La «normalisation» du RN à l'épreuve des investitures

Marine Le Pen a œuvré à «dédiaboliser» le parti des accusations de racisme et d'antisémitisme, jusqu'à exclure en 2015 son propre père et ancien président du mouvement Jean-Marie Le Pen, pour ses propos polémiques sur la Shoah. (Photo, AFP)
Marine Le Pen a œuvré à «dédiaboliser» le parti des accusations de racisme et d'antisémitisme, jusqu'à exclure en 2015 son propre père et ancien président du mouvement Jean-Marie Le Pen, pour ses propos polémiques sur la Shoah. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 16 juin 2021

La «normalisation» du RN à l'épreuve des investitures

  • La présence de candidats «border line» n'a pas non plus soulevé «un tonnerre de protestations», ce qui montre, selon M. Camus «la réussite de la politique de “dédiabolisation” de Marine Le Pen»
  • «Je n'ai pas peur des étrangers», assure la candidate à l'Elysée, qui veut «rassurer» les Français sur sa capacité à gouverner et à mettre en oeuvre sa politique hostile à l'immigration

PARIS: Le RN a dû retirer l'investiture, après le dépôt des listes, à plusieurs candidats aux élections régionales ou départementales qui avaient tenu des propos racistes ou antisémites, ou qui avaient été condamnés pénalement, mettant à l'épreuve la stratégie de «normalisation» du parti.

Marine Le Pen a œuvré, dès son arrivée à la tête du Front national (devenu Rassemblement national) à «dédiaboliser» le parti des accusations de racisme et d'antisémitisme, jusqu'à exclure en 2015 son propre père et ancien président du mouvement Jean-Marie Le Pen, pour ses propos polémiques sur la Shoah.

«Je n'ai pas peur des étrangers», assure la candidate à l'Elysée, qui veut «rassurer» les Français sur sa capacité à gouverner et à mettre en oeuvre sa politique hostile à l'immigration.

«Nos propositions sont raisonnables. La déraison ce sont nos adversaires qui la portent», dit Marine Le Pen, qui ne veut pas être assimilée aux propos «très radicaux» de l'éditorialiste et potentiel candidat en 2022 Eric Zemmour.

Pourtant le parti a dû retirer l'investiture à plusieurs candidats pour des propos racistes, antisémites, antimusulmans, ou des condamnations pour violences conjugales ou agressions sexuelles sur mineur.

Une candidate RN en Auvergne-Rhône-Alpes, Juliette Planche, a été suspendue du mouvement pour avoir relayé sur son compte Twitter --ouvert en janvier et fermé le 31 mai selon Mediapart--, des propos antisémites et complotistes du militant de l'ultradroite Yvan Benedetti.

Dans un email à Marine Le Pen daté du 5 mai, soit avant la date limite du 17 mai pour le dépôt des listes, un ancien conseiller économique de Marine Le Pen, Jean-Richard Sulzer, de confession juive, avait mis en garde la cheffe du RN contre la présence de candidats au passé «sulfureux», lui reprochant de «ne pas faire suffisamment attention» aux candidatures.

«Déficit de cadres»

Le RN est un «parti qui a encore un déficit de cadres» alors qu'il faut trouver plus de 8 200 candidats pour les départementales, et plus de 1 700 pour les régionales, explique le politologue Jean-Yves Camus, auteur avec Frédéric Potier d'une note pour la Fondation Jean-Jaurès, classée à gauche, sur les candidats RN, parue mercredi.

«Le nom et la personnalité importent peu, il s’agit de couvrir les cantons» en misant sur «le sigle du parti ou le nom de Marine Le Pen» qui apparaît même sur certaines affiches sans la photo du candidat.

En Creuse, où le parti est sur le point d'exclure Thierry Morin, condamné pour violences conjugales, le délégué départemental RN Damien Demarigny a expliqué avoir accordé l'investiture sur le «déclaratif», après avoir rencontré le candidat pendant quatre heures.

«Des brebis galeuses il y en a partout» s'est défendue le 6 juin Marine Le Pen qui assure que le parti est »très dur dans les investitures».

«Nous demandons le casier judiciaire de l'ensemble des candidats, nous vérifions, nous faisons une sorte d’enquête auprès des délégués départementaux», et «en règle générale» ceux qui dérapent «sont systématiquement exclus», a-t-elle détaillé.

MM. Camus et Potier ont aussi relevé qu'en Paca, la liste du RN comprenait en 32e position Bernard Marandat, déjà candidat aux municipales et qui avait fait polémique en saluant le décès d'un ancien dirigeant de l'Action française par ces mots «le fascisme c'est la fête».

Alors que le RN met en avant à ces élections des candidats «d'ouverture» moins radicaux, MM. Camus et Potier notent que le parti continue d'inclure sur ses listes des personnalités qui étaient aux responsabilités sous la présidence de Jean-Marie Le Pen, voire hostiles à sa fille, comme dans l'Indre, l'ancien dirigeant du quotidien catholique traditionaliste Présent, Francis Bergeron.

Au risque de contredire son discours de «normalisation», Marine Le Pen «a réussi à agréger des gens qui appartiennent à tous les courants» du parti, qui reste une formation «composite» comme à ses débuts, note M. Camus. «Et à partir du moment où vous avez des espoirs de gagner, tout le monde monte dans le wagon».

La présence de candidats «border line» n'a pas non plus soulevé «un tonnerre de protestations», ce qui montre, selon M. Camus «la réussite de la politique de “dédiabolisation” de Marine Le Pen».


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.