BRUXELLES: Les députés belges ont voté mardi une résolution avertissant d'un "risque sérieux de génocide" contre la minorité musulmane des Ouïghours en Chine, au moment où les violations des droits humains par Pékin dans la région du Xinjiang sont de plus en plus dénoncées dans le monde occidental.
Le vote intervenu en commission des Relations extérieures doit être confirmé en séance plénière à la Chambre des représentants le 1er juillet, a précisé le député écologiste Samuel Cogolati, à l'origine de la résolution.
Cet élu, qui figure parmi les Européens visés depuis fin mars par des sanctions de la Chine, comptait initialement faire reconnaître par le Parlement belge le "crime de génocide" dont Pékin se rend coupable à ses yeux.
Mais un débat au sein de la coalition majoritaire en Belgique (associant principalement écologistes, libéraux et socialistes) a abouti la semaine dernière à une version édulcorée de la proposition de résolution.
Samuel Cogolati a toutefois salué mardi "un vote historique, encore inimaginable il y a quelques mois".
Après ceux du Canada, des Pays-Bas, du Royaume-Uni, de la Lituanie et de la République tchèque, le Parlement belge devient "la 6e assemblée démocratique au monde" à dénoncer les "crimes contre l'humanité" en cours contre les Ouïghours, selon les initiateurs du texte.
La résolution a été votée à la quasi-unanimité en commission "moins deux abstentions du PTB" (Parti du travail de Belgique, communiste), a souligné M. Cogolati.
"Aujourd’hui, une large majorité démocratique envoie un signal très fort à Pékin pour faire cesser les atrocités contre les Ouïghours", a commenté dans un communiqué le parti Ecolo.
"Pour la première fois, nous tirons les leçons du Rwanda et de Srebenica, nous n'attendons pas et nous agissons avant qu'il ne soit trop tard, en prenant toutes les mesures contre un risque sérieux de génocide en cours", a-t-il ajouté.
Dimanche les dirigeants des grandes puissances du G7 ont appelé la Chine à "respecter les droits humains et libertés fondamentales" de la minorité ouïghoure dans la région du Xinjiang ainsi que les droits et libertés à Hong Kong, tout en disant vouloir coopérer avec Pékin quand "c'est dans un intérêt mutuel".
L'ONG Amnesty International qualifie elle de "crimes contre l'humanité" ce que la Chine inflige aux Ouïghours, Kazakhs et à ses autres minorités musulmanes: emprisonnement, torture, persécutions.
Dans un rapport publié ce mois-ci, Amnesty détaille les incarcérations de masse depuis 2017, qui se chiffreraient en centaines de milliers, auxquelles s'ajoutent les internements dans des camps, qui atteindraient le million.
Outre le gel de l'accord sur les investissements UE-Chine (dont le processus de ratification est déjà gelé par le Parlement européen), la résolution belge prône aussi la fin de la convention d'extradition entre la Chine et la Belgique si ces violations perdurent.