G7: urgence climatique au sommet faisant la part belle au multilatéralisme

Le président des Etats-Unis Joe Biden arrive à la séance plénière du G7, le 13 juin à Carbis Bay (Photo, AFP).
Le président des Etats-Unis Joe Biden arrive à la séance plénière du G7, le 13 juin à Carbis Bay (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 13 juin 2021

G7: urgence climatique au sommet faisant la part belle au multilatéralisme

  • L'enjeu est de taille pour le Royaume-Uni, qui souhaite jeter les bases d'un consensus quelques mois avant la grande conférence de l'ONU sur le climat (COP26)
  • Le but est de limiter l'augmentation des températures en dessous de 1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle

CARBIS BAY: Face à l'urgence climatique, les dirigeants des grandes puissances du G7 déclinent leur plan d'action dimanche, dernier jour de leur sommet en Angleterre ayant marqué une nouvelle dynamique en faveur du multilatéralisme occidental, Etats-Unis en tête.

Au lendemain de l'annonce d'initiatives communes pour répondre aux grands défis mondiaux, comme la riposte à l'influence internationale croissante de la Chine et la prévention des pandémies, les pays industrialisés s'attellent à l'urgence climatique lors de leur rencontre à Carbis Bay (sud-ouest de l'Angleterre), la première en presque deux ans. 

Le temps presse, a prévenu le naturaliste star britannique David Attenborough, 95 ans. « Les décisions que nous prenons durant cette décennie - en particulier les décisions des nations les plus avancées économiquement - sont parmi les plus importantes de l'histoire humaine ». 

L'enjeu est de taille pour le Royaume-Uni, qui souhaite jeter les bases d'un consensus quelques mois avant la grande conférence de l'ONU sur le climat (COP26) qu'il accueillera en novembre à Glasgow. 

Le but est de limiter l'augmentation des températures en dessous de 1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle, seuil au-delà duquel les scientifiques estiment que le changement climatique deviendra incontrôlable.

Pour y parvenir, les dirigeants du G7 vont se prononcer pour une réduction d'environ de moitié de leurs émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030, un objectif que certains pays entendent dépasser. 

Le charbon est dans leur viseur, surtout les centrales alimentées par cette énergie fossile, la plus polluante - sauf si des mesures de compensation environnementale sont en place, comme le captage de CO2. Les aides publiques seront arrêtées dès cette année.

Dans ce cadre, les dirigeants prévoient de signer un chèque allant jusqu'à 2 milliards de dollars pour accompagner la transition verte dans des pays défavorisés. 

« Il y a une relation directe entre la réduction des émissions, la restauration de la nature, la création d'emplois et le garantie d'une croissance économique à long terme », a déclaré le Premier ministre britannique Boris Johnson. 

« Nouvel élan »

Depuis le début du sommet vendredi, les dirigeants ont voulu offrir l'image d'un front uni sur les grands dossiers. 

Au gré de sessions de travail et des apartés, le président américain Joe Biden s'est efforcé de rallier ses alliés face à Moscou et Pékin, un objectif majeur de sa tournée européenne qui doit marquer le « retour » des Etats-Unis sur la scène internationale après l'ère Trump. 

Son arrivée au pouvoir a apporté « un nouvel élan » aux travaux du G7, s'est félicitée la chancelière allemande sur le départ, Angela Merkel, qui entretenait des relations très difficiles avec son prédécesseur.

Mais ce n'est pas du goût de Pékin, qui a dénoncé des décisions prises par « une petite clique de pays ».  

Cette image de bonne entente a toutefois été écornée par les dissensions, exposées au grand jour, entre Européens et Britanniques sur le Brexit et le dossier épineux de l'Irlande du Nord.

Les dirigeants de la France, de l'Italie, du Royaume-Uni, du Canada, des Etats-Unis, de l'Allemagne et du Japon vont aussi se pencher sur le volet climatique du vaste plan mondial d'infrastructures présenté samedi pour les pays défavorisés en Afrique, Asie ou Amérique latine, pour encourager la croissance verte et tenter de contrer Pékin sur son propre terrain. 

Le G7 va également s'engager à accroître ses contributions en vue de l'objectif des pays développés de financer à hauteur de 100 milliards de dollars par an d'ici 2025 les politiques climatiques des pays pauvres. 

Pour les militants écologistes, ces annonces sont trop molles ou trop floues : ils veulent plus d'actes et moins de mots. Greenpeace dénonce de « vieilles promesses » réchauffées et Extinction Rebellion a qualifié le sommet de « flop ». 

Sur le front de la pandémie, après la promesse de partager un milliard de doses de vaccins anti-Covid aux pays pauvres, à la traîne dans leurs campagnes d'immunisation, le G7 a adopté un plan de bataille afin de prévenir de futures pandémies.

C'est insuffisant, a taclé l'ex-Premier ministre britannique Gordon Brown sur Sky News : « Des millions de gens ne seront pas vaccinés et des millions vont mourir ». 

Après le communiqué final et les traditionnelles conférences de presse, Joe Biden prendra le thé avec la reine Elizabeth II au château de Windsor, avant le sommet de l'Otan à Bruxelles puis une rencontre très scrutée avec le président russe Vladimir Poutine mercredi à Genève.


Droits de douane: des démocrates soupçonnent Trump de possible délit d'initié

Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%. (AFP)
Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%. (AFP)
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  • Après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, le président américain a écrit mercredi sur TruthSocial, quelques minutes après l'ouverture de Wall Street, "C'EST LE MOMENT D'ACHETER"
  • Quelques heures plus tard, il annonçait une suspension pour 90 jours des droits de douane supplémentaires à l'encontre de dizaines de pays, à l'exception de la Chine, provoquant un rebond boursier historique

WASHINGTON: Donald Trump a-t-il commis un délit d'initié ? Plusieurs élus démocrates ont émis des soupçons, estimant que le président américain avait peut-être, en encourageant à acheter des actions juste avant son revirement spectaculaire sur les droits de douane, illégalement manipulé les marchés.

"Les proches de Donald Trump profitent-ils illégalement de ces énormes fluctuations du marché boursier par le biais de délits d'initiés ?", a interrogé le sénateur démocrate de Californie Adam Schiff sur son compte X mercredi.  "Le Congrès doit savoir", a-t-il ajouté, appelant à une enquête parlementaire.

"Le président des États-Unis participe littéralement à la plus grande manipulation de marché au monde", ont affirmé de leur côté les élus démocrates de la commission des services financiers de la Chambre des représentants, également sur X.

Après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, le président américain a écrit mercredi sur TruthSocial, quelques minutes après l'ouverture de Wall Street, "C'EST LE MOMENT D'ACHETER".

Quelques heures plus tard, il annonçait une suspension pour 90 jours des droits de douane supplémentaires à l'encontre de dizaines de pays, à l'exception de la Chine, provoquant un rebond boursier historique.

Après plusieurs jours d'effondrement, l'indice Dow Jones a fini mercredi en hausse de 7,87%, sa plus forte progression depuis 2008, et l'indice Nasdaq de 12,16%, du jamais-vu depuis 2001.

Un spécialiste en éthique a lui aussi estimé qu'il y avait matière à enquête.

"Les présidents ne sont pas des conseillers en investissement", a écrit sur X Richard Painter, professeur en droit et ancien avocat chargé de l'éthique à la Maison Blanche sous George W. Bush. "Ce scénario pourrait exposer le président à des accusations de manipulation du marché", a-t-il déclaré sur la chaîne NBC.

La Maison Blanche a assuré que Donald Trump ne voulait que "rassurer".

"Il est de la responsabilité du président des États-Unis de rassurer les marchés et les Américains sur leur sécurité économique face à l'alarmisme permanent des médias", a déclaré au Washington Post Kush Desai, porte-parole de la Maison Blanche.

Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%.

 


Trump annonce des discussions «directes» avec l'Iran sur le nucléaire

Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
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  • "Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain
  • Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau"

WASHINGTON: Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir.

"Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain.

Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau".

Il s'agit d'une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, alors que l'Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.

Téhéran a confirmé sa position après cette annonce.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doit avoir samedi à Oman des "entretiens indirects" avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé mardi l'agence iranienne Tasnim.

"Il s'agit autant d'une opportunité que d'un test. La balle est dans le camp de l'Amérique", avait écrit plus tôt M. Araghchi sur le résau social X, en annonçant la tenue de discussions "de haut niveau indirectes".

Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.

Mais ils échangent indirectement par le biais de l'ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d'Oman a plusieurs fois joué un rôle de médiateur, et le Qatar dans une moindre mesure.

"Grand danger" 

"Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord", a dit lundi le président américain, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis d'un accord international avec l'Iran lors de son premier mandat, en 2018.

Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

Donald Trump a dit lundi que si un nouvel accord était trouvé, il serait "différent et peut-être beaucoup plus robuste". Mais il a ajouté que l'Iran serait "en grand danger" si les discussions n'aboutissaient pas.

En attendant, l'Iran doit mener mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.

Benjamin Netanyahu, tenant d'une ligne dure face à Téhéran, a appelé à ce que l'Iran ne produise "jamais" d'arme nucléaire. Il a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement "complet", évoquant l'exemple de la Libye.

Concernant les droits de douane, autre enjeu de sa visite, le Premier ministre israélien a promis d'"éliminer le déficit commercial des Etats-Unis" vis-à-vis d'Israël.

Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l'annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un coup de tabac sur les places financières mondiales.

"Un autre cessez-le-feu" 

Le dirigeant israélien est reparti sans promesse d'exemption ou de réduction des droits de douane de 17%, qui seront imposés sur les importations en provenance de son pays à compter de mercredi.

Un journaliste a demandé à Donald Trump s'il comptait revenir sur cette taxe, et il a répondu: "Peut-être pas. N'oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël".

Israël avait tenté en vain d'échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1% de marchandises américaines encore concernées.

Benjamin Netanyahu a par ailleurs déclaré que Israël oeuvrait à un nouvel "accord" sur la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

"Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera", a renchéri Donald Trump.

Après deux mois d'une trêve fragile, l'armée israélienne a repris le 18 mars son offensive militaire dans la bande de Gaza, d'où le mouvement palestinien avait lancé une attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël.

La récente trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit sont décédés, en échange de la libération de quelque 1.800 Palestiniens détenus par Israël.

Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas, 58 sont toujours retenus dans le territoire palestinien, dont 34 sont morts selon l'armée israélienne.


L'Iran refuse de négocier directement avec les États-Unis

Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
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  • Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire
  • « Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.

TEHERAN : L'Iran a rejeté dimanche tout dialogue direct avec les États-Unis, estimant que cela « n'aurait aucun sens », alors que le président américain Donald Trump suggère des pourparlers directs et menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire depuis des décennies. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont qu'une finalité civile, notamment en matière d'énergie.

Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie et a pris des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur pétrolier iranien. 

« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère.

« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté M. Araghchi. 

Jeudi, le président américain a affirmé qu'il préférait mener des « négociations directes » avec l'Iran.

« À quoi bon menacer si l'on veut négocier ? », s'est interrogé samedi le président iranien, Massoud Pezeshkian, élu l'an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l'Occident afin d'obtenir un allègement des sanctions pour relancer l'économie.

En 2015, l'Iran a conclu un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires.

Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d'une limitation des activités nucléaires iraniennes. 

En 2018, Donald Trump a retiré son pays de l'accord avec fracas durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En guise de représailles, l'Iran s'est désengagé du texte et a accéléré son programme nucléaire.

L'Iran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, mais « n'aura d'autre choix que de le faire » en cas d'attaque contre le pays, a mis en garde lundi Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.