MEKELE: Une frappe aérienne a touché mardi un marché très fréquenté dans la région éthiopienne du Tigré en proie à la guerre, faisant des dizaines de blessés et un nombre indéterminé de morts, a-t-on appris mercredi auprès de témoins et d'un médecin.
« Il y avait beaucoup de blessés et de morts, on marchait sur eux et dans leur sang », a déclaré Birhan Gebrehiwet, dont la maison située près de ce marché de la localité de Togoga, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de la capitale régionale Mekele, a été « totalement détruite » dans l'explosion.
Le bilan précis était encore inconnu mercredi, l'accès à la zone étant bloqué par des soldats, d'après des témoins, médecins et ambulanciers interrogés. L'armée éthiopienne mène depuis novembre une opération militaire dans cette région du nord du pays contre les forces des anciennes autorités régionales.
Six blessés, dont trois enfants âgés de deux, trois et six ans, ont pu atteindre l'hôpital de Mekele, a indiqué un responsable des urgences sur place. Mais « il y a 45 personnes blessées qui sont bloquées et sont en danger de mort », a-t-il ajouté.
Selon les témoignages à Mekele, la frappe aérienne a touché mardi à la mi-journée un marché fréquenté de Togoga. Plusieurs évoquent l'heure de 13H00 locales.
« Ma maison a été totalement détruite. Nous avons été enterrés sous les murs et le toit », a raconté Birhan Gebrehiwet, 20 ans, affirmant être « sûre que ça venait des airs ».
La famille d'un homme grièvement blessé et soigné à Mekele a déclaré que deux « explosions aériennes » ont frappé le marché et ses environs.
Hailu Kebede, un responsable d'un parti d'opposition au Tigré dont le frère tient un étal au marché, a indiqué que le marché était particulièrement fréquenté alors que la saison des plantations approche. Son frère lui a raconté que « c'est vers la mi-journée » qu'un ou plusieurs avions ont « bombardé le marché », a-t-il relaté.
En novembre, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a envoyé l'armée fédérale au Tigré pour arrêter et désarmer les dirigeants du TPLF, parti à l'époque au pouvoir dans cette région. Cette opération de « maintien de l'ordre » a été décidée après que les forces pro-TPLF ont attaqué des bases militaires, avait affirmé M. Abiy.
Annoncée comme brève, cette opération militaire s'est transformée en un conflit de longue durée, marqué par de nombreux récits d'exactions sur les populations civiles (massacres, viols...).