BEYROUTH: Les comités parlementaires du Liban ont approuvé jeudi une carte de rationnement pour la population nécessiteuse, qui augmente à un rythme alarmant, alors que le pays est au bord de l’effondrement économique.
D’après la Banque mondiale, la devise nationale a perdu une grande partie de sa valeur depuis la fin de l’année 2019, ce qui a fait basculer plus de la moitié de la population dans la pauvreté.
Les cartes de rationnement aideraient les familles en difficulté à acheter des produits de première nécessité comme l’essence et la nourriture. Cependant, elles n’ont pas été soumises au Parlement et le financement d’un tel programme se fait toujours attendre.
Les députés du parti des Forces libanaises ont exprimé leur rejet du «caractère aléatoire et des comptes électoraux» dans l’étude de la carte de rationnement.
Dans ce même contexte, le leader du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a déclaré que «la carte de rationnement n’aurait aucune valeur sans coordination avec la Banque mondiale et sans un gouvernement qui adopterait une politique de réforme».
Par ailleurs, le pays a déploré le décès d’une famille du sud tuée dans un accident de voiture, causé par les files d’attente pour l’essence, en début de semaine à Saadiyat.
Fatima Koubeissi et ses quatre filles, Zahraa, Aya, Lia et Tia, ont été tuées dans l’accident. Leur père veuf, Imad Hawile, se trouvait en Afrique au moment de l’accident pour y chercher du travail et est depuis rentré au Liban.
Les citoyens en colère sont à nouveau descendus dans la rue jeudi pour manifester contre les conditions déplorables dans le pays.
Les manifestants ont bloqué des routes à Akkar et ont empêché un camion transportant du lait et des couches de passer. Le camion a été pillé et les produits ont été distribués aux habitants de la région.
Mercredi, une scène similaire s’est déroulée lorsque les manifestants ont saisi un réservoir de carburant à Minieh, au nord du Liban, et ont distribué le carburant à la population.
Des appels ont été lancés sur les réseaux sociaux pour «fermer les routes et manifester contre les pénuries d’essence, de diesel et de médicaments, ainsi que contre l’augmentation spectaculaire des prix des denrées alimentaires».
Les routes de la ville de Sidon, dans le sud du pays, et celles menant à Tyr ont été fermées, ainsi que la route de Jal el-Dib et la route principale menant à Tripoli. L’armée a rouvert les routes sans se heurter aux manifestants.
Mercredi soir, les routes ont été fermées dans d’autres régions et des manifestants auraient jeté des matières inflammables sur le bâtiment du ministère de l’Énergie à Beyrouth. De nombreux chauffeurs de camion ont également garé leur véhicule sur l’autoroute de Zouk menant à la capitale, alors qu’à Sidon, des manifestants sont descendus dans la rue pour exprimer leur colère contre la classe dirigeante.
Afin de tenter de régler la pénurie de carburant, le président Michel Aoun a présidé une réunion à laquelle ont participé le ministre des Finances, Ghazi Wazni, le ministre de l’Énergie, Raymond Ghajar, et le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé.
Ils ont décidé de permettre à la BDL de prendre les dispositions nécessaires pour endiguer la crise jusqu’à ce qu’une nouvelle législation en cours d’étude par le Parlement soit adoptée.
À l’issue de la réunion, la BDL a annoncé qu’elle accorderait des prêts à l’État «en raison des circonstances exceptionnelles et dangereuses que traverse le Liban et de l’incapacité de l’État à rembourser ses dettes».
Cette décision nécessite la signature du Premier ministre sortant, Hassan Diab, qui, semble-t-il, refuserait de signer parce qu’il représente un gouvernement démissionnaire qui n’a pas le pouvoir de prendre de telles décisions.
Si elle est signée, la proposition de la BDL permettra de financer l’importation d’essence en fonction du taux de change du dollar fixé à 3 900 livres libanaises, ce qui signifie qu’un réservoir d’essence coûtera entre 65 000 et 70 000 livres libanaises.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com