LONDRES : La police londonienne a été durement épinglée mardi par un rapport indépendant qui l'accuse de « corruption institutionnelle » dans son traitement du meurtre d'un détective privé à Londres il y a plus de trente ans, resté non élucidé.
Le premier objectif de la police métropolitaine était de « se protéger », en dissimulant ses manquements, et « ce faisant, elle a aggravé la souffrance et le traumatisme de la famille » de la victime, Daniel Morgan, a déclaré la présidente de cette enquête indépendante, Nuala O'Loan.
Elle a noté que « dès le moment de son assassinat, il y a eu de graves défaillances de l'enquête, tant sur la scène du crime qui n'a jamais été fouillée, que pendant l'enquête. »
Le rapport, demandé il y a huit ans par le gouvernement de l'époque, estime que la police métropolitaine doit des excuses à la famille de Daniel Morgan et à la population.
« Dissimuler ou nier des manquements au nom de son image publique est une malhonnêteté de la part de l'organisation pour protéger sa réputation et constitue une forme de corruption institutionnelle », fustige le rapport.
Dans un communiqué, la « Met police » a exprimé ses « profonds regrets pour avoir échoué à traduire en justice les meurtriers de Daniel Morgan » et « reconnait que la corruption a été un facteur majeur dans l'échec de l'enquête de 1987 ». Sa cheffe Cressida Dick a quant à elle estimé « très regrettable que personne n'ait été traduit en justice et que nos erreurs aient aggravé la douleur de la famille de Daniel », dans un communiqué.
Daniel Morgan, un détective privé de 38 ans, a été tué à coups de hache sur le parking d'un pub, à Sydenham, dans le sud-est de Londres, le 10 mars 1987. Malgré cinq enquêtes policières et une enquête judiciaire, personne n'a été traduit en justice pour la mort de ce père de deux enfants.
En 2013, Theresa May, alors ministre de l'Intérieur, avait annoncé la mise en place d'une enquête indépendante pour examiner le traitement de l'affaire par la police.
Son rapport, publié mardi, est « profondément alarmant » a déclaré la ministre de l'Intérieur Priti Patel devant les députés. Elle a souligné qu'il avait mis en évidence « des exemples de comportement corrompu » et établi que « la police métropolitaine a commis une litanie d'erreurs qui ont irrémédiablement nui aux chances de succès des poursuites judiciaires pour le meurtre de Daniel Morgan. »
La ministre a dit avoir écrit à la cheffe de la police métropolitaine, Cressida Dick, pour lui demander de lui « fournir une réponse détaillée aux recommandations » du rapport.
Dans une déclaration communiquée par son avocat, Raju Bhatt, la famille de Daniel Morgan s'est félicitée de la reconnaissance d' « une culture de corruption et de dissimulation dans la police métropolitaine, une corruption institutionnalisée » qui perdure « jusqu'à ce jour », selon elle. Le frère de Daniel Morgan, Alastair, a quant à lui estimé que Cressida Dick devait démissionner.