TÉHÉRAN : L'ancien président du Parlement Ali Larijani a réclamé samedi des explications publiques concernant l'invalidation de sa candidature à l'élection présidentielle iranienne le 18 juin, mais a essuyé un refus du conseil contrôlant le scrutin.
La candidature à la présidentielle de ce conservateur modéré a été invalidée par le Conseil des Gardiens de la Constitution, organe non élu chargé de la validation des candidatures, laissant la voix libre au chef de l'Autorité judiciaire et ultraconservateur, Ebrahim Raïssi, favori de l'élection.
Dans un communiqué sur Twitter, M. Larijani a exhorté le Conseil des Gardiens à "révéler officiellement et publiquement toutes les raisons" de son invalidation, les informations le concernant lui et sa famille s'étant révélées "fausses".
En réponse, le porte-parole du Conseil a déclaré que la loi n'obligeait pas ce dernier à justifier publiquement son raisonnement.
Le processus de validation repose sur des "documents adéquats et fiables", a affirmé Abbas Ali Kadkhodaee dans un tweet rapporté par des agences locales.
"La loi sur l'élection présidentielle n'a rien précisé concernant les remises en cause de disqualifications et la divulgation publique de leurs motifs", a-t-il ajouté.
Le Conseil, composé de six mollahs et de six civils juristes, a approuvé sept candidatures, dont cinq d'ultraconservateurs, sur 600 dossiers déposés.
En plus de M. Larijani, conseiller du guide suprême Ali Khamenei, le Conseil a également invalidé les candidatures de l'actuel vice-président Eshaq Jahanguiri (réformateur) et de l'ancien président Mahmoud Ahmadinejad (populiste).
Le Conseil a fait l'objet de nombreuses critiques, y compris d'un de ses membres.
L'ayatollah Sadeq Amoli Larijani, ancien chef du pouvoir judiciaire et frère d'Ali Larijani, a dénoncé une décision "indéfendable", affirmant que les "organes de sécurité" avaient influencé le Conseil avec de "fausses informations".
Le président Hassan Rohani, qui ne peut selon la loi prétendre à un troisième mandat consécutif, avait indiqué le mois dernier avoir envoyé une lettre à M. Khamenei lui demandant d'intervenir pour garantir une "compétition" électorale plus large.
Le guide suprême avait lui appelé fin mai les électeurs à ignorer les appels au boycott de l'élection. Plus tard, il a toutefois déclaré que certains candidats, sans préciser lesquels, avaient été traités de manière "injuste" après avoir été faussement accusés.
Le Conseil des Gardiens a rejeté toute influence de fausses accusations sur ses décisions.