«L'Amérique en a assez !», les élus US sortent l'artillerie lourde contre les Gafa

Le représentant démocrate David Cicilline lors d'un point de presse avec des parlementaires membres de la sous-commission sur l'antitrust. (Photo, AFP)
Le représentant démocrate David Cicilline lors d'un point de presse avec des parlementaires membres de la sous-commission sur l'antitrust. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 24 juin 2021

«L'Amérique en a assez !», les élus US sortent l'artillerie lourde contre les Gafa

  • Une commission parlementaire planche sur des lois antitrust et anti-tech contre les colosses de la Côte Ouest accusés d'abus de position dominante
  • Si la réforme en cours de débat entrait en vigueur, elle serait susceptible de transformer l'internet façonné par ces grandes entreprises

SAN FRANCISCO : "L'Amérique en a assez", a assené le démocrate David Cicilline mercredi, lors de l'examen par une commission parlementaire d'une série de projets de loi qui ouvrent la voie à de potentiels démantèlements de Google, Facebook, Apple et Amazon, les fameuses Gafa.

"L'avenir de notre économie va-t-il être défini par le succès des meilleures entreprises avec les meilleures idées, ou simplement les plus grosses sociétés avec les plus gros budgets de lobbying?", a demandé M. Cicilline, président de la sous-commission sur l'antitrust.

Après des années de réprimandes et chiquenaudes, des élus américains veulent sortir l'artillerie lourde contre les géants de la tech.

Si cette réforme entrait en vigueur, elle serait susceptible de transformer l'internet façonné par ces grandes entreprises, aujourd'hui accusées d'abus de position dominante par de nombreuses autorités.

Les colosses de la côte Ouest ne pourraient plus faire passer leurs produits ou services en priorité, grâce au contrôle qu'ils exercent sur leurs plateformes. Ils n'auraient d'ailleurs plus le droit d'opérer des plateformes pour des entreprises tierces tout en proposant des services concurrents.

Acquérir des rivaux pour préserver son pouvoir sur le marché? Ce serait interdit. Et les consommateurs exerceraient plus de contrôle sur leurs données, qu'ils pourraient emmener d'un service à un autre.

"Amazon, Apple, Facebook et Google sont les gardiens de l'économie en ligne. Ils enterrent ou achètent leurs concurrents", a argumenté David Cicilline. Il a notamment cité l'exemple de Facebook, soupçonné d'avoir racheté Instagram parce que l'application risquait de lui faire de l'ombre.

"Ils abusent de leur situation de monopole avec des comportements qui nuisent aux consommateurs, à la compétition, à l'innovation et à notre démocratie", a-t-il martelé.

Le débat était parti pour durer jusque dans la nuit. Une fois adoptées au niveau de la commission judiciaire, les propositions de lois devront passer par la Chambre des représentants, à majorité démocrate, puis par le Sénat, où leur sort est plus incertain.

Les membres du groupe parlementaire ont d'abord approuvé le projet le moins controversé, qui augmente les frais pour les entreprises en cas de fusion, pour mieux financer les autorités de la concurrence.

Ils se sont ensuite concentrés sur une mesure qui imposerait la "portabilité" des données et l'"interopérabilité" des services. Les utilisateurs de Facebook pourraient alors plus facilement quitter le réseau social, emmenant avec eux leurs contacts et informations personnelles.

Un coup dur pour Apple aussi, dont le modèle économique repose notamment sur un écosystème d'appareils et applications qui incitent fortement leurs utilisateurs à ne pas en sortir.

La marque à la pomme a insisté sur les dangers que poserait selon elle l'ouverture des iPhone à des logiciels téléchargés en-dehors de son circuit bien contrôlé. "Des acteurs malfaisants pourraient en profiter pour tenter de développer des attaques sophistiquées", indique la société de Cupertino dans un rapport mercredi.

Scalpel ou tronçonneuse

Amazon s'émeut de son côté des menaces pour sa plateforme de commerce en ligne, où elle est à la fois juge et partie. Les élus démocrates ont relayé le ras-le-bol des commerçants qui s'estiment maltraités par les règles de la firme de Seattle.

Mais interdire ce fonctionnement "aurait des effets négatifs significatifs pour les centaines de milliers de PME américaines qui vendent des produits via notre magasin", a assuré Brian Huseman, un vice-président d'Amazon, dans un communiqué mardi.

"La commission (judiciaire de la Chambre des représentants) avance trop rapidement, inutilement, sur ces propositions de loi", a-t-il poursuivi, avant d'encourager David Cicilline à "ralentir" pour éviter "les conséquences négatives imprévues".

Après des années d'offensives européennes, les Gafa font face à un assaut en règle aux Etats-Unis. Des poursuites ont été lancées ces derniers mois, notamment contre Google et Facebook, pour infraction au droit de la concurrence.

Plusieurs républicains ont marqué leur désapprobation, comme Steve Chabot, qui voit dans la réforme proposée "un effort du gouvernement tout-puissant de prendre le contrôle sur les tech toutes puissantes".

Les détracteurs de ces propositions craignent en général que des services ultra populaires ne soient dégradés, des résultats de recherche sur Google aux applications présentes par défaut sur les téléphones.

Mais d'autres élus conservateurs ont au contraire participé à leur élaboration, comme Kenneth Buck, élu républicain du Colorado: "Cette législation est conservatrice. (...) Elle réforme l'antitrust au scalpel, pas à la tronçonneuse", a-t-il défendu.

Pas de quoi inquiéter Wall Street pour l'instant. Selon l'analyste Dan Ives, les investisseurs envisagent cette menace "avec calme", parce que les politiques restent divisés.

En outre, "sans changement fondamental des lois existantes, l'élan antitrust va se briser contre un mur", a-t-il estimé mardi dans une note de son cabinet, Wedbush Securities.

 


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.