Le général Lecointre, chef d'état-major des armées françaises, tire sa révérence

Issu de l'infanterie de marine, il a servi en Irak lors de la première guerre du Golfe (1991), à Djibouti (1991-93), en Somalie (1992) ainsi qu'au Rwanda, en plein génocide, dans le cadre de l'opération Turquoise (1994) puis durant la guerre de Yougoslavie (1995). (Photo, AFP)
Issu de l'infanterie de marine, il a servi en Irak lors de la première guerre du Golfe (1991), à Djibouti (1991-93), en Somalie (1992) ainsi qu'au Rwanda, en plein génocide, dans le cadre de l'opération Turquoise (1994) puis durant la guerre de Yougoslavie (1995). (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 14 juin 2021

Le général Lecointre, chef d'état-major des armées françaises, tire sa révérence

  • Le militaire explique son départ par le devoir de «préserver les armées d'un risque de soupçon sur leur absolue neutralité politique», à l’approche de la présidentielle de 2022
  • L'Élysée a annoncé son départ et la nomination du général Thierry Burkhard, actuel chef d’état-major de l’armée de Terre

PARIS : L'armée française change de chef : le général François Lecointre, chef d'état-major des armées depuis 2017, quittera ses fonctions après le 14 juillet, un départ revendiqué comme sa décision, notamment pour dissocier la fonction du calendrier politique de la prochaine présidentielle. 

L'Élysée a annoncé son départ et la nomination du général Thierry Burkhard, actuel chef d’état-major de l’armée de Terre, avant que le général Lecointre ne le confirme lors de l'émission du Grand Jury (RTL/LeFigaro/LCI). 

"Le général François Lecointre a soumis il y a plusieurs mois au président de la République sa demande de quitter le service actif après le 14 juillet 2021. Le président de la République tient à saluer en lui le grand soldat, le chef militaire et le serviteur de l’État", a indiqué la présidence.

"Il n'est pas bon qu'un chef d'état-major des armées puisse être exactement aligné sur un mandat présidentiel", a estimé pour sa part François Lecointre. "Il faut à tout prix préserver les armées d'un risque de soupçon sur leur absolue neutralité politique".   

Des propos qui interviennent alors que deux tribunes de militaires ont provoqué il y a quelques semaines une petite tempête politique, n'épargnant aucun parti et poussant la ministre des Armées Florence Parly à intervenir pour rappeler, elle aussi, l'exigence de neutralité du soldat. Dans la seconde tribune, des cadres supérieurs anonymes dénonçaient ce qu'ils perçoivent comme "la guerre civile (qui) couve" dans le pays.

Le général Lecointre avait succédé en juillet 2017 à Pierre de Villiers, qui avait démissionné avec fracas sur fond de coupes budgétaires abruptes et de réformes au pas de charge. Il n'a laissé transparaître aucune tension avec le président Macron: "nous avons une même compréhension de ce que doit être le rôle des armées", a-t-il assuré.

Florence Parly a salué dans un communiqué son "dynamisme et sa détermination".

Bouleversement stratégique

Sa haute fonction, qu'il décrit comme un "poste charnière entre le politique et le militaire" est "difficile, éprouvante: elle vous force à une grande honnêteté vis-à-vis des politiques sur les conséquences des décisions, qu'il faut ensuite mettre en œuvre en y adhérant pleinement", confiait-il ces derniers jours.

Rwanda, ex-Yougoslavie, Matignon: il affiche un parcours mêlant brillants états de service sur le terrain et solide expérience des coulisses feutrées du pouvoir. Âgé de 59 ans, ce Saint-Cyrien poivre et sel au profil athlétique a été notamment chef du cabinet militaire du Premier ministre, où il avait servi les socialistes Manuel Valls et Bernard Cazeneuve, puis Édouard Philippe.

Issu de l'infanterie de marine, il a servi en Irak lors de la première guerre du Golfe (1991), à Djibouti (1991-93), en Somalie (1992) ainsi qu'au Rwanda, en plein génocide, dans le cadre de l'opération Turquoise (1994) puis durant la guerre de Yougoslavie (1995).

Jeune capitaine du 3e RIMa, il s'illustre à Sarajevo lors de la reprise par l'armée française du pont de Vrbanja tenu par les troupes serbes. Un fait d'armes qui l'élève au rang de "héros reconnu comme tel dans l'armée", selon le président Emmanuel Macron.

À la tête des armées françaises, il a connu une Loi de programmation militaire (LPM) qui a redonné du souffle à la troupe après des années de restrictions budgétaires très dures. Il part aussi alors que le chef de l'État vient d'annoncer, après plus de huit ans d'engagement massif, une réduction de la présence militaire française au Sahel, marquée par la fermeture de bases et une réarticulation de la lutte antijihadiste autour d'une "alliance internationale" associant des Européens.

Son successeur Thierry Burkhard devra aussi orchestrer un bouleversement stratégique majeur. "Ça fait plus de dix ans que l'armée s'est concentrée sur la menace du moment qu'était le terrorisme militarisé", expliquait-il en novembre. "L'armée de Terre doit changer d'échelle et se préparer à des conflits plus durs, de haute intensité". 

Un virage qui impose notamment un rajeunissement du parc de blindés et de l'artillerie, mais aussi notamment de l'aviation, des défenses sol-air, de la guerre informationnelle et des drones.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.