400 kilowatts et son éolienne d'une puissance de 800 kW, "le projet fonctionne parfaitement depuis deux ans", estime l'ingénieur, en désignant les batteries de stockage. 

"C'est l'exemple qu'une petite île peut fonctionner uniquement avec des énergies renouvelables", dit-il.

Astypaléa et bientôt Chalki

A une centaine de km à l'ouest, l'île d'Astypaléa a relevé le défi, espérant atteindre "70% de ses besoins énergétiques d'ici 3 à 4 ans", explique à l'AFP le vice-ministre grec des Affaires étrangères Kostas Fragkogiannis, initiateur du projet gouvernemental.

Sur cette terre en forme de papillon, à cheval entre l'archipel du Dodécanèse et celui des Cyclades, les quelque 1.300 insulaires doivent à terme être débarassés des générateurs diesel qui alimentent encore leurs foyers, et être dotés d'éoliennes et de panneaux solaires.

Mais à la différence de Tilos, le projet de 10 millions d'euros, dont 6 de fonds gouvernementaux, prévoit de passer à une circulation automobile tout électrique, en partenariat avec l'allemand Volkswagen. 

Au pied de la citadelle vénitienne et des petites maisons blanches qui dévalent vers le port, on trouve déjà des bornes de rechargement pour les premières voitures électriques.

«Un modèle pour le monde»

L'ensemble du projet prévoit une réduction des émissions de CO2 de 70% et une baisse des coûts d'énergie de 25%. "A nos yeux, c'est un modèle pour le monde", renchérit M. Fragkogiannis.

Le parti d'opposition Syriza a critiqué cette "campagne publicitaire" de Volkswagen sur la "scène exotique" d'Astypalea. 

"Ce n'est pas une île Volkswagen", insiste le vice-ministre, "tous les constructeurs automobiles peuvent s'impliquer et vendre leurs propres véhicules". L'homme politique assure qu'"il n'y aura pas d'exclusivité, ni à Astypaléa ni à Chalki".

Car la prochaine étape du plan vert du gouvernement grec se situe sur la minuscule île de Chalki, à l'ouest de Rhodes, avec des fonds européens, en collaboration cette fois avec le constructeur automobile français Citroën, selon des sources au ministère grec de l'Energie et de l'Environnement.

Volkswagen comme Citroën cherchent à tourner la page du scandale des moteurs diesel truqués.

Le français Vinci Energie et le grec Akuo Energy doivent également participer à l'installation d'une centrale hybride sur l'île de 26 km2 bordée de maisons aux couleurs de l'arc en ciel.

L'accord franco-grec à Chalki doit être dévoilé vendredi prochain mais "l'idée est de suivre les pas de Tilos et Astypaléa", selon les mêmes sources.

Objectif ici aussi: devenir autonome en énergies renouvelables.

Même si pour l'instant, les îles qui se mettent au vert n'ont guère de recul. 

Pour Prodromos Trikilis, un cafetier de Tilos, "c'est un peu tôt pour juger de cette tentative de rendre l'île énergétiquement indépendante". "Il faut être patient", dit-il, "cela finira par avoir des résultats".


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.