Entre mes mains: «C’est à Dubaï, que j’ai le plus appris sur la gastronomie française»

«Un couteau à huîtres. Cela peut paraître surprenant, surtout que la mention «fabriqué en France» est indiquée sur le manche» (Photo fournie)
«Un couteau à huîtres. Cela peut paraître surprenant, surtout que la mention «fabriqué en France» est indiquée sur le manche» (Photo fournie)
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Publié le Vendredi 18 juin 2021

Entre mes mains: «C’est à Dubaï, que j’ai le plus appris sur la gastronomie française»

Un couteau à huîtres. Cela peut paraître surprenant, surtout que la mention «fabriqué en France» est indiquée sur le manche
  • «A Dubaï, nous avons eu l’impression que tout était possible»
  • «Au niveau de l’entreprise, le défi a été de s’adapter à la demande et de conquérir en permanence de nouveaux clients»

DUBAI: Avec sa coiffure sage et la raie impeccable sur le côté, on imagine aisément le petit garçon qu’il était et qui se réveillait tôt pour mettre la table du petit déjeuner, indication s’il en fallait que la nourriture détiendrait une place primordiale dans sa future vie d’adulte. Après une enfance et des études à Paris, Rodolphe Duffour a entendu l’appel de l’étranger: Bangkok d’abord, Dubaï ensuite, avant d’aller à la conquête d’un autre territoire: celui de l’autoentrepreneuriat. C’est cette aventure qu’il me raconte, mais avant cela, je lui avais demandé d’apporter un objet qui représente son lien à Dubaï…

Que tenez-vous entre les mains?

Un couteau à huîtres. Cela peut paraître surprenant, surtout que la mention «fabriqué en France» est indiquée sur le manche, mais si j’ai choisi cet objet, c’est d’abord parce que je l’ai acheté à Dubaï, et ensuite parce que c’est ici que j’ai ouvert des huîtres pour la première fois. Si j’ai toujours été attaché à la nourriture et aux produits du terroir, c’est à Dubaï que j’ai le plus appris sur la gastronomie française. Cela s’explique probablement par le fait qu’en s’éloignant de son pays, on cherche des moyens de demeurer attaché à son histoire, et la nourriture offre cette possibilité. Nous nous ouvrons évidemment à des goûts nouveaux, mais les saveurs avec lesquelles nous avons grandi nous rattrapent toujours. Je n’ai jamais autant mangé d’huîtres que depuis que je vis à Dubaï! Mon attachement à la nourriture, et particulièrement à la gastronomie française, s’explique aussi par mon parcours professionnel. En arrivant à Dubaï, j’ai travaillé pour un importateur-distributeur de produits alimentaires français à destination de l’hôtellerie et de la restauration. C’était un nouveau métier que je ne connaissais pas. Pendant deux ans, j’ai acquis des connaissances utiles pour pouvoir par la suite créer mon entreprise.

L’autoentrepreneuriat est un chemin sinueux et difficile; était-ce un rêve qui vous habitait depuis longtemps?

Non, je n’avais pas de rêve d’entrepreneuriat. Enfant, je désirais plutôt me tourner vers les métiers artistiques. Mes premiers désirs d’entrepreneuriat ont surgi lorsqu’Alix, mon épouse, et moi sommes arrivés en Thaïlande. Je crois que c’est un phénomène qui arrive assez souvent: en partant à l’étranger, le champ des possibles s’ouvre d’un coup, ce qui est même assez effrayant. À Bangkok comme à Dubaï, nous avons eu l’impression que tout était possible.

L’autoentrepreneuriat est en effet un parcours éreintant. Je crois que beaucoup d’entrepreneurs vont se retrouver dans ce que je vais décrire: les nuits écourtées, le stress immense, l’incertitude quant aux fins de mois, la frustration de ne pouvoir s’offrir un restau. Cela fait presque cinq ans que Maison Duffour existe, et de l’extérieur, on peut avoir l’impression que cela a été facile, sans soupçonner les moments difficiles qui ont été traversés mais le résultat est là !

Dubaï est-il ce lieu rêvé que certains imaginent pour celui qui voudrait se lancer dans l’aventure de l’autoentrepreneuriat?

Il y a beaucoup de fantasmes! Je ne sais pas s'il est plus facile de créer son entreprise à Dubaï qu’en France; chaque pays présente des contraintes spécifiques. En France, j’aurais certainement pu monter la même entreprise sans avoir à apporter de fonds de départ, ou du moins très peu, je n’aurais commencé à payer des impôts que lorsque mon entreprise aurait généré des revenus, j’aurais pu compter sur le soutien de ma famille qui aurait pu, par exemple, m’héberger. À Dubaï, même si il n'y a pas d’impôts sur les sociétés, il y a de nombreux frais administratifs, comme pour le paiement des licences, des autorisations, des visas. Dès le début, j’ai dû investir tout ce que j’avais (ce n’était peut-être pas grand-chose, mais c’était tout de même tout ce que je possédais!). Cependant, lorsque l’entreprise génère des revenus importants, c’est certain qu’il est très intéressant d’être implanté ici. Ce qui me plaît surtout ici, c’est que chacun est libre d’inventer le Dubaï qu’il souhaite, et pour un entrepreneur, c’est une liberté précieuse!

Aujourd’hui Maison Duffour est une entreprise pérenne; quels sont les défis les plus importants que vous avez dû relever?

À titre personnel, il a fallu que je sois particulièrement vigilant en ce qui concerne les liens que je nouais, cette vigilance prenant même parfois la forme d’une certaine méfiance. Lorsque l’on monte un projet professionnel, on peut rapidement se sentir isolé; dans mon cas, il s’agit d’une initiative de couple, nous avons tout créé à deux, ce qui a permis de surmonter plus aisément les moments difficiles.

Au niveau de l’entreprise, le défi a été évidemment de s’adapter à la demande et de conquérir en permanence de nouveaux clients. Maison Duffour est une épicerie en ligne qui importe et qui distribue des produits essentiellement français. Nous sommes un magasin gourmet dont l’objectif est de proposer à nos clients des produits de qualité à des prix justes. Au début, notre clientèle était 100 % française. Nous ne faisons pas de statistiques par nationalité, mais nous estimons aujourd’hui que près de 40 % de nos clients sont francophones, et les 60 % restants sont extrêmement diversifiés. Cette ouverture s’est faite grâce aux stratégies commerciales que nous avons mises en place; nous avons aussi été aidé par l’année 2020 où durant le confinement, nous avons vu naître des habitudes de commandes en ligne. Les clients voulaient avoir accès à des produits diversifiés, ils ont commencé à explorer, à chercher des aliments un peu différents; cette situation particulière nous a conféré de la visibilité.

Vous le disiez vous-même, il y a un aspect affectif et culturel à la nourriture; y a-t-il des réticences concernant certains produits?

La plupart des habitants de Dubaï, qu’ils soient expatriés ou Émiriens, ont connu d’autres pays: pays d’origine, pays du lieu d’études. Ces voyages effectués par les uns et les autres facilitent l’exploration culinaire. En termes de comportements, nous n’observons pas de barrières infranchissables, c’est la conséquence positive de la mondialisation. Parfois, on découvre des points communs ignorés: par exemple, il y a chez les Émiriens une vraie culture du fromage qui vient de leur histoire. Ils peuvent apprécier des goûts assez forts, comme certains fromages de chèvre; mais je ne leur proposerai pas d’emblée un camembert de Normandie très fait! Nous avons noué un partenariat avec un chocolatier local nommé Mirzam, ils utilisent nos fromages dans certaines de leurs recettes: ils ont conçu un cheese-cake au Brillat-Savarin qui a rencontré du succès.

Vous avez donné votre nom de famille à votre entreprise; qu’est-ce qui a motivé cette décision lourde de symboles?

On était en train de monter une entreprise à forte identité française. J’ai un nom de famille très français et qui, par hasard, détient une consonnance autour de la nourriture avec l’évocation du four. Il y avait de plus un clin d’œil familial: mon grand-père paternel avait un magasin qui s’appelait Maison Duffour, magasin qui vendait des objets religieux à Paris, place Saint-Sulpice. La boutique n’existe plus mais l’idée de me saisir de cet héritage et de le perpétuer à des milliers de kilomètres, ici à Dubaï, m’a plu.


Des luttes à l'innovation : Comment le calligraphe saoudien Abdulaziz Al-Rashedi a révolutionné l'écriture arabe

3punt 5. (Fourni)
3punt 5. (Fourni)
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  • « Je ressens une lumière sacrée dans les lettres », déclare Abdulaziz Al-Rashedi

DUBAÏ : La première passion du calligraphe saoudien et professeur d'arts Abdulaziz Al-Rashedi a toujours été le stylo. Son intérêt pour l'écriture a commencé à l'école primaire dans les années 1980, dans sa ville natale de Médine.

Al-Rashedi parle de tenir un stylo comme un musicien pourrait parler de son instrument. Aux yeux du calligraphe, l'écriture est un acte artistique, comme une danse, qui possède sa propre magie.

« Ce que j'aimais dans le stylo, c'était la façon dont l'encre en coulait », confie-t-il à Arab News. « Le stylo m'a conduit à mon amour pour la calligraphie arabe. »

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Al-Rashedi parle de la tenue d'un stylo comme un musicien parlerait de la tenue de son instrument. (Fourni)

Cependant, il a dû faire face aux défis posés par l'environnement social conservateur du Royaume dans les années 1980 et 1990.

« Les gens ne considéraient pas l'art comme quelque chose d'important. À cette époque, ils pensaient que l'art ne rapportait pas d'argent. Pour eux, c'était une perte de temps », explique-t-il. « Dans un tel environnement déprimant, je souffrais du manque d'intérêt des gens. Ils disaient que l'écriture me distrairait de mes études. Mais en réalité, cela m'encourageait à étudier. »

Son intérêt pour la calligraphie n'a pas échappé à tout le monde. Le père d'Al-Rashedi, aujourd'hui décédé, l'a toujours soutenu.  

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3punt 2. (Fourni)

« Il croyait en l'écriture et en sa préservation », déclare Al-Rashedi. « Il pensait que je faisais quelque chose d'important de ma vie, même si d'autres pensaient le contraire. Ils comparaient cela à des gribouillages. En réalité, je faisais de l'art tout seul. Aucun de mes amis ne partageait cet intérêt avec moi et il n'y avait aucun institut de calligraphie pour encourager ce talent. La situation était très difficile. »

Mais en 1993, Al-Rashedi a appris qu’il existait en effet un maître calligraphe saoudien vivant à Médine : Ahmad Dia. Ce dernier a gentiment accepté de lui enseigner les bases de la calligraphie arabe. Et, peut-être tout aussi important, il l’a fait dans sa maison, qu'Al-Rashedi compare à une école, un musée et un lieu de rencontre pour calligraphes.

« J'étais jeune, mais il me traitait comme un homme », se souvient l'artiste. « Pour nous, les calligraphes, il était comme un père spirituel, qui a planté en nous une graine de détermination. Il nous a toujours encouragés et ne nous a jamais réprimandés si notre écriture n'était pas parfaite. »

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3punt 4. (Fourni)

Al-Rashedi est resté en contact avec son mentor jusqu'à la mort de Dia en 2022, lors de la pandémie de COVID. « Lorsqu'il est mort, c'est comme si la lumière s'était éteinte », confie-t-il.

Al-Rashedi s'est également formé en recopiant les œuvres d'une autre figure importante : Hashem Al-Baghdadi, le calligraphe et éducateur irakien influent, qui a publié des ouvrages sur les règles de la calligraphie arabe. Al-Rashedi décrit l'époque avant les réseaux sociaux comme une « période véritablement sombre », où il n'y avait aucune opportunité d'organiser des expositions ou de partager son travail avec les autres.

« Les gens ne communiquaient pas entre eux. C’était une période qui manquait (d’opportunités) et même de bons matériaux, comme des stylos et du papier », se souvient-il.

Mais avec l’avènement des réseaux sociaux, notamment Facebook, et l’ouverture de quelques galeries d’art, dont Athr Gallery à Djeddah en 2009, les choses ont considérablement changé. Aujourd’hui, Al-Rashedi peut partager ses œuvres sur Instagram et d’autres plateformes, montrant les compétences qu’il a perfectionnées au cours de trois décennies de pratique.

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Sa fascination pour l'écriture a commencé à l'école primaire, dans les années 80, dans sa ville natale de Madinah. (Fourni)

La calligraphie arabe est une forme d’art respectée à l’échelle internationale, existant depuis des milliers d’années, utilisée dans les textes islamiques et présente sur des monuments à travers le monde. Quel est donc son secret de longévité ?

« Je me demande souvent pourquoi les courbes de la calligraphie arabe fascinent les gens depuis si longtemps, et je pense que cela a inévitablement un lien avec sa sainteté », explique-t-il. « Allah a été une source d’inspiration pour les calligraphes et leur innovation dans l’écriture. Je ressens une lumière sacrée dans les lettres de la calligraphie arabe. »

Mais Al-Rashedi pense également que, pendant de nombreuses années, la calligraphie est restée figée dans une ornière, sans être touchée par l’innovation ou la créativité modernes.

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3punt 6. (Fourni)

« Beaucoup de calligraphes ont littéralement affirmé que la calligraphie arabe avait atteint sa limite et que personne ne pouvait y ajouter quoi que ce soit de nouveau », dit-il. « Une telle idée est incorrecte. »

En effet, Al-Rashedi a inventé sa propre forme de calligraphie arabe, qu’il appelle « 3punt ». (Il explique que le nom fait référence à la taille des lettres, qui sont écrites à l’aide de trois stylos différents.)

« Cela repose sur l’idée de réduire l’épaisseur des lettres. Habituellement, un seul stylo est utilisé en calligraphie arabe. Mais j’ai découvert que l’épaisseur traditionnelle de l’écriture arabe et l’utilisation d’un seul stylo empêchent l’ajout de nouvelles formes d’écriture au système. »

Basée sur un ensemble de règles strictes, la calligraphie 3punt d’Al-Rashedi contient 55 « sous-types d’écriture », explique-t-il. Elle possède une légèreté et une élégance propres, avec des lignes fluides et soigneusement chorégraphiées en écriture arabe fine.

En fin de compte, Al-Rashedi estime que la calligraphie arabe est une question de liens.  

« Si nous regardons l’écriture latine ou chinoise, sur des lettres comme ‘n’, ‘e’ ou ‘r’, elles se composent de parties distinctes. Mais avec la calligraphie arabe, vous pouvez connecter six ou sept lettres d’un seul trait », dit-il. « Sans aucun doute, l’écriture arabe — en tant que forme d’art — est supérieure à d’autres types d’écriture. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Inauguration d'une exposition Christian Dior à Riyad

Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du couturier Christian Dior est désormais ouverte au  Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année. (Photo fournie)
Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du couturier Christian Dior est désormais ouverte au  Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année. (Photo fournie)
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  • «Christian Dior: couturier du rêve» est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite
  • L'événement, qui se tient jusqu'au 2 avril, explore l'héritage de Dior et de ses successeurs à travers un récit inédit

RIYAD: Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du créateur de mode Christian Dior est désormais ouverte au Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année.

«Christian Dior: couturier du rêve», une exposition couvrant plus de 75 ans de créativité et de design, ainsi que les œuvres qu'il a inspirées, est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite.

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«Christian Dior: couturier du rêve» est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite. (Photo fournie)

L'événement, qui se tient jusqu'au 2 avril, explore l'héritage de Dior et de ses successeurs à travers un récit inédit spécialement conçu pour l'exposition par l'historienne de l'art Florence Muller et la scénographe Nathalie Crinière.

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L'exposition couvre plus de 75 ans de créativité et de design et le travail que Dior a inspiré. (Photo fournie)

Parmi les points forts de l'exposition figurent des hommages à certains des grands classiques de Dior, tels que Miss Dior et J'adore, ainsi qu'un hommage au sac Lady Dior, sous la forme du projet Dior Lady Art.

Faisal Bafarat, directeur général de l'Autorité générale pour le divertissement, a officiellement inauguré l'exposition mercredi. Les billets sont disponibles sur la plateforme WeBook.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La diva libanaise Fairouz souffle ses 90 bougies

La diva libanaise Fairuz se produit lors d'un rare concert à Beyrouth le 7 octobre 2010. (AFP)
La diva libanaise Fairuz se produit lors d'un rare concert à Beyrouth le 7 octobre 2010. (AFP)
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  • Dernière légende vivante de la chanson arabe, Fairouz a soufflé jeudi ses 90 bougies alors que son pays, le Liban qu'elle a tant célébré, est plongé dans une guerre meurtrière entre le Hezbollah et Israël
  • Les internautes ont enflammé la Toile en diffusant les chansons de la diva, rare symbole d'unité nationale dans le pays divisé, alors que les médias de tous bords lui rendaient hommage

BEYROUTH: Dernière légende vivante de la chanson arabe, Fairouz a soufflé jeudi ses 90 bougies alors que son pays, le Liban qu'elle a tant célébré, est plongé dans une guerre meurtrière entre le Hezbollah et Israël.

Les internautes ont enflammé la Toile en diffusant les chansons de la diva, rare symbole d'unité nationale dans le pays divisé, alors que les médias de tous bords lui rendaient hommage.

En 2020, le président français Emmanuel Macron, en visite à Beyrouth, s'était rendu au domicile de Fairouz et l'avait décorée de la Légion d'honneur.

"A celle qui incarne l'âme de cette région avec dignité, un bel anniversaire", a-t-il écrit jeudi sur son compte Instagram.

"La voix de Fairouz est mon pays", a pour sa part écrit sur Facebook le célèbre compositeur libanais Marcel Khalifé.

Après s'être produite pendant plus d'un demi-siècle de Beyrouth à Las Vegas, en passant par Paris et Londres, la star n'apparait plus en public depuis plus d'une décennie.

"Quand vous regardez le Liban aujourd'hui, vous voyez qu'il ne ressemble aucunement au Liban que je chante", regrettait la diva dans une interview au New York Times en 1999, en allusion aux décennies de guerres et de destructions.

Au plus fort de la guerre civile, elle avait chanté "Je t'aime, Ö Liban, mon pays" ("Bhebbak ya Lebnane"), une chanson devenue iconique.

Fairouz a exalté son Liban natal mais également l'amour, la liberté et la Palestine.

Elle a donné vie aux paroles de grands poètes arabes --les Libanais Gibrane Khalil Gibrane, Saïd Akl ou l'Egyptien Ahmed Chawki--, tandis que ses chants patriotiques se sont incrustés dans la mémoire des Libanais et du reste du monde arabe.

Nouhad Haddad de son vrai nom, elle est née en 1934 dans une modeste famille chrétienne qui habitait le quartier de Zokak el-Blatt, visé lundi par une frappe israélienne.

Engagée à la radio, le compositeur Halim al-Roumi, impressionné, lui donne son surnom.

Dans les années 1950, elle épouse le compositeur Assi Rahbani qui, avec son frère Mansour, révolutionne la chanson et la musique arabe traditionnelles en mêlant morceaux classiques occidentaux, russes et latino-américains à des rythmes orientaux, sur une orchestration moderne.

C'est après ses premiers concerts au Festival international de Baalbeck, au milieu des ruines de ce site libanais antique près duquel s'abattent actuellement les bombes israéliennes, que la carrière de Fairouz s'envole.

Adulée par les aînés, elle devient l'icône des jeunes lorsque son fils Ziad, enfant terrible de la musique libanaise, lui composera des chansons influencées par des rythmes de jazz.