DOHA : Le Qatar a promulgué plusieurs réformes de son droit du travail, dont une hausse du salaire minimum mensuel et une procédure de changement d'employeur simplifiée, a annoncé dimanche le ministère du Travail, après des critiques d'ONG sur le traitement des travailleurs étrangers.
La décision intervient une semaine après que l'ONG Human Rights Watch (HRW) a dénoncé « la pratique des salaires retenus et impayés, ainsi que d'autres abus de rémunération » dans le riche pays gazier du Golfe, où 90% de la population est étrangère, essentiellement des travailleurs immigrés pauvres.
Les autorités qataries ont à leur tour accusé l'ONG d'avoir « trompé ses lecteurs » avec des inexactitudes et des affirmations qui ne reflètent pas les conditions actuelles.
Annoncées en octobre 2019, les nouvelles réformes abolissent l'obligation pour les travailleurs d'obtenir un certificat de « non objection » de leur employeur pour changer d'emploi.
Elles exigent également que tous les travailleurs, y compris les employés de maison, perçoivent un salaire d'au moins 1.000 riyals (environ 230 euros) par mois pour un travail à plein temps.
Le salaire minimum temporaire était fixé à 750 riyals (environ 170 euros) par mois.
Les employeurs qui n'offrent pas d'hébergements doivent par ailleurs verser une allocation de 800 riyals (environ 180 euros) par mois pour la nourriture et le logement de leurs employés.
« Afin de protéger les intérêts des employeurs et des employés, le ministère du Travail a aujourd'hui fait un grand pas en avant », a déclaré le ministère dans un communiqué.
La nouvelle législation devrait « stimuler l'investissement dans l'économie locale et la croissance économique », selon lui.
L'obligation d'obtenir l'accord des employeurs avant de changer d'emploi avait « laissé les travailleurs migrants au Qatar à la merci d'employeurs abusifs », a souligné l'ONG Amnesty International dans un communiqué.
« Nous nous félicitons de la promulgation de ces lois, et nous appelons maintenant les autorités qataries à veiller à ce qu'elles soient rapidement et correctement appliquées », a déclaré Steve Cockburn, responsable de la justice économique et sociale à Amnesty.
L'Organisation internationale du travail (OIT) des Nations unies a également salué une « avancée historique ». « Le Qatar a tenu un engagement. Un engagement qui donnera aux travailleurs plus de liberté et de protection, et aux employeurs plus de choix », a déclaré son directeur général Guy Ryder.
Le Qatar a procédé à une série de réformes de son droit du travail depuis qu'il a été sélectionné pour accueillir la Coupe du monde 2022.
Plus de deux millions d'étrangers travaillent au Qatar, dont beaucoup sont employés directement ou indirectement sur de vastes projets d'infrastructure dédiés à ce grand événement sportif, organisé pour la première fois au Moyen-Orient.
Les organisations de défense des droits humains ont longtemps dénoncé, au Qatar comme dans d'autres pays du Golfe, les conditions de travail de ces immigrés, venus essentiellement d'Asie du sud-est.