PARIS: Pourra-t-on bientôt tomber le masque à l'extérieur ? Le gouvernement plaide pour la prudence, mais à mesure que l'épidémie reflue et que la vaccination progresse, ce symbole le plus visible des gestes barrière paraît difficile à maintenir.
Dans les rues et les parcs, il est de plus en plus souvent sous le menton, voire dans la poche, et avec la montée des températures, de nombreux Français ont hâte de s'en passer.
« Quand il fait très chaud, pour respirer, c'est fatigant », justifie Assa, masque autour du cou, assise dans un square à Montreuil (Seine-Saint-Denis), où elle n'a pas le sentiment de « courir un risque ».
A l'extérieur « ça ne sert à rien et c'est très difficile de ne pas voir les visages des gens. C'est triste, ça fait épidémie, et en plus on transpire », argumente aussi Laurence, éditrice de 53 ans.
En revanche pour Caroline, directrice d'une boutique, le masque dehors n'est pas pesant et elle le porte « parce que c'est la loi ». Mais elle le laissera sans regret « si la situation s'améliore et que l'Etat estime qu'on peut s'en passer ».
L'échéance du 30 juin, qui doit marquer la fin du couvre-feu et des jauges dans les bars et restaurants, apparaît comme une bonne occasion pour lâcher du lest sur cette obligation.
« Il sera très difficile de garder le masque après le 30 juin », a récemment estimé sur RTL Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, tout en plaidant pour son maintien jusqu'à cette date, « en particulier dans les très grandes villes ».
« Aucune décision n'a encore été prise », a tempéré lundi le ministère de la Santé, après des propos de son numéro 2, Jérôme Salomon, interprétés comme une annonce de la fin des masques à cette date.
« Dans les prochaines semaines, le port du masque reste la règle telle qu'elle a été fixée, il n'y a pas lieu d'en changer », a insisté mardi Olivier Véran, appelant à la »vigilance collective » face au variant Delta, identifié pour la première fois en Inde.
« Ensuite, nous verrons au cours de l'été, en fonction de la situation épidémique, pour lever le plus de contraintes possibles pour les Français », a ajouté le ministre.
Mais des exceptions ont déjà été décidées ces dernières semaines dans de nombreux départements, en particulier dans les zones rurales ou sur les plages.
A l'étranger, les Israéliens peuvent tomber le masque dans la rue depuis mi-avril, et mi-mai, les autorités sanitaires des Etats-Unis ont largement levé la recommandation de son port pour les personnes vaccinées.
En Europe, le Danemark a supprimé cette obligation lundi, sauf dans les transports en commun, et le ministre allemand de la Santé a estimé qu'« un premier pas » à de nouveaux allégements « pourrait être la levée du port du masque à l'extérieur ».
« Pas de raison scientifique »
Le masque à l'extérieur s'était progressivement imposé en France l'été dernier, d'abord dans certaines situations (marchés, zones touristiques ou rues très fréquentées...)
Au vu de la complexité croissante des règles (obligation dans certaines rues mais pas dans d'autres), de nombreuses collectivités ont fait le choix de généraliser ce rectangle de tissu ou de polypropylène, pour plus de clarté.
« L'avantage, c'est que cela oblige à avoir un masque avec soi également ensuite quand on va à l'intérieur », a expliqué l'épidémiologiste Pascal Crépey.
A l'époque, une incertitude subsistait sur les modes de transmission du virus Sars-CoV-2, et sur la part des contaminations pouvant survenir à l'air libre.
« On sait aujourd'hui que la plupart des transmissions, si ce n'est la totalité d'entre elles, se passent par des aérosols, dans des milieux clos, mal ventilés », a souligné lundi sur LCI l'épidémiologiste Antoine Flahault.
« A l'extérieur, en réalité, scientifiquement, il n'y a pas de raison » justifiant le port du masque, a conclu le directeur de l'Institut de santé globale à l'université de Genève.
« On sait que ce n'est pas à l'extérieur qu'on se contamine. Je ne m'attends pas à ce que le retrait de l'obligation soit néfaste » pour la situation sanitaire, renchérit Pascal Crépey.
A condition « de maintenir une distance physique de deux mètres », a nuancé lundi sur RTL Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique. Car si « les aérosols, particules beaucoup plus fines, sont très vite dispersés par le vent », le masque à l'extérieur permet aussi « de vous protéger des postillons de vos voisins », observe l'épidémiologiste.