En France, des journalistes s'opposent à la prise de contrôle du milliardaire Bolloré

Vincent Bolloré. (AFP).
Vincent Bolloré. (AFP).
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Publié le Mercredi 23 juin 2021

En France, des journalistes s'opposent à la prise de contrôle du milliardaire Bolloré

  • Les employés de la radio Europe 1 sont en grève depuis vendredi, une première d'une telle ampleur depuis 66 ans, après la mise à pied d'un journaliste
  • L'inquiétude monte au sein de la rédaction depuis mi-mai après l'annonce d'un renforcement des liens entre la radio et la chaîne d'information continue CNews

PARIS : L'ambition du milliardaire Vincent Bolloré de bouleverser le paysage médiatique français se heurte à des résistances, notamment au sein de l'une des plus grandes radios privées du pays, où on le soupçonne de vouloir imposer une ligne très à droite. 

Les employés de la radio Europe 1 sont en grève depuis vendredi, une première d'une telle ampleur depuis 66 ans, après la mise à pied d'un journaliste.

L'inquiétude monte au sein de la rédaction depuis mi-mai après l'annonce d'un renforcement des liens entre la radio et la chaîne d'information continue CNews, à la ligne éditoriale très à droite, et dont Vincent Bolloré est également l'actionnaire principal.

"Jour après jour, la station semble s’arrimer un peu plus à l'antenne de CNews, conformément au rêve de Vincent Bolloré depuis des années", ont dénoncé les journalistes dans une tribune, la semaine dernière. 

Ils y décrivent la ligne éditoriale de CNews comme "une chaîne qui s’illustre à longueur de journée par un activisme politique fortement ancré à droite, voire parfois à l’extrême droite" et estiment qu'Europe 1 risque de perdre "ce qui lui reste de plus précieux: son capital de crédibilité auprès des auditeurs".

L'ambition du milliardaire Vincent Bolloré de bouleverser le paysage médiatique français se heurte à des résistances, notamment au sein de l'une des plus grandes radios privées du pays, où on le soupçonne de vouloir imposer une ligne très à droite. 

Les employés de la radio Europe 1 sont en grève depuis vendredi, une première d'une telle ampleur depuis 66 ans, après la mise à pied d'un journaliste.

L'inquiétude monte au sein de la rédaction depuis mi-mai après l'annonce d'un renforcement des liens entre la radio et la chaîne d'information continue CNews, à la ligne éditoriale très à droite, et dont Vincent Bolloré est également l'actionnaire principal.

"Jour après jour, la station semble s’arrimer un peu plus à l'antenne de CNews, conformément au rêve de Vincent Bolloré depuis des années", ont dénoncé les journalistes dans une tribune, la semaine dernière. 

Ils y décrivent la ligne éditoriale de CNews comme "une chaîne qui s’illustre à longueur de journée par un activisme politique fortement ancré à droite, voire parfois à l’extrême droite" et estiment qu'Europe 1 risque de perdre "ce qui lui reste de plus précieux: son capital de crédibilité auprès des auditeurs".


Tensions Paris-Alger : réduire les visas de travail est une option, selon une ministre française

La ministre française du Travail et de l'Emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, quitte le palais présidentiel de l'Elysée après le conseil des ministres hebdomadaire, à Paris, le 5 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
La ministre française du Travail et de l'Emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, quitte le palais présidentiel de l'Elysée après le conseil des ministres hebdomadaire, à Paris, le 5 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Réduire les visas de travail des travailleurs algériens pourrait faire partie des « réponses graduées » décidées par le gouvernement français après la fin de non-recevoir opposée par Alger.
  • le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a promis lundi soir une « réponse graduée », en disant « regretter que l'Algérie refuse d'appliquer le droit international ».

PARIS : Réduire les visas de travail des travailleurs algériens pourrait faire partie des « réponses graduées » décidées par le gouvernement français après la fin de non-recevoir opposée par Alger à une liste d'Algériens expulsables fournie par Paris, a indiqué la ministre française du Travail mardi.

Après le rejet de cette liste, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a promis lundi soir une « réponse graduée », en disant « regretter que l'Algérie refuse d'appliquer le droit international ».

Interrogée mardi matin pour savoir si cela pouvait passer par une restriction des visas de travail pour les travailleurs algériens, la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet a répondu : « Je pense que ça fait partie des ripostes graduées, effectivement. »

« La première piste consiste à examiner le traité de 2007 sur les visas pour les personnes détiennent des passeports diplomatiques et qui viennent régulièrement en France », a-t-elle précisé.

Par ailleurs, « le traité de 1968 dont on a parlé montre que l'Algérie bénéficie aujourd'hui d'exonérations exceptionnelles qui pouvaient se justifier quelques années après les accords d'Evian (qui définissent les conditions de l'indépendance de l'Algérie, NDLR), mais qui ne se justifient plus aujourd'hui », a-t-elle ajouté.

Se disant « tout à fait favorable à la riposte graduée » évoquée par Bruno Retailleau, le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, a plaidé de son côté pour le rappel de l'ambassadeur français en Algérie et pour la « fin des visites diplomatiques ».

« Il faut mettre fin à cela. Il n'y a pas de raison que la France continue d'être généreuse avec ce pays », a-t-il martelé.

Fin février, le Premier ministre français François Bayrou avait menacé de « dénoncer » l'accord de 1968 qui donne un statut particulier aux Algériens en France, l'ancienne puissance coloniale, en matière de circulation, de séjour et d'emploi, si l'Algérie ne reprenait pas ses ressortissants en situation irrégulière dans un délai de six semaines.

Toutefois, début mars, le président français Emmanuel Macron avait semblé vouloir jouer la carte de l'apaisement en se disant « favorable, non pas à dénoncer, mais à renégocier » cet accord.

Les relations entre la France et l'Algérie ne cessent de se dégrader depuis la reconnaissance en juillet dernier par M. Macron d'un plan d'autonomie sous souveraineté marocaine proposé par Rabat pour le Sahara occidental, territoire au statut non défini selon l'ONU.

Le refus de l'Algérie d'accepter plusieurs ressortissants sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français, dont l'auteur d'un attentat qui a fait un mort à Mulhouse (est de la France) le 22 février, a aggravé la situation. 


Paris : évacuation houleuse de la Gaîté Lyrique occupée par des migrants depuis trois mois

Un officier de police monte la garde tandis qu'un migrant porte un sac lors de l'évacuation d'un camp de fortune implanté devant l'hôtel de ville de Strasbourg, dans l'est de la France, le 6 décembre 2022. (AFP).
Un officier de police monte la garde tandis qu'un migrant porte un sac lors de l'évacuation d'un camp de fortune implanté devant l'hôtel de ville de Strasbourg, dans l'est de la France, le 6 décembre 2022. (AFP).
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  • Les forces de l'ordre ont procédé à l'évacuation e la Gaîté Lyrique, lieu culturel de Paris qui était occupé depuis plus de trois mois par des centaines de jeunes migrants.
  • La députée de gauche radicale Danielle Simonnet, présente sur place, a dénoncé une « intervention extrêmement violente ». Les forces de l'ordre ont frappé à coups de matraque alors que les « jeunes étaient en train de ranger leurs sacs »

PARIS : Les forces de l'ordre ont procédé  mardi matin à l'évacuation sous tension de la Gaîté Lyrique, lieu culturel de Paris qui était occupé depuis plus de trois mois par des centaines de jeunes migrants, selon des journalistes de l'AFP sur place.

Vers 6 heures (5 heures GMT), des membres des forces de l'ordre ont forcé les cordons formés devant le théâtre par plusieurs dizaines de militants soutenant l'occupation, dans un climat houleux, avant d'entrer à l'intérieur de l'édifice.

La députée de gauche radicale Danielle Simonnet, présente sur place, a dénoncé auprès de l'AFP une « intervention extrêmement violente ». Les forces de l'ordre ont frappé à coups de matraque alors que les « jeunes étaient en train de ranger leurs sacs » et que les manifestants étaient « très pacifiques », a-t-elle déploré.

Le préfet de police de Paris avait pris lundi un arrêté ordonnant l'évacuation rapide de ce lieu occupé depuis le 10 février par de jeunes migrants venus notamment d'Afrique subsaharienne, nombre d'entre eux - jusqu'à 450 environ - demandant à être hébergés et affirmant être des mineurs devant être reconnus comme tels.

Le préfet a invoqué un « trouble à l'ordre public » pour justifier l'évacuation. Il a promis que des solutions d'hébergement seraient proposées aux jeunes migrants et que leur situation administrative serait examinée.

« Nous, on ne tue pas, on ne vole pas. Nous sommes venus pour nous intégrer", a témoigné auprès de l'AFP Adama, se présentant comme un Ivoirien de 15 ans qui ne pouvait se rendre à son établissement scolaire ce mardi.

La Gaîté Lyrique avait annulé sa programmation culturelle depuis le 17 décembre, se disant compréhensive et dénonçant « à la fois l'occupation et l'inaction des autorités ». Une banderole, accrochée par les salariés, ornait toujours la façade de l'établissement mardi : « Gaîté Lyrique occupée. 400 vies en danger, 80 emplois menacés ».

Depuis le début, la mairie et l'État se renvoient la balle. Saisi par la ville de Paris, propriétaire de la salle de spectacles, le juge des référés du tribunal administratif avait ordonné le 13 février l'évacuation dans un délai d'un mois.

Cependant, la mairie a indiqué qu'elle ne ferait pas appel à la force publique, affirmant avoir lancé cette procédure pour forcer l'État, compétent en matière d'hébergement d'urgence, à « prendre ses responsabilités ».

L'occupation de la Gaîté Lyrique était devenue emblématique des tensions autour de la question migratoire : des militants de gauche radicale, soutenant les exilés, y faisaient face à des opposants de l'extrême droite, hostiles à leur accueil en France.

Le 28 février, le milliardaire et puissant allié de Donald Trump, Elon Musk, avait relayé sur Twitter un article du journal britannique Daily Mail sur la situation du théâtre parisien, fustigeant une « empathie suicidaire » qui, selon lui, menaçait la « civilisation ».


En plein réchauffement franco-britannique, Macron et Starmer «main dans la main» sur l'Ukraine

Keir Starmer, 62 ans, et Emmanuel Macron, 47 ans, se sont rapidement alliés pour s'assurer que tout accord mettant fin à ce conflit respecte les intérêts de l'Ukraine et la sécurité de l'Europe. (AFP)
Keir Starmer, 62 ans, et Emmanuel Macron, 47 ans, se sont rapidement alliés pour s'assurer que tout accord mettant fin à ce conflit respecte les intérêts de l'Ukraine et la sécurité de l'Europe. (AFP)
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  • Le travailliste Keir Starmer est arrivé en juillet à Downing Street avec la promesse de "réinitialiser" les relations avec ses alliés européens
  • "Avant même d'arriver aux affaires, Keir Starmer a donné la priorité à l'établissement d'une relation solide avec le président Macron", explique une source à Downing Street, sous couvert d'anonymat

LONDRES: Après les tensions des années Brexit, les relations franco-britanniques se sont considérablement réchauffées avec le duo formé par Keir Starmer et Emmanuel Macron, qui oeuvrent à mobiliser les Européens derrière l'Ukraine face au tumultueux retour de Donald Trump à Washington.

Les relations entre les voisins étaient tombées très bas sous les successifs gouvernements conservateurs britanniques, après le vote choc de 2016 signant la sortie du Royaume-Uni de l'UE.

Le travailliste Keir Starmer est arrivé en juillet à Downing Street avec la promesse de "réinitialiser" les relations avec ses alliés européens.

"Avant même d'arriver aux affaires, Keir Starmer a donné la priorité à l'établissement d'une relation solide avec le président Macron", explique une source à Downing Street, sous couvert d'anonymat.

"Il est clair qu'ils entretiennent une relation personnelle chaleureuse et ont des compétences complémentaires", selon cette source. "Il y a un immense respect des deux côtés, qui s'est construit en amont du défi actuel et qui est maintenant inestimable".

Le "défi" en question est apparu au grand jour le mois dernier, quand Donald Trump a sorti Vladimir Poutine de l'isolement diplomatique en ouvrant unilatéralement des négociations avec Moscou pour mettre fin à la guerre en Ukraine.

Keir Starmer, 62 ans, et Emmanuel Macron, 47 ans, se sont rapidement alliés pour s'assurer que tout accord mettant fin à ce conflit respecte les intérêts de l'Ukraine et la sécurité de l'Europe.

Intermédiaires

Le duo a réuni des dirigeants européens et d'autres partenaires lors de sommets à Paris puis à Londres. Ils oeuvrent, depuis deux semaines, à la constitution d'une "coalition de (pays) volontaires", disposés à défendre un éventuel cessez-le-feu.

Starmer et Macron se disent prêts à déployer des troupes en Ukraine, avec un soutien des Etats-Unis, pour dissuader Vladimir Poutine de violer un accord de trêve.

Le Premier ministre britannique a encore réuni samedi une trentaine de dirigeants alliés pour préciser leur contribution, militaire ou logistique, lors d'une réunion virtuelle.

"Les équipes travaillent main dans la main", dit la source à Downing Street.

Le Royaume-Uni et la France jouent un important rôle d'intermédiaires entre l'Ukraine et l'administration Trump.

Des conseillers à la sécurité nationale des deux pays, ainsi que celui de l'Allemagne, ont rencontré Andriy Yermak - le chef de cabinet du président ukrainien Volodymyr Zelensky - et son équipe à Varsovie cette semaine.

Des tensions demeurent

Historiquement, les relations entre les deux pays ont connu des hauts et des bas.

Des siècles de conflit se sont achevés avec la signature en 1904 de "L'Entente cordiale", une série d'accords resserrant les liens entre Londres et Paris, qui en ont célébré l'an dernier le 120ème anniversaire.

A l'Elysée, on estime que le contact est immédiatement bien passé entre Macron et Starmer, qui avait été reçu par le président français en septembre 2023 en tant que chef de l'opposition britannique.

Depuis son arrivée à Downing Street, et encore plus avec le retour de Trump à la Maison Blanche, les relations se sont intensifiées. L'entourage d'Emmanuel Macron décrit des échanges permanents entre les deux hommes.

Le temps où, en 2021, le conservateur Boris Johnson, alors Premier ministre, lâchait à Emmanuel Macron "Donnez-moi un break" ("Laissez-moi souffler"), en pleine crise diplomatique, semble loin.

En 2022, Liz Truss, alors candidate pour devenir Première ministre, avait botté en touche quand elle avait été interrogée pour savoir si Macron était un ami ou un rival.

"Les relations entre le Royaume-Uni et la France n'avaient pas été aussi fortes depuis des années", dit à l'AFP Mujtaba Rahman, directeur pour l'Europe au sein du cabinet de conseil en risques politiques Eurasia Group.

"C'est une très bonne chose" pour les deux seules puissances nucléaires européennes, souligne-t-il.

Les relations ne sont toutefois pas dénuées de compétition.

Le président français, qui a voulu devancer le Premier ministre britannique à Washington auprès de Donald Trump, revendique une "bonne relation" avec le milliardaire républicain, fort des liens noués lors de son premier mandat, et estime donc être mieux placé pour lui passer des messages.

A Paris, une certaine méfiance plane toujours à l'égard des Britanniques, jugés encore très dépendants des Etats-Unis et susceptibles de mettre en avant leurs intérêts nationaux auprès de Washington.

Des tensions entre les deux pays demeurent par ailleurs sur le Brexit, notamment sur les droits de pêche. La relation est "beaucoup plus compliquée dans le contexte de l'UE", estime Anand Menon, directeur du groupe de réflexion "UK in a Changing Europe". "Il y a des problèmes persistants".

Pour Patrick Chevallereau, ancien attaché de défense à l'ambassade de France au Royaume-Uni, "il y a un gros progrès" dans la relation, mais "il y a encore une marge de progression".